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EAN : 9782859201999
175 pages
Le Castor Astral (01/08/1992)
3.21/5   7 notes
Résumé :
Uriel, jeune vendeur en librairie, est un «faible qui ne cède pas». Il s’est constitué une philosophie du renoncement qu’il suit scrupuleusement, souvent au grand dam de son entourage. Son journal, d’une grande cocasserie, s’offre comme un manifeste du désengagement et se veut acte de résistance face au carriérisme ambiant.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« J'aime les livres . Pourquoi ? Je me sens peut-être protégé par eux, comme dans un abri par des sacs de sable: ces épaisseurs de phrases, de pensée...ces milliers d'auteurs qui ont réfléchi des heures, des années, avant de passer aux aveux écrits (...) Cela me rassure de les sentir tapis quelque part, dans le temps, ces travailleurs pas pressés, moi qui ne rencontre partout que des impulsifs qui me reprochent de prendre mon temps, comme si c'était à eux que je le prenais. Ils me cautionnent, ces écrivains, ils m'encouragent à m'entourer de défenses invisibles faites de coussins, de rêves, de cloisons, de matelas transparents. (p. 24)”

Accaparée comme chaque printemps par des rangements plus draconiens, j'ai un nouvel élan vers ce livre acquis il y a près de 30 ans !! Je peine à le croire. Un auteur, qui, à ce jour a 89 ans…était neuropsychiatre, s'est penché sur « l'Echec scolaire »…et hasard supplémentaire amusant ou ironique : il vit toujours dans une ville très voisine !

Ce roman est désopilant, il va à rebrousse-poil de toutes les obligations sociales…Il met en scène un anti-héros, Uriel, vendeur en librairie… qui s'exaspère contre son entourage qui veut qu'il se projette dans « un véritable avenir » avec ambition, volonté ,des opinions tranchées… Mais lui, s'en moque ; il veut qu'on lui fiche la paix…Il renâcle contre la compétition, l'ambition professionnelle, il renâcle contre tout engagement, « amoureux », compris…

Un style aussi insolite que son personnage…Un personnage qui s'est constitué et entretient « sa » philosophie du renoncement.
La narration se fait sous forme de journal, journal cocasse, plein de drôlerie grinçante, qui offre « un manifeste du désengagement et se veut acte de résistance face au carriérisme ambiant »…

Un texte jubilatoire d'un anti-héros, complètement décalé dans une société qui ne l'inspire pas ; anti-héros qui ne s'aime guère, se dénigre ou exerce le plus souvent un esprit d'auto-dérision, se traitant de « pygmée » !!
« (...) nos hommes d'action sont des grands enfants. A tout âge on devine sur leurs lèvres la formule magique de l'enfance: " Quand je serai grand".
C'est le poète, c'est le contemplatif qui vit dans le présent car, précisément, il est sorti de l'enfance.
Moi (...) Ni enfant, ni poète, ni adulte. Je suis un fruit vert qui ne mûrira pas... »(p. 117)

Un texte drôle…pied de nez aux conventions, aux conditionnements et à la soi-disante « normalité »…dans laquelle tout l'entourage de notre anti-héros essaye de le faire « rentrer »…

Dilemme, questionnements existentiels drôles et universels …sur un mode comique et déjanté !
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4ème de couverture :
"Uriel, jeune vendeur en librairie, s'est constitué une philosophie du renoncement qu'il suit scrupuleusement, souvent au grand dam de son entourage. "Je suis un faible qui ne cède pas." Son journal, d'une grande cocasserie, s'offre comme un manifeste du désengagement et se veut acte de résistance face au carriérisme ambiant. Cette crise d'inexistence, décrite avec minutie et conviction, mais aussi avec humour et dérision, constitue un curieux manuel de survie par l'économie de soi. Et si Uriel se sent protégé par les livres de sa librairie comme dans un abri par des sacs de sable, il redoute chaque jour davantage de devoir s'habituer à être dépassé par les choses. "L'inaptitude de mon époque à vivre selon mon rythme me cause du souci, m'impose de demeurer vigilant." La tentation de la normalité le guette et le menace...
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Cyrille CAHEN est neuropsychiatre. Il a notamment publié "La Tête ailleurs" (Nathan) et coanime la "Revue de psychologie de la motivation". "Le libraire et son pygmée" est son premier roman."

Mon rapide commentaire :
Ce journal intime trace un an de la lutte du jeune anti-héros contre le danger de vouloir contester sa propre existence et celui d'être obligé par autrui à compromettre ses efforts pour saboter son avenir. Cette lutte - et c'était prévisible - se solde par l'échec sur les deux fronts. le thème est actuel et intemporel à la fois. L'humour s'alterne au tragique, sans que la frivolité ne soit jamais mise en danger ni remise en cause. le style, chaque page se prêtant à tout instant au florilège, est caractérisé par l'aphorisme, ainsi que par l'inattendu qui surgit de décalages verbaux (dont la profession de l'auteur le rend évidemment avisé) minimes et pourtant si justes.
Sinon le personnage (pourrait-on l'avouer si même c'était le cas ?), le combat de ce "Citoyen dérisoire au chez-soi modeste et bien rangé, accessible à l'obéissance, rebelle aux obédiences, épicurien, mystique, désinvolte et timoré ; cherchant dans la paresse et la persévérance, et non sans quelque passion, à se constituer possesseur de soi-même dans un monde qui l'effraie." (p. 14) éveille notre sympathie par le truchement puissant de l'auto-identification...
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Dans ce journal, Uriel, un jeune libraire sans passion ni projet, livre son quotidien et décrit la pression qu'il subit de part son entourage et la société pour rentrer dans le moule productiviste qui est le nôtre.

La plume est audacieuse et les personnages atypiques et attachants. L'intrigue reste très minimaliste, ce livre est un journal existentialiste, bourré d'humour et de réflexions sur le sens de la vie.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
J'aime les livres . Pourquoi ? Je me sens peut-être protégé par eux, comme dans un abri par des sacs de sable: ces épaisseurs de phrases, de pensée...ces milliers d'auteurs qui ont réfléchi des heures, des années, avant de passer aux aveux écrits (...) Cela me rassure de les sentir tapis quelque part, dans le temps, ces travailleurs pas pressés, moi qui ne rencontre partout que des impulsifs qui me reprochent de prendre mon temps, comme si c'était à eux que je le prenais. Ils me cautionnent, ces écrivains, ils m'encouragent à m'entourer de défenses invisibles faites de coussins, de rêves, de cloisons, de matelas transparents. (p. 24)
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A propos de chaque péniche remontant de Conflans vers Paris, mon père inventait une légende. Et puisqu'elles venaient vers nous, ces péniches, chargées d'or, d'ébène, d'ivoire, d'animaux inconnus et de fruits exotiques, qu'avais-je besoin, moi, de m'aventurer dans le vaste monde ?

Voilà le père qui est demeuré en moi : une indulgence, le goût de l'affabulation, une incuriosité d'explorer les lointains. Cette incuriosité est en moi devenue méfiance, cette indulgence , propension à m'octroyer l'absolution lorsque l'entourage me la refuse; les péniches fabuleuses continuent à me fournir en denrées exotiques dont le quotidien est avare. (p. 75)
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Ayant élevé l'imprévoyance- pour ne pas dire l'irresponsabilité- au rang de vertu cardinale, je m'efforce d'exorciser cet avenir qualifié de "bel", dont on me menace depuis que j'ai l'âge de dire "non", et qui jette son ombre refroidissante sur les journées de chasse où je tente de capturer, sans lui faire de mal, ce bel oiseau chanteur que je nomme le présent. (p. 83)
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Tout compte fait, c'est elle qui a raison. Je me dis parfois que bibliothécaire conviendrait mieux à ma passivité, mais je crains qu'on ne me réclame une masse de diplômes, et d'avoir affaire à des érudits. ET puis, une bibliothèque, c'est trop grand; je me diluerais là-dedans. Pour bien percevoir mon écho, il me faut un territoire restreint. (p. 27)
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Je n'ai ni bon goût ni charmant mauvais goût; lorsque j'achète des souliers, je ne vais ni chez le bon ni chez le mauvais chausseur, mais chez le premier qui se trouve sur mon chemin. Je suis, sauf à mes propres yeux et aux yeux d'une ou deux créatures de mon espèce, un être assez remarquablement inintéressant. (p. 92)
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