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EAN : 9782847202618
283 pages
Gaïa (22/08/2012)
3.92/5   13 notes
Résumé :
« Et vous, que vouliez-vous faire quand vous étiez petit ? Qui rêviez-vous de devenir ? »

De moulages en plâtre vendus pour le compte du curé au trafic de métaux transportés dans la carriole maternelle, vous décou­vrez que certaines activités sont rémunératrices. D’autres moins.
Dans une ville du nord normand, les usines dessinent de drôles de poèmes dans le ciel, et aliènent les travailleurs tout en nourrissant les familles. Les années 70 fleu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Un texte au style insolite qui en son noyau central parle des classes laborieuses, de ceux de l'échelle du "bas"..tout en bas !!

Un ouvrage qui fait songer au célèbre "Travaux " de Georges Navel... autodidacte ayant exercé tous les métiers possibles... dans un style plus coloré, tour à tour argotique, poétique ou caustique !
Un style piquant... cru mais qui subitement nous offre de magnifiques envolées lyriques... Un texte hors normes... dans une forme franchement inhabituelle....
Notre narrateur rencontre sur son chemin le bonheur des Livres, de la Littérature, qui lui font oublier ses emplois de misère... qui se succèdent entre la terre, le bâtiment et l'usine...

Et notre narrateur ne veut pas rentrer dans le jeu social:
" A force d'exceller dans les arts premiers, vous comprenez qu'il vous sera plus difficile de rester fidèle au salaire minimum interprofessionnel de croissance, à qui vous vouez un attachement archaïque. Des augmentations vous pendent au nez ! Des promotions ! des fulgurances ! Tout ça pue le plan de carrière!
Mon Dieu, vous êtes un ouvrier, pas un Judas" (p. 87)

"Que craignez-vous ? Vous vous ne rapprocherez pas des casses aisées par votre travail. Ca se saurait. inutile de vous alarmer. Votre cuirasse sociale ne prendra pas l'eau parce que vous vous ouvrez à une nouvelle façon de rentabiliser vos forces. Pas de panique. vous resterez à votre place.
Personne ne viendra vous déloger d'où vous êtes.
Vous ne trahirez personne. Votre échelle ne possède qu'un barreau. Celui du bas" (p. 92)

Il est question de la valeur du travail... de l'usure qu'il entraîne... que l'on soit en bas ou en haut de l'échelle. Dans ce récit, il ne s'agit que ...du bas...où notre narrateur a décidé de rester... car il se refuse à rentrer dans la cruelle danse des classes sociales... du pouvoir , de l'exploitation des autres...

Heureusement dans cette succession d'emplois physiques et abêtissants, notre narrateur rencontre des femmes et surtout les livres... et c'est l'ultime bouffée d'oxygène qui lui permet de s'échapper, de retrouver magie de vivre et de s'évader....AILLEURS...

"Enfin vous replacez un livre dans la bibliothèque c'est l'Attrape-coeurs- de
J.D. Salinger.
Il vous en reste comme un martèlement intime.
comme beaucoup de ces livres qui sont sous vos yeux.
ce ne sont que quelques centimètres d'épaisseur de papier mais c'est comme
si vous refermiez le monde lui-même" ( p. 147)

Un texte jubilatoire et OVNI, tellement le style et la narration sont percutantes et atypiques... j'imagine aisément que l'on peut détester comme adorer... tant l'ensemble du roman est original et déroutant, parfois ! Peu importe... cela vaut le détour !!
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Quand vous étiez enfant, peut-être avez-vous fait des petits boulots pour gagner un peu d'argent, d'abord des choses simples, un coup de main par-ci par-là, puis d'autres tâches plus élaborées au fur et à mesure que vous gagniez en âge et en maturité. C'est en tout cas ce qu'a fait Jack, le héros de ce roman, qui n'a cessé de travailler, passant d'un emploi à un autre et ne ménageant pas sa peine.

Il égrène ses souvenirs au fil de cours chapitres en s'adressant au lecteur avec un « vous » qui d'emblée nous porte à nous mettre à sa place, et nous le suivons depuis son jeune âge jusqu'à ce qu'il devienne adulte. Et il faut dire qu'il en a fait, des boulots différents, ce Jack ! Que ce soit vendre des objets en pâte à modeler pour le curé, récupérer de la ferraille, transporter des déchets dans la remorque attelée à son vélo, ou bien plus tard travailler à l'usine en face de chez lui, celle où son père a toujours oeuvré, ramasser des salades ou des fraises, porter des cageots ou assembler des circuits électriques avec des copains. Tout y passe et le lecteur jubile de le suivre sur un marché du travail saturé où les agences d'intérim et les patrons n'en font qu'à leur guise, mais où Jack, toujours, met tout son coeur dans son emploi du moment.

Car oui, il est courageux et ne rechigne pas à la tâche à accomplir. Parfois cependant, il prend sa guitare et la route, quitte sa Normandie natale et vit de l'air du temps (et d'un peu de fumée), s'arrêtant là où on lui propose un emploi, mais ne se fixant jamais, passant continuellement d'un job à un autre, finalement complètement instable et immature…

Une immaturité qui désespère ses parents qui voudraient le voir se fixer et avoir enfin « un vrai travail » et qui crée bientôt entre eux un fossé qui ne cessera de s'agrandir au fil des années. Il deviendra bien chef d'équipe mais ne trouve pas vraiment intéressant de gagner plus et retournera aussi vite à des boulots de moindre envergure. Ce qui le nourrit ? Quelques livres dans lesquels il a d'abord grappillé sans conviction et qui finalement lui sont devenus indispensables : Des souris et des hommes, le désert des Tartares, le vieil homme et la mer, des romans qui parlent de liberté, de folie, d'opiniâtreté...

L'escalier de Jack, c'est cela, ces marches montées une à une sous le soleil, mais qu'on peut aussi dévaler en leur disant au revoir, à chacune d'entre elles. Ces boulots successifs qui ne se ressemblent pas, mais qui tous ont un point commun : le fait qu'il ne s'attache pas, qu'il ne s'investisse pas, et puis ce dernier boulot, une fois qu'il aura rencontré une fille qui lui donnera un livre à lire : "Votre trente-sixième boulot sera poète."

Voici donc un roman très original et décalé, totalement jubilatoire, même si on peut regretter que les énumérations des boulots de Jack soient parfois un peu longues, bien que l'auteur mette un humour mordant dans chaque description. Il décrit la précarité et la fatigue du travailleur, la stupidité de certains boulots mais ne tente pas d'entrer dans des explications psychologiques qui ne s'avèrent pas nécessaires. On comprend bien en lisant le parcours de Jack ce que peut être la vie quotidienne de ceux qui font des petits boulots dont on se dit qu'ils sont vraiment peu gratifiants. Mais Jack s'en fiche, il veut vivre libre, lire ce qu'il a envie et parfois s'endormir contre un corps chaud et accueillant. Il veut juste vivre sans entrave et pour cela, on l'aime, ce Jack !



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Anti-héros par essence, le narrateur accumule petits boulots après petits boulots. Tout commence dans son enfance à la fin des années 1960, lorsqu'un curé lui achète des moulages en plâtre. Viendront par la suite le travail dans des écuries, des conserveries de poissons, une usine de ciment, dans les champs à ramasser des tombereaux de légumes. Tout travail rémunéré au smic, sans trop de responsabilités, est bon à prendre car il est aussi synonyme de liberté. Celle de partir quand et là où l'on veut, à l'image d'un Kerouac cheminant quelque part du côté de la Normandie. Mais cet enchaînement, pourtant sans failles, se passe sous le regard désapprobateur de la famille, spécialement du père qui ne peut pardonner son fils d'avoir trahi sa condition ouvrière. La découverte de livres, Steinbeck et Melville en particulier, puis de l'amour apporteront alors au narrateur un souffle et une dimension nouvelle à son existence.
Roman initiatique, d'apprentissage porté par une voix tout singulière qui emporte dès la première page grâce à l'usage de la deuxième personne du pluriel. Un « vous » qui interpelle le lecteur autant qu'il met de distance avec l'auteur, histoire de ne pas tomber dans un sentimentalisme de mauvais aloi. Mais cela ne trompe personne, on perçoit évidement l'humaniste qui se dissimule derrière l'ironie, l'humour noir et le ton décapant. On pense alors au « Combat ordinaire » de Manu Larcenet. Jean Cagnard possède un sens indéniable de la litote pour porter une charge redoutable sur la valeur travail et le système capitaliste. Styliste pointu, il passe de façon assez hallucinante de la prose à la poésie pour exprimer l'absurdité du service militaire ou décrire les obsèques de son père.
Malgré quelques longueurs, cet ovni littéraire est à mettre entre toutes les mains.
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jubilatoire
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Voilà un livre dans lequel on se sent, mais oui mais oui, vraiment très bien. C'est assez rare, alors on le souligne. Sans doute ce “Vous” derrière lequel se dissimule Jean Cagnard, qui ouvre ainsi grand la porte de son récit au lecteur, mais aussi par la lumière et la poésie qui s'en dégage.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/10/chronique-livre-lescalier-de-jack/
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Et puis c'est au tour de -L'Etranger- de A. Camus de sortir de l'étagère
Et que je te coule comme une eau pure.
De même vous enchaînez sur-La Peste-
(...)
Et puis c'est -L'Arrache-cœur de B. Vian.
C'est L'Ecume des jours
C'est La Nausée de J.-P. Sartre.
C'est Les Cavaliers de J. Kessel.
A présent c'est vous qui chevauchez. Royalement harnaché. Et John, Ernest, Erskine, Albert, Boris, Jean-Paul et Joseph sont vos chevaux ailés. Vous êtes allés aussi loin qu'on peut pour un homme qui passe une bonne partie de sa vie en tenant simplement des morceaux de papier entre ses mains. Ce que vous avez lu est si bien entré en vous que vous en êtes devenu une parcelle. Il es parfaitement clair que la simple nourriture des mots vous a rendu héroïque. (p. 129)
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Une des qualités vertueuses du travailleur est de sublimer. Sinon, il ne serait pas travailleur. Le travailleur est une créature à la chimie farouchement optimiste; Chaque seconde il transforme la vie ordinaire en couches passionnelles. C'est un dieu et un beau crétin. Un dieu parce qu'il travaille, un crétin parce qu'il va travailler. (p. 46)
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Vos parents ne semblent pas bien très bien comprendre qu’on tire des livres de leur bibliothèque, qu’on les ouvre devant le visage et qu’on laisse des yeux en parcourir les lignes. Qu’au bout de la première ligne, vous passiez à celle du dessous. Ainsi de suite, de gauche à droite, jusqu’en bas de la page. Et que cette page achevée, vous passiez à la suivante. Ils semblent penser que vous ne possédez pas la bonne manière de vous comporter avec un livre. Ils semblent dire que la lecture d’un livre peut se limiter à regarder les tranches sur les étagères. Ces ouvrages qu’ils ont probablement tenus entre leurs mains eux-mêmes. Dont ils ont forcément découvert le contenu. Mais il y a si longtemps, maintenant. Que les pages sont devenues des pierres.
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De tout temps, il n'y a eu qu'une espèce pour couper les empreintes de toutes les autres, l'espèce trébuchante. (p. 169)
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...quand bien même un homme courbé vers le sol forme sur l'horizon un bien beau point d'interrogation. (p.19)
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Videos de Jean Cagnard (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Cagnard
Soirée lecture et rencontre avec Jean Cagnard et Catherine Vasseur, artistes associés de a Compagnie 1057 Roses, pour la sortie du roman de Jean Cagnard, Plancher Japonais paru aux éditions Gaïa.
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