Ce livre date de 1982. Il est donc largement dépassé. Toutefois il est évident qu'à son époque il était juste excellent, très complet, très précis, assez clair.Il n'a plus maintenant qu'un éventuel intérêt historique; Les nomenclatures, les thérapies ont pas mal évolué. Quoique pas tellement, somme toute. On ne reste pas bien avancé dans le ciblage fin des structures ou noyaux cérébraux engagés dans les différentes maladies ou pathologies. "Maladie maniaque" n'est plus vraiment une terminologie utiiisée non plus. Soit. Intérêt historique.
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Il n'est pas rare que de petits signes d'appel aient "été négligés par le patient ou l'entourage dans les jours qui précèdent. Ce peut être un "signal symptôme" dont les exemples foisonnent dans les descriptions classiques. Tel malade se revêt d'un peignoir rouge avant chaque accès. Tel autre va chez son dentiste commander une nouvelle prothèse. Telle patiente, née dans le Midi, accentue son accent méditerranéen pendant la semaine précédant l'accès. Certains sujets connaissent une véritable aura obsessionnelle : recherche obsédante de couleurs complémentaires, "crises" de nettoyage ou de rangement. Le début par une phase de "dysmétrie pragmatique" n'est pas exceptionnel ; troubles du jugement, quérulence, besoin d'action. L'un de nos patients signalait l'incubation d'un nouvel accès par un regain inhabituel de prosélytisme syndical, parfaitement adapté par ailleurs, mais rapidement oublié lors du déclenchement de la crise.
... les accès psychotiques surviennent préférentiellement au printemps et en automne. C'est aussi lors de ces deux saisons (avec un pic en fin de printemps) que semblent survenir plus volontiers les suicides.
La manie improductive ne conserve de la manie que l 'euphorie et une excitabilité exagérée. Le tempo de base n'est pas accéléré, il n'y a pas de fuite des idées. Ces patients donnent l'impression d'une euphorie passive et pauvre, entrecoupée d'impulsions à agir limitées et peu durables.La stupeur maniaque, assez proche de la forme précédente , constitue un état de mutisme euphorique et béat, peu mobile, inaccessible. Ces sujets restent cependant conscients et orientés, capables par intermittence de remarques amusantes, traversés par des idées délirantes de contenu variable.
Du fait du trouble fondamental de l'humeur, il est rare que le maniaque soit à même d'exprimer une souffrance, une demande, ou même d'accepter une hospitalisation. Dans le tourbillon frénétique de sa jubilation, il ne s'est jamais senti aussi bien, aussi puissant, et est hors d'état de percevoir autrement que confusément le caractère anormal de sa conduite. Les circonstances font donc que l'hospitalisation se réalise généralement d'une façon autoritaire, sans qu'un consentement éclairé ou durable puisse être obtenu du principal intéressé.
On a assez justement comparé la perturbation de l'association des idées chez le maniaque aux phénomènes rapportés lors de certains types d'altération de l'état de conscience (fatigue, surmenage intellectuel, dénutrition ou jeûne prolongé, intoxication alcoolique).