« La peinture, c'est pourtant très simple à comprendre ; on la comprend si on la sent : il suffit de regarder pour sentir. Ne saurait-on pas toujours regarder ?
Ouvrez les yeux : regardez les tableaux de Seurat sans tenir compte du sujet - regardez tout simplement, regardez sans penser à autre chose, vous raisonnerez après.
Vous cherchez à savoir pourquoi tous ces petits points ?
Déjà vous discutez avant de sentir – quelle bonne raison vous convaincrait de la vertu de la peinture au point, si vous ne sentez rien ? La lumière n'existe pas pour l'aveugle et je puis douter de tout si je ne sens rien : apprenez à sentir. »
Disait Amédée Ozenfant dans Cahier d'art VII en 1926, certes c'est loin direz-vous ! Et pourtant, à bien y regarder…..
Ce petit livre, petit par le format, nous en donne beaucoup et, à mon avis, est idéal pour découvrir Georges Seurat, le peintre et sa personnalité, mais surtout sa technique clairement expliquée. Nombreuses reproductions de ces peintures et dessins, il en exécuta quelque quatre cents « les plus beaux dessins de peintre qui soient. Grâce à la science parfaite des valeurs, on peut dire que ces « blanc et noir » sont plus lumineux et plus colorés que maintes peintures » en disait Paul Signac.
J'ai beaucoup aimé ce petit bouquin grâce auquel j'ai une meilleure connaissance de ce peintre. J'ai trouvé astucieuse la partie « témoignages et documents » en fin d'ouvrage, des textes qui «nous montrent, à travers des souvenirs de ses amis ou contemporains, un Seurat familier», un Seurat vu par Emile Verhaeren par exemple…. « Je connus le peintre. Il m'apparut timide et silencieux. Il nous fallut casser bien des blocs de glace pour arriver l'un jusqu'à l'autre ».
Cassons la glace.
Pour moi c'est fait, et j'en veux plus. Alors je vais de ce bon pas poursuivre et j'espère enrichir mes découvertes avec l'ouvrage d'André Lhote et celui de Hajo Düchting.
Très Bon découverte Gallimard sur Seurat. Ce livre est bien fait et très intéressant. Il parle avec talent de cet artiste disparu trop tôt à la vision du monde unique. Il couvre tous les aspects de son oeuvre de ses dessins noirs à ses oeuvres pointillistes aériennes.
Le livre est complet et nous apprend beaucoup sur l'homme et sur le peintre.
Il est aussi très agréable à lire. Il n'y a rien d'abscond dedans. la partie témoignage et document est bien faite. le seul défaut serait peut être que l'artiste n'est pas replacé dans le contexte politique et économique de son époque, le livre se concentrant sur le milieu artistique. J'ai aussi beaucoup apprécié le ton enthousiaste de l'auteur.
.Après une visite au Musée d'Orsay le désir d'en savoir plus sur un peintre dont les oeuvres m'avaient intrigué m'a poussé à l'achat de ce livre qui a fort bien rempli son office comme la plupart des ouvrages de cette collection. J'en sais donc plus sur l'obsession scientifique du peintre et sur son contexte artistique et historique.
En dehors d’un cercle restreint, le sort s’acharna longtemps contre lui en France, où aucun collectionneur à part ses anciens amis, ne s’intéressa à son œuvre, et où l’Etat négligea ou refusa d’acquérir ses tableaux.
Une Baignade, Asnières entre à la Tate Gallery en 1924. La Grande Jatte est à Chicago depuis la même année, Poseuses en Pennsylvanie depuis 1926, Parade à New York depuis 1930, Chahut en Hollande depuis 1922 (il a été vainement offert au Louvre en 1924)… Seul Le Cirque est revenu en France, légué par John Quinn – un américain.
Seurat est si célèbre aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne qu’il sert de thème à des dessins humoristiques, et a pu faire l’objet d’une comédie musicale. Ainsi Sunday in the Park with George, créé par Stephen Sondheim à New York puis à Londres, fait vivre et chanter les personnages de « La Grande-Jatte.
Le critique John Russell, auteur d’un excellent livre sur Seurat raconte :
Lorsque j’appris que l’on l’idée la plus ridicule que j’ai jamais entendue ! En dehors de Vermeer, Seurat était peut-être le peintre le moins imaginable sur scène ! …. Et pourtant, de façon surprenante, Sondheim a su trouver un parallèle entre musical et pictural, entre le son et le point.
rien ne prédisposait un petit parisien du boulevard Magenta de devenir l'un des plus saisissant peintres français de marines. est ce le fruit d'émotions enfantines aux "bains de mer"? Son service militaire à Brest? les récits enthousiastes de Signac, habitué de Port en Bessin? est ce un défi au Monet des marines d'Etretat? ou le rythme traditionnel d'un artiste parisien qui peint l'hiver en atelier sa "pièce de salon", mais prend ses quartiers d'été en "villégiature" comme toute la bourgeoisie bohème ou élégante.
Bien avant Delaunay, Chagall et le douanier Rousseau, Seurat fut le premier « portraitiste » de la tour Eiffel pourtant bien mal accueillie alors : « l’odieuse colonne de tôle boulonnée » (Gounod), « un squelette de beffroi » (Verlaine), « une volière horrible, un hideux pylône, un chandelier creux » (Huysmans) !
Thadée Natanson, l’ami de Bonnard et de Lautrec, créditera en 1900 la méthode de Seurat de son renoncement « à tout agrément que fournit le hasard, à tous les bonheurs qu’un frottis, qu’une touche accidentelle rencontre ; elle ne veut devoir rien qu’à l’application rigoureuse des principes, ou sa foi réside. … Tous ceux qui travaillent savent le prix d’un tel sacrifice. Il faut des hommes hors de l’ordinaire pour préférer les idées qu’ils aiment au succès ».
Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?