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Critique de DavidG75



Alain Cadéo est un maître-penseur, un doux rêveur, un berger bienheureux allongé sous les étoiles, un Cervantès des temps modernes, toujours dans une quête éternelle, à la recherche du cristal de roche originel, du Verbe, du Feu sacré, de l'Absolu et de la Source mère…

Il se questionne, fredonne, bougonne. Ses mots se posent, avec poésie et légèreté, aériens, sur un vélin aux enluminures rehaussées à l'or des fous, au blanc de plomb des alchimistes et aux baies de chèvrefeuille.

Avec la force brute de l'océan, la sagesse d'un grand chêne pédonculé ou d'un cèdre japonais millénaires, la délicatesse bienveillante d'un Leste ou d'un Cers estival et, au fond des yeux, la flamme trépidante de l'Explorateur jamais rassasié, il trace de nouvelles voies, ouvre l'esprit à la réflexion.

Il a exploré la Vie avant la Vie avec 𝗟𝗲 𝗖𝗶𝗲𝗹 𝗮𝘂 𝗩𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲, a plongé dans les fonds de l'âme muni 𝗗𝗲𝘀 𝗠𝗼𝘁𝘀 𝗱𝗲 𝗖𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲𝗯𝗮𝗻𝗱𝗲, bourlingué jusqu'au sommet d'un volcan à 𝗠𝗮𝘆𝗮𝗰𝘂𝗺𝗯𝗿𝗮 et communié avec l'Océan 𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲 𝘂𝗻 𝗘𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁 𝗾𝘂𝗶 𝗷𝗼𝘂𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝘀𝗲𝘂𝗹. Il a combattu la mélancolie et la solitude et retrouvé sa jeunesse en compagnie de 𝗭𝗼é, a pelé le cul du temps pour dénicher un coin d'éternité dans 𝗖𝗵𝗮𝗾𝘂𝗲 𝘀𝗲𝗰𝗼𝗻𝗱𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻 𝗺𝘂𝗿𝗺𝘂𝗿𝗲, exploré Venise (ah Venise !) avec 𝗟𝗲𝘀 𝗔𝗻𝗴𝗲𝘀 𝗱𝗶𝘀𝗽𝗮𝗿𝗮𝗶𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁, 𝗘𝘁 𝘃𝗼𝘁𝗿𝗲 é𝘁𝗲𝗿𝗻𝗶𝘁é 𝘀𝗲𝗿𝗮 𝗹𝗮 𝘀𝗼𝗺𝗺𝗲 𝗱𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘀 𝘃𝗼𝘀 𝗿𝗲𝘃𝗲𝘀 ou encore 𝗜𝘀𝗼𝗹𝗮. Avec 𝗟𝗲𝘀 𝗿é𝘃𝗲𝗶𝗹𝗹é𝘀 𝗱𝗲 𝗹'𝗼𝗺𝗯𝗿𝗲, il a combattu les nouveaux moulins de l'Humanité et accompagné, avec des 𝗟𝗲𝘁𝘁𝗿𝗲𝘀 𝗲𝗻 𝗩𝗶𝗲, de belles âmes dans leur dernier tour de piste.

Il s'est récemment vu décerner (2021) la médaille de Vermeil par la Commission supérieure des récompenses de la Société académique des Arts, Sciences et Lettres, parrainée par l'Académie française pour « la qualité de sa littérature et la dimension humaniste de l'ensemble de son oeuvre ». Et ce n'est que juste récompense !

Son nouveau livre, 𝗖𝗼𝗻𝗳𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗼𝘂 𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗽𝗮𝗺𝘀 𝗱'𝘂𝗻𝗲 â𝗺𝗲 𝗲𝗻 𝗽𝗲𝗶𝗻𝗲, vient enrichir la nouvelle collection « Essai » des 𝗘𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗟𝗮 𝗧𝗿𝗮𝗰𝗲. Et il est bien le digne successeur de Mayacumbra, Des Mots de Contrebande et Lettres en Vie !

Avec le Ciel au Ventre, Alain Cadéo s'immergeait avec un imaginaire poétique dans les eaux chaudes placentaires d'un foetus avant sa naissance. Après s'être questionné sur la Vie et l'Humain tout au long de ses nombreux livres, il a enfin été l'auteur, avec son frère Michel, du magnifique livre-témoignage Lettres en Vie, accompagnant des résidents en soins palliatifs dans leur dernier voyage, vers l'Au-delà.

Avec cette même poésie qui l'habite, il entreprend aujourd'hui de relater les confessions sincères de 𝗚𝗮𝘀𝗽𝗮𝗿𝗱 𝗦𝘁𝗮𝗰𝗰𝗮𝘁𝗼, une âme errante, un papillon éphémère, un 𝘣𝘰𝘶𝘨𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘢𝘤𝘤𝘩𝘢𝘣é𝘦 déposé malgré lui dans les limbes entre vie et mort, perdu entre deux rives, entre Ciel et Terre, ici et là, dans un ailleurs qui n'existe pas, entre ombre et lumière… L'inconnu pour l'éternité.

Dans cet Entre-Deux 𝘥𝘳𝘢𝘱é 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥 𝘵𝘪𝘴𝘴𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳, 𝘭𝘰𝘶𝘳𝘥 𝘦𝘵 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘰𝘯𝘥 𝘲𝘶𝘪 𝘥𝘪𝘴𝘴𝘪𝘮𝘶𝘭𝘦 𝘭'𝘪𝘯𝘧𝘪𝘯𝘪, Gaspard, pas encore mort mais plus vraiment vivant non plus, se questionne, entamant 𝘴𝘰𝘯 𝘭𝘰𝘯𝘨 𝘷𝘰𝘺𝘢𝘨𝘦 𝘥𝘦 𝘧𝘰𝘶, 𝘥'é𝘵𝘦𝘳𝘯𝘦𝘭 𝘵𝘳𝘢𝘯𝘴𝘩𝘶𝘮𝘢𝘯𝘵 𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘚𝘰𝘶𝘳𝘤𝘦 𝘮è𝘳𝘦, 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘷𝘪𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘮𝘰𝘳𝘵, 𝘦𝘯 𝘢𝘣𝘴𝘰𝘭𝘶𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘤𝘦𝘱𝘵𝘪𝘰𝘯…

« Je me suis souvent demandé si ce qui nous retenait à cette Terre n'était pas le fil rouillé mais tenace des regrets. Ce tétanos indiscernable flanqué par des épines de rosiers. Et pourtant ils sont nombreux les imbéciles, qui, comme moi, un jour ou l'autre, ont proféré l'orgueilleuse sentence, le rien de rien, le : « Je ne regrette rien... ».
Ah l'implorante chansonnette ! Ce Te Deum des midinettes, vous a des airs de poulet égorgé sur le billot froid et sanglant d'un ricanant destin vous offrant son panel de possibilités.
Alors, comme vapeurs, nos âmes orphelines, reviennent visiter le vaste inachevé de nos velléités. »

Dans le 𝘤𝘢𝘱𝘩𝘢𝘳𝘯𝘢ü𝘮 𝘥𝘦 𝘴𝘦𝘴 𝘱𝘦𝘯𝘴é𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘷𝘳é𝘦𝘴 𝘦𝘯 𝘱â𝘵𝘶𝘳𝘦, celles-ci semblent se frayer un chemin 2.0 vers les boites mails personnelles de quelques pauvres humains, bien obligés malgré eux de se farcir la plaidoirie de cet égaré. Impossible en effet de supprimer les pensées de cet esprit dématérialisé tant qu'elles ne sont entièrement lues par leurs destinataires !

S'installe alors une correspondance hors du Temps entre Gaspard et ces quelques privilégiés qui lui feront 𝘭'𝘢𝘶𝘮ô𝘯𝘦 𝘥'𝘶𝘯 é𝘤𝘩𝘰, 𝘥'𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘹, 𝘥𝘦 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴, le temps du voyage... Finalement, 𝘳𝘪𝘦𝘯 𝘥𝘦 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘴𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘯𝘦 𝘥𝘪𝘴𝘱𝘢𝘳𝘢î𝘵 𝘷𝘳𝘢𝘪𝘮𝘦𝘯𝘵 !

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Ces confessions sont poétiques. Elles doivent se lire, comme souvent avec l'écriture d'Alain, en laissant les mots se déposer lentement au fond de notre esprit, dans un presque silence d'église ! Elles sont lourdes de vie, de la lourdeur d'un vieil ours qui a vécu tant d'automnes et d'hivers, mais aussi brillantes que le regard du jeune ourson à son premier printemps.

Ces confessions, ce sont aussi une belle auto-analyse de la part de l'auteur sur son écriture que j'affectionne tant. Comme le mentionne à Gaspard une de ses correspondantes : « Il faut un certain temps pour absorber et digérer ces pesants blocs de pensées que vous lâchez comme des mines dans nos terriers de blaireaux effrayés. Cette poésie, votre chant d'âme en peine, c'est comme de l'amour. Vous nous donnez à voir un paysage, un rêve, un mouvement, comme une expression de la vie intérieure, proche et inaccessible... Si nous pouvions tout voir, il n'y aurait sans doute plus rien à dire ».

Doit-on voir dans ce livre initiatique la fin d'un cycle pour Alain Cadéo, la boucle qui se boucle ? Bougre de vieille caboche, bien sûr que non !
Il y a encore tellement de belles choses à écrire dans cette besace de pénitent, de pèlerin et de bourlingueur !


Merci Alain, pour ces Confessions, pour ces écrits, pour nos échanges…

🙏🙏
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