[Je voulais faire cette critique avant de partir en vacances, mais je ne suis pas très content de moi, je la reprendrai peut-être plus tard]
Je voudrais dans un premier temps remercier Babelio et les éditions de l'atelier pour cet envoi. Si j'ai choisi de critiquer ce numéro des cahiers de l'Atelier, c'est avant tout parce que l'engagement, qu'il soit politique ou syndical, a contribué à me forger. C'est cependant la première fois que je me frotte à la critique d'un numéro de revue. Je vais donc essayer de procéder sans confondre les différents éléments.
Je dois cependant parler du tout, une vingtaine de contributions partagées en trois parties sans compter celles qui relèvent du domaine éditorial. Dans un premier temps, l'édito m'a conduit à considérer l'engagement dans les évolutions récentes qu'elles concernent la société ou la numérisation de celle-ci. Mais ensuite, je me suis rendu compte d'un manque. J'ai conscience de la vocation de la revue comme de la maison d'édition, pour autant j'aurais apprécié de voir apparaitre quelques références à l'engagement politique. Tout tourne finalement autour de l'engagement associatif et syndical ce qui garde cependant son intérêt.
La première partie parle des contours de l'engagement hier et aujourd'hui. Elle comporte cinq contributions qui sont assez différentes. La première est centrée sur le Maitron, le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier. Présenté par un chercheur, il permet de prendre conscience de tous ces noms et ces parcours qui n'apparaissent pas nécessairement dans la société actuelle (mon arrière-grand-père possède sa fiche :-)). Les autres textes présentent des parcours militants dans les mouvements des mutualités, Solidaire ou une association Cobaye. Ils décrivent les nouvelles formes de l'engagement, ce qui a poussé les auteurs à se lancer dans le militantisme et les formes que cela peut prendre. L'idée générale des deux premiers textes est de critiquer une forme antérieure d'engagement sacrificiel au profit d'une forme plus élastique. Je dois dire que je ne suis pas convaincu par ces textes, peut-être un côté vieillot, mais je pense au contraire que l'engagement pour avoir du sens doit être plus qu'un loisir ou un passetemps. Cette évolution me semble se faire au détriment des causes. Les deux derniers textes, qui font référence à un travail de la JOC au profit des chômeurs et à la construction de journées intersyndicales des femmes, me semblent plus intéressants. Ils mettent en valeur des causes que nous avons trop longtemps laissées de côté. La pérennité d'un lieu pour les femmes dans le mouvement syndical est particulièrement enthousiasmante tant il est vrai que persiste une dimension machiste dans de nombreuses organisations.
La deuxième partie aborde les mutations de l'engagement actuel. Ses quatre contributions donnent des visions assez larges des formes de l'engagement, des modifications qu'il peut connaitre. le premier texte aborde ainsi les évolutions d'un engagement chrétien de gauche qui va à l'encontre des prises de position réactionnaires mises en avant notamment autour de la manif pour tous ou du soutien à Fillon lors de la dernière présidentielle. le second texte aborde la professionnalisation du mouvement syndical et le rôle que peuvent jouer les permanents dans l'organisation. Je dois reconnaitre que l'auteur m'a conduit à m'interroger sur ses arguments. Je dois bien reconnaitre qu'un temps plein permet de libérer du temps pour d'autres actions.
Edwy Plenel est l'auteur du troisième texte dans lequel il aborde l'aspect messianique qui peut exister dans le militantisme en s'appuyant en partie du Lamennais et sur Bensaïd. Il interroge alors l'aspect religieux qui existe dans les mouvements. le dernier texte revient sur les formes de l'engagement à travers la disparition du sacrifice de soi. Cette évolution apparait pour l'auteur comme une conséquence de l'évolution de la société et des acquis antérieurs. Il souhaite montrer que les jeunes générations ne sont pas plus égoïstes que les anciennes, mais répondent à une volonté de mieux vivre, notamment leurs engagements. À nouveau, il s'agit d'une position avec laquelle j'ai un peu de mal.
La troisième partie « la diversité des nouvelles pratiques » quitte la forme de l'engagement pour visiter ce qui se réalise réellement en son sein. Je ne suis pas certain de comprendre la cohérence de la partie. D'un côté, nous avons quelques textes qui relatent un parcours, comme celui d'une jeune enseignante syndiquée qui explique les raisons de son choix, d'un autre, nous avons la présentation d'outils de l'engagement, Diffuz d'une part et la page Facebook des travailleurs d'Orange. Dans ces deux derniers cas, il s'agit d'outil qui permet une horizontalité de l'engagement. Les textes ne sont pas pour autant inintéressants, ils offrent la possibilité de comprendre les engagements de chacun et la raison d'épanouissement de nouveaux outils. le dernier texte qui présente un bénévole de la Croix-Rouge qui a la possibilité de construire son engagement à côté de ses autres obligations.
Pour quelqu'un comme moi, qui n'ai pas nécessairement le temps d'en faire autant qu'il le voudrait, cet aspect apparait particulièrement inspirant.
Le numéro se termine sur un « mode d'emploi » et quelques conseils de lectures pouvant compléter les thèmes abordés dans le numéro.
Je suis un peu déçu par cette lecture. Je n'ai pas trouvé ce que j'attendais, mais je pense que je ne me trouve pas dans cette ligne éditoriale. Les témoignages comme les quelques réflexions plus distanciées offrent tout de même la possibilité d'un certain travail de réflexivité sur sa propre pratique.
Je conseille cette lecture à ceux qui veulent précisément interroger leurs engagements, mais je le déconseille aux militants comme moi qui pourraient en ressortir avec une certaine frustration et l'envie d'en débattre.