Je ne lis pas très souvent de la littérature française, je l'avoue sans peine. Mais quand je tombe sur un ou une auteur qui a su me charmer, je mets un point d'honneur à suivre son parcours. Et c'est ce qu'il s'est passé avec
Marie Caillet. le premier tome des Rumeurs d'Issar avait été une découverte originale et passionnante, il était donc impossible de passer à côté du Jugement des sabliers.
L'univers d'Issar sort de l'ordinaire. Choisir un monde avec une ambiance arabique/africaine n'est pas vraiment monnaie courante surtout en fantaisie. C'était déjà un bon point avec le premier tome, et ici,
Marie Caillet pousse encore plus loin les rouages de son monde. Nous continuons à l'explorer, à découvrir des contrées et aussi la genèse d'Issar. En plus d'être riche du point de vue sociétale, notamment en ce qui concerne la politique, la mythologie a quelque chose de réelle. J'entends par là qu'en plus de jouer avec les signes zodiacales, l'auteur a créé quelque chose de palpable. On y croit et c'est tout l'enjeu de la fantaisie.
J'aime aussi beaucoup le côté politique. Les rouages qu'il y a autour du pouvoir, les faux-semblants, les limites d'un système, les intrigues. On comprend de mieux en mieux le but de la Maison, même si pour moi, ce n'est pas non plus eux qui devraient gouverner ou avoir leur mot à dire. Je n'ai jamais été trop fan des révolutionnaires, car souvent, ils sont au fond exactement comme ceux qu'ils combattent. Mais ils peuvent être un tremplin, ce qui ne ferait pas de mal à toute cette société.
Concernant les personnages, et c'est là que pour moi, il y a une petite faiblesse. J'apprécie les personnages, mais je ne suis pas en « résonnance » avec eux. Ils sont soient sous-exploités comme Edjan et Kez, soit trop exploité comme Shaëll. Il y a aussi trop d'ambivalence, on ne sait pas sur quel pied danser avec eux. Et du point de vue de l'évolution, il n'y en a quasiment pas. Or si Shaëll a l'excuse d'être en mode vendetta, Edjan, lui… ne bouge pas d'un pouce, ou si peu. J'attendais tellement de notre héros, mais tellement ! Alors oui, on voit un peu qu'il commence à mieux maîtriser son pouvoir mais avec Kez rien ne bouge, et deux tomes à les voir comme cela… c'est de la torture. Shaëll m'a aussi agacé. Son côté tête brûlée fait qu'elle en devient suicidaire. A trop vouloir en faire une badass, c'est l'effet inverse qui se produit. Et c'est tellement dommage car ils ont du potentiel à revendre. Chanis est celle qui sort le plus son épingle du jeu.
Le jugement des sabliers est un très bon second tome cependant, et c'est assez rare pour le souligner. L'évolution de l'intrigue est bien menée et elle met en avant des détails qui ont toute leur importance. La fin est assez angoissante, mais on perd, pour moi, une grande partie de l'intérêt de cette scène (celle de l'arène) avec l'intervention d'un personnage plutôt qu'un autre. C'était pourtant le moment pour un des protagonistes de sortir de l'ombre. La suite s'annonce tout de même assez explosive, j'ai hâte.