Ce livre écrit par une journaliste à une psychologue décrit bien les difficultés des femmes de notre temps à avoir confiance en soi, s'affirmer et pour certaines d'entre elles s'accomplir. Les auteures décrivent les mécanismes mis en place. Des femmes qui n'ont eu aucun droit pendant des siècles, l'éducation parentale et l'école qui ne favorisent pas les filles, les nombreux clichés et préjugés véhiculés. de nombreux témoignages très inspirants viennent coroborer non seulement les typologies du syndrome d'imposture mais aussi le regard des autres et les relations entre femmes où la sororité n'est pas toujours au rendez-vous.
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Le paradoxe du livre est qu'il va souligner que le manque de confiance en soi des femmes est un problème sociétal, structurel, qui dépasse largement les individualités et dont la source est à rechercher dans les discriminations systémiques subies par les femmes... pour finalement proposer des conseils de développement personnel, reportant de ce fait la responsabilité sur chaque femme de s'optimiser et d'augmenter leur bien être.
La nécessité de changer en profondeur la société est évoquée mais pas analysée et les rares propositions structurelles ne concerneront que l'éducation des enfants, dont je me permets de rappeler avec malice qu'elle repose majoritairement sur les femmes, que ce soit les mères ou les enseignantes.
Aussi, comment ne pas regretter qu'aucune mesure ne soit proposée pour les médias où l'on constate que les femmes parlent deux fois moins que les hommes ? Pourquoi s'abstenir d'évoquer des mesures contraignantes dans les entreprises pour l'égalité entre femmes et hommes ? Probablement parce que ces milieux restent largement dominés par les hommes et qu'il ne faudrait pas trop leur en demander. Les femmes n'ont qu'à se débrouiller d'abord !
Et puis, comment ne pas hurler sur les multiples recommandations à faire du sport, alors que ce domaine est très largement dominé par une hyper compétitivité et une injonction à la performance calquées sur les modèles virilistes ! le sport est l'un des secteurs à interroger en priorité, le présenter comme une solution au manque de confiance en soi des femmes est une aberration. J'ajoute un mot sur l'injonction très actuelle à la pratique sportive : si elle peut tout à fait être bénéfique pour certain.es (dont je fais d'ailleurs partie), elle ne l'est pas systématiquement et n'est pas accessible à tous.tes. Aussi, en faire l'alpha et l'oméga de la confiance en soi me parait tout à fait problématique et excluant.
Il manque encore une réflexion sur ce qu'est la confiance en soi, la perception qu'on en a, la vision qu'on en donne. Est-ce réellement manquer de confiance en soi que d'admettre avoir réussi grâce à l'aide reçue ? Si la confiance est forcément présentée comme la croyance en sa réussite personnelle et individuelle (dans une logique très libérale), certainement. Pourtant, ce qui est présenté là comme une évidence reste à interroger. Pourquoi ne pas présenter comme modèle la confiance en son jugement qui permet de s'entourer des bonnes personnes aidantes ? Or, cette interrogation n'est même pas posée ; les femmes n'ont alors qu'à s'adapter à ce modèle, à s'assurer de s'y conformer car il est de propos de le remettre en question.
Finalement, si les constats sont plutôt exacts, ils sont noyés dans du développement personnel hors de propos, puisque le problème n'est pas, je me répète, personnel mais structurel. Ce livre pourra servir d'introduction légère et accessible au sujet mais se doit d'être complété pour le comprendre sérieusement.
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Reçu dans le cadre d'une Masse Critique @babelio_, cet ouvrage est une étude sur les causes et les conséquences du syndrome d'imposture et du manque de confiance en soi chez les femmes.
Écrit comme cela, je vois déjà la levée de boucliers exprimant l'indignation générale: pourquoi affirmer que toutes les femmes sont atteintes de manque de confiance en elles? Qu'est-ce ce que c'est que ce postulat un brin ringard qui nous laisserait croire que les femmes sont toutes de petites choses fragiles?!
Je le dis car moi-même j'ai levé mon bouclier à la vue de ce titre. Mais la curiosité ayant pris le dessus puisque je souffre moi-même de ce syndrome d'imposture, je ne suis pas mécontente d'avoir opté pour cette lecture.
Tout d'abord car les autrices ne font pas de ce postulat une vérité. Elles abordent également des cas de femmes n'ayant pas à faire face à cette difficulté. En ce qui concerne les autres, elles reviennent sur le rôle prépondérant de l'éducation, des clichés, des discours, du patriarcat... elles donnent des exemples éclairants de situations vécues, elles donnent à penser ce manque de confiance parfois totalement inconscient.
Si j'ai trouvé les "fiches conseils" en fin de certains chapitres un tantinet caricaturales et pas forcément utiles, je recommande toutefois la lecture de ce livre qui permet une approche intéressante de ce satané syndrome d'imposture.
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Bien que l’on retrouve plus de femmes dans les hautes sphères de la société, les auteures du livre "Le syndrome d’imposture" estiment que les femmes manquent encore beaucoup trop de confiance en elles.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Oser, c'est perdre pied momentanément, ne pas oser, c'est se perdre soi-même.
Soren Kierkegaard.
Il faut pratiquer la compassion avec soi-même et avec les autres et réaliser que les mots ont un pouvoir
Avec le syndrome d’imposture on arrive à ce paradoxe: plus on réussi, plus on doute
Élisabeth Cadoche & Anne de Montarlot : Le Syndrome d’imposture