AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nat_85


Je remercie Alain et Martine Cadéo pour l'envoi de ce nouveau roman.
C'est un roman qui se rapproche du conte philosophique ; le destin croisé de deux belles âmes. Dans » Comme un enfant qui joue tout seul « Alain Cadéo nous conte la nouvelle naissance de son personnage Barnabé Raphaël. Paru aux éditions La Trace en ce printemps 2019, je suis tombée sous le charme de cette écriture poétique, qui fait raisonner les mots au plus profond de soi.
À trente-sept ans, Barnabé Raphaël est fonctionnaire de l'Etat, pour la plus grande fierté de sa famille. Ambitieux depuis son plus jeune âge, il a travaillé d'arrache pied pour en arriver là. Mais un matin, un SDF l'interpelle.
p. 13 : » Et la voix d'un clochard un jour m'a remis à ma place : » Pourquoi es-tu si dur ? » Je me souviens toujours de cette voix. Elle fut le déclencheur de ma dégringolade ou de mon ascension. C'est selon. «
C'est un électrochoc pour ce célibataire, sans attache. Comme si cette interrogation avait l'effet d'une révélation. Tout cette vie faste, lui apparaît soudain superflue.
p. 12 : » Décidément, la vie est un luxe que nous bradons trop souvent comme de sales ados capricieux. «
Alors, Barnabé Raphaël plaque tout, du jour au lendemain. Il quitte son travail, vend son appartement parisien, et prend la route, délesté de tout. Son but : remonter le temps de sa jeunesse, jusqu'à l'Océan.
p. 16 : » Tout est à vivre. Encore. Je suis heureux. J'ai piétiné le temps. J'ai piétiné ma carapace de rhino dur et responsable et je m'en vais, à poil, nouveau-né trentenaire, dans cette gourmandise qu'est la vie. Libre. Tendre. Et j'en frissonne de fragilité. «
C'est un chemin fait de rencontres qui va pousser cet homme à retrouver avec bonheur et précision toutes les petites histoires de sa vie.
p. 23 : » Chaque vit est une légende, un grand récit allégorique truffé de secrets, de rencontres, de mystères, de signes, de mythes, de symboles, qu'on réduit, qu'on étrangle jusqu'à en faire trop souvent un mauvais scénario suant de platitudes. «
Il va notamment rencontrer une amie de sa grand-mère : Mathilde Barigot. À ses côtés, Raphaël reprend vie.
p. 30 : » C'est une vieille dame de quatre-vingt-dix ans qui m'aide à raviver les couleurs du monde. Elle décape sans le savoir, brosse, lustre, taille et remet à nu mon âme de gosse. «
Tel un fil conducteur, Mathilde lui rappelle que la meilleure amie de sa grand-mère était Lucie. Un personnage haut en couleurs !
Dans une alternance de chapitres, le lecteur suit simultanément le périple de Raphaël et l'histoire d'Éléna, petite-fille de Lucie.
p. 56 : » Ce qu'Éléna aime plus que tout dans l'évocation de sa grand-mère Lucie, c'est la capacité de cette femme à refuser des limites. Elle fait partie à ses yeux des rares êtres qui, ayant saboté la norme, nous aident par leur exemple à nous libérer de nos propres craintes. Eux seuls nous permettent d'entrevoir ce qu'il y a de meilleur en ce monde : la liberté plein ciel, aller toute joie dehors au bout de nos possibles. «
Le lien qui unissait leurs aïeules va conduire ces deux êtres à se rencontrer, au bord de cet Océan.
p. 152 : » Bien sûr que l'océan se souvient. Il est la plus grosse mémoire liquide de la Terre. «
J'ai eu la chance de lire ce roman au bord de cet Océan. La puissance de ses vagues face à la poésie des mots. La force et la sensibilité, mêlés dans une lecture qui se doit d'être lente. Chaque phrase raisonne en nous, nous interrogeant bien sûr sur notre propre route, nos propres choix. Aurions-nous, nous aussi, ce courage de tout plaquer pour suivre ce chemin, cette destinée ? Utopiste, certes, mais n'est-il pas de plus beau parcours que celui qui nous fait prendre des risques ?
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          380



Ont apprécié cette critique (30)voir plus




{* *}