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EAN : 9782350007090
128 pages
OSKAR ÉDITEUR (11/05/2011)
4.33/5   3 notes
Résumé :

Pendant les grandes purges staliniennes de 1937-1938, un jeune homme, Alexeï, est arrêté par le NKVD car ses parents sont accusés de "traître à la patrie". Il est alors condamné à cinq ans de goulag pour le seul fait d'être fils de traître...

Dans le convoi vers la Kolyma, il rencontre Valentina et Anton, eux aussi, envoyés au goulag. C'est l'histoire de leur amitié dans le camp, de l'amour qui va naître entre Alexeï et Valentina, de la v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Spoilers.

Excellent, j'ai lu le livre d'une traite.

Les chapitres alternent le point de vue de plusieurs personnages, ce qui rend le récit très dynamique et cultive le suspense : Alexeï, 17 ans, envoyé au goulag comme "zek" car ses parents ont été accusés de trahison politique ; Nikita, un garçon du même âge qui vit à la ferme et réquisitionné pendant trois ans comme gardien au goulag ; Valentina, jeune fille, soeur d'Anton, qui se lie avec Alexeï pendant leur difficile trajet dans le wagon à bestiaux jusqu'aux confins de la Russie ; Anna, la "babouchka" d'Alexeï qui décide de remuer ciel et terre pour retrouver la trace de son petit-fils.

C'est magnifiquement écrit, les descriptions frappent l'imagination, les dialogues sont très réalistes et toujours percutants, les personnages sont très incarnés et développés, les péripéties ou micro-événements qui parsèment le récit sont intelligemment amenés et très bien retranscrits, on est vraiment plongés dans la Kolyma.

On voit la rudesse des conditions de vie et de travail des prisonniers ; les rapports de pouvoir entre les gardiens, les prisonniers de droit commun et les prisonniers politiques ; les liens fraternels qui se nouent, comme entre Alexeï et Vadim.

Pas de manichéisme, c'est toute la complexité de l'âme humaine qui est retranscrite ici : l'amitié initiale entre Alexeï et Anton qui se transforme vite en indifférence voire haine quand Anton se révèle mauvais et traîne avec Fedor, un droit commun sans valeurs, ou encore l'ambivalence des sentiments de Nikita, le gardien qui cherche à conserver sa part d'humanité en prenant discrètement sous son aile Alexeï, mais qui à la fin du livre abat de sang-froid Anton et qui ensuite nourrit des pensées agressives envers les prisonniers.
Un très gros travail est fait pour décrire avec le plus de justesse possible les tourments psychologiques des personnages, comme Valentina qui se sent coupable à cause de ses parents, apparemment haut-placés dans le parti. Ou quand Alexeï, suite à la tentative d'évasion ratée d'Anton et Fedor, puis leur exécution, est mis à l'isolement dans une cave froide pendant un temps indéterminé, échappe de peu à la mort, qui ensuite se perd dans les limbes et devient un "mort-vivant", comme dans les centres d'extermination nazis. Il y a aussi l'apathie de Valentina après que son protégé Ossip, un orphelin qu'elle a recueilli, lui est arraché et est envoyé dans un orphelinat.

Beaucoup d'émotions viennent nous saisir : on a peur que Vadim meure de sa pneumonie, on est ému par la scène du baiser entre Alexeï et Valentina racontée par Nikita, angoissé par les attitudes menaçantes du commandant qui veut posséder Valentina, bouleversé par les retrouvailles entre Alexeï et Anna.

C'est un livre de très grande qualité que je recommande chaudement.
Un dossier vient s'ajouter à la fin du livre, avec des explications historiques depuis la révolution de 1917, avec quelques photos des goulags, les portraits de Lénine, Trotsky et Staline, jusqu'à la déstalinisation.

Un seul bémol qui concerne l'édition : le choix de la police avec des empattements et le manque d'espacement entre les lignes qui demandent un temps d'adaptation (à 10 minutes de lecture j'ai cru que j'allais devoir m'arrêter tellement j'avais mal aux yeux).
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans le train qui nous emmenait à Vladivostok, on s'est retrouvé. Anton et moi, près d'un jeune homme, plutôt mignon, mais qui avait un air complètement ahuri. Sûr qu'il se demandait pourquoi, lui, bon et fidèle communiste, avait atterri dans ce convoi! Nous, ça faisait longtemps qu'on ne se posait plus la question mais ça, on ne pouvait pas le dire. Notre nom de famille, on le portait comme un châtiment, une chaîne, une honte et pourtant, chacun le sait bien, nous n'étions pas responsables des choix de nos parents!
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Ils avaient réussi à me briser. Les jours glissaient et se ressemblaient. J'avais trouvé un refuge dans l'indifférence au monde qui m'entourait. Mes seules préoccupations se limitaient à travailler, manger, dormir quand j'y arrivais, il fallait que je m'empêche de penser.
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Né Coupable, écrit par Florence Cadier, à paraître le 20 novembre 2020.
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