Consumidos por el fuego

Point consumée, mais déroutée puis charmée par ce roman de Cabré qui détonne avec ses oeuvres précédentes. Conte ou fable, Consumits pel foc narre les mésaventures d'Ismael, enseignant renvoyé pour avoir évoqué en classe un poème en catalan et qui cherche à retrouver la mémoire, alors que non loin de lui , une famille de sangliers se raconte des histoires de nature et d'humains.
L'incipit donne la parole à Ismael, puis la fable prend son envol, se niche dans les souvenirs brumeux, va d'un délire à des réminiscences de lecture, passe des hommes aux animaux, et des animaux aux hommes,
Le récit marqué par une grande tension narrative, est martelé par de nombreux dialogues, et le dénouement de ce conte pour grandes personnes, laisse le lecteur pantois. Après nous avoir perdu, Cabré nous assène son dénouement sans aucun ménagement. 

Consumidos por el fuego est aussi un hommage à la littérature et aux lecteurs, Ismael cherchant sa baleine blanche, Ismael se souvenant de Zhivago, d'Emma Bovary. « Llamadme Ismael » dira t-il. Appelez-le Ismaël. car rien d'intéressant ne le retenait à terre.

Consumidos por el fuego est publié 10 ans après Confiteor et comporte déjà 9 traductions.

C'est un roman court qui m'a étonné. L'auteur nous raconte une fable; l'histoire d'Ismael qui a vécu une enfance difficile et malgré cela, a pu suivre des études supérieures de langue et de littérature (trait partagé avec Cabré).

Ismael vivra une situation confuse, étrange, après un accident qui le laissera avec une amnésie partielle mais totale pour tout ce qui concerne l'accident déclencheur.
En parallèle nous avons l'histoire d'animaux : un marcassin appelé Jabatin qui a perdu toute sa famille lors de l'accident d'Ismael (mère et fratrie). La participation fréquente de papillons de nuit attirés par la lumière qui provoque leur mort. Quand ces papillons ne meurent pas grillés, ils se font manger par les lézards. Tous ces animaux parlent. L'histoire de Jabatin est belle et triste.

J'ai lu quelque part que vers les années 50 Jaume Cabré était surnommé « le sanglier renfrogné » et c'est un animal qui l'a poursuivi jusqu'à Matadepera en Catalogne où il réside.

Deux points forts marquent ce court roman : un caractère très méta littéraire et une atmosphère particulière faite de beaucoup d'absurde et d'angoisse.
Cette lecture m'a quelque peu décontenancé par rapport aux autres livres de l'auteur, néanmoins on retrouve sa qualité d'écriture.
Un autre livre lu récemment d'une auteure catalane c'est Je chante et la montagne danse d'Irene Solà (2019) où l'on retrouve une autre fable avec des animaux, mais j'ai trouvé moins d'absurde. Une mode catalane ?