AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782021497397
64 pages
Seuil (04/02/2022)
3.9/5   25 notes
Résumé :
Le système Bolloré, c’est la logique d’un empire médiatique mis au service d’une pensée qui trouvera facilement d’autres pantins pour la représenter. Pour sortir du système B comme de la dystopie Z, il est grand temps de réinvestir la question de la gouvernance et de la propriété des médias – et de créer enfin des télés véritablement libres. De garantir les conditions de la survie d’une pensée libre. De mettre fin à l’OPA de quelques milliardaires sur l’ensemble du ... >Voir plus
Que lire après Pour une télé libre : Contre BolloréVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En même temps que je découvre ce titre, je découvre cette petite collection des éditions Seuil baptisée « SeuilLibelle » que je connaissais pas du tout. Elle a pour but « d'accueillir des textes courts d'auteurs engagés creusant l'information et devançant les polémiques », et ils précisent que la collection a été créée pour « pallier l'érosion du débat publique en proposant des réponses argumentés », et se veut « un espace de nuance pour les lecteurs ». Une initiative que je trouve salutaire et nécéssaire, ayant effectivement constaté (comme beaucoup) la dégradation, voire l'hystérisation, du débat général.

Ici l'autrice est Julia Cagé, normalienne et professeure, qui choisi de nous parler d'un sujet bien précis : la liberté de la télévision.
Elle prend pour point de départ, le trop célèbre Vincent Bolloré, milliardaire breton à la tête de Vivendi, qui depuis son rachat de Canal +, a transformé le groupe et ses satellites TV Cnews et C8, en chaines au service de son idéologie réactionnaire d'extrême droite. Elle expose et dénonce l'investissement du milliardaire sur ses chaines où l'absence de pluralité se fait de plus en plus criante mais aussi dans les autres médias qu'il possède : la radio (Europe 1), la presse (Paris Match) ainsi que le monde de l'édition depuis sa récente acquisition d'Éditis. Bref une mainmise de plus en plus colossale, tentaculaire et inquiétante, dont elle explique les ressors et le danger que cela fait peser sur la démocratie.
C'est édifiant à lire.
Ensuite elle poursuit et élargit son argumentaire, car même si le titre mentionne Bolloré et qu'elle commence son essai sur l'homme —car son cas cristallise d'une certaine façon la problématique —, elle parlera en réalité de la télévision dans sa globalité. Elle évoquera par exemple la fusion TF1/M6 qui était en projet au moment de l'écriture du livre (et qui depuis a fort heureusement échoué) en expliquant combien créer un tel mastodonte dans le but soi-disant de concurrencer les grandes plateformes américaines aurait là aussi été non seulement vain mais aurait surtout posé encore une fois un grand nombre de problèmes quant à l'éthique journalistique, à la pluralité et à la concurrence. Mais surtout elle va beaucoup développer sur le CSA (devenu depuis Arcom) en démontrant combien l'instance de régulation est devenu obsolète et inadapté au système audiovisuel actuel mais aussi combien leur frilosité et celle des politiques font que les rares mesures prises par l'instance n'ont que peu ou pas d'effet.
Mais elle ne se contente pas que de ça, en fin d'ouvrage elle propose en certain de nombre de solutions pour améliorer les instances et la régulation.

Bref, dans cet essai très court (90 pages) Julia Cagé nous montre et nous explique les dérives et les problèmes de l'audiovisuel français, elle met en garde, elle étaye ses arguments grâce à beaucoup d'exemples et de chiffres, c'est un essai précis et concis qui éclairera beaucoup le lecteur. C'est un écrit, comme je l'ai dit, engagé donc il a bien évidemment un ton personnel néanmoins jamais invectivant. Ce fut très très intéressant à lire particulièrement car le domaine des médias et le numérique dans la société est un sujet qui m'intéresse beaucoup et dans lequel je constate — probablement comme beaucoup— un certain danger qui guette.
Commenter  J’apprécie          170
On déteste Bolloré ici, et vous ?

Un essai très intéressant sur la concentration des médias en France. Et évidemment, sur tous les problèmes que ça engendre.
S'inspirant de notre cher ami Vincent (et quel bel exemple!), l'autrice nous montre et dénonce son investissement MASSIF, le manque criant de pluralité des chaînes qu'il détient…

À lire.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une chaîne de télévision n'est pas un journal papier ou un site Internet d'information [...]. Quelle différence ? Sur le marché de la télévision "classique", du fait de l'existence de contraintes techniques, les acteurs ne sont pas libres d'entrer et de sortir selon leur bon vouloir. Pour le citoyen/téléspectateur, cela a des conséquences très concrètes : zapper sur le canal n°16, ce n'est pas comme aller chez le kiosquier au numéro 16 de ma rue - si je ne suis pas tentée par la Une de Society je peux toujours me replier sur XXI. Le canal n°16, c'est CNews, et tant pis si cela ne me plaît pas. [...]
Ces programmes sont diffusés parce que le CSA - qui représente en cela l'État, c'est-à-dire l'ensemble des citoyens - a donné à ces propriétaires l'opportunité de bénéficier de l'usage - à titre privatif - du domaine public. Ce qui sur le papier n'est pas une mauvaise chose en soi - d'autant plus que cela s'accompagne d'un droit de regard sur les contenus et d'obligations de financement de la création audiovisuelle. Mais ce qui le devient lorsqu'un Vincent Bolloré privatise l'usage du domaine public pour le mettre au service d'un projet politique et de ses seules idées. (14-15)
Commenter  J’apprécie          20
Cnews, Canal +, C8, Cstar : il ne s'agit donc pas en vérité des chaines de Vincent Bolloré, mais d'un privilège qui lui a été accordé. Et qu'on devrait à ce titre envisager de pouvoir lui retirer. D'où une question : pourquoi ne le fait-on pas ?
Pour y répondre nous devons d'abord nous interroger : y a-t-il un problème Vincent Bolloré ? Le plus étonnant, c'est que la réponse fait consensus : oui. Oui oui oui, trois fois oui. La méthode Bolloré, c'est la prise en main musclé des rédactions qui passe par la censure, la peur et les licenciements, et qui se fait au profit d'un projet politique précis : celui de la droite réactionnaire, voire de l'extrême droite.
Commenter  J’apprécie          10
Ce n'est pas parce que la ligne éditoriale de la chaîne un effet direct sur les perceptions politiques de ses téléspectateurs qu'elle n'a pas pour autant également répondu à une demande existante — il me semble important de le formuler ainsi — à une sorte de facilité, car il est de toute évidence plus simple d'attirer des vues quand on fait appel au peurs des citoyens et aux clash que lorsque l'on cherche à les informer sur la complexité du monde qui les entoure.
Commenter  J’apprécie          10
Le combat pour une télévision libre n'est pas un combat d'un autre temps, pour un média passé et dépassé (…)
C'est un combat pour la démocratie. Il ne s'agit pas de se battre pour une technologie obsolète, pour une profession, pour telle ou telle personne (…)
Il s'agit de se battre pour notre droit à être informé. Pour une télévision libre. Des idées libres. Des essais libres.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Julia Cagé (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julia Cagé
Intervenants: Julia CAGÉ, professeure d'économie à Sciences Po Paris et Thomas PIKETTY, directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'école d'économie de Paris Modération: Philippe ESCANDE, journaliste au Monde
Qui vote pour qui et pourquoi ? Comment la structure sociale des électorats des différents courants politiques en France a-t-elle évolué de 1789 à 2022 ? Dans quelle mesure les coalitions au pouvoir et dans l'opposition ont-elles su rassembler les classes populaires, moyennes ou aisées et fédérer des intérêts divergents, et comment cela a-t-il participé au processus de développement social, économique et politique du pays ? En s'appuyant sur un travail inédit de numérisation des données électorales et socio-économiques couvrant plus de deux siècles, cet ouvrage propose une histoire des comportements électoraux et des inégalités socio-spatiales en France de 1789 à 2022.
+ Lire la suite
autres livres classés : gafamVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (71) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
846 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}