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EAN : 9782717855357
207 pages
Economica (13/02/2008)
4/5   3 notes
Résumé :
La Grande guerre ne s'est pas déroulée comme l'avaient imaginée les chefs militaires des nations belligérantes. Des circonstances de fait, mal appréciées, ont imposé une guerre d'usure et ont rendu inutiles les tentatives pourtant répétées d'en finir grâce à une bataille décisive. La victoire est allée à ceux qui ont rempli deux conditions. La première, éviter l'épuisement des effectifs, résultat d'une dialectique entre pertes et renforts. La seconde, maintenir le c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La guerre commencée en 1914 a dominé le XXème siècle : elle ne s'est que provisoirement interrompue en 1918, pour reprendre, avec les mêmes protagonistes, plus le Japon, 21 ans plus tard.
François Cailleteau nous explique pourquoi les Alliés, France, Royaume Uni, Etats-Unis ont fini par « Gagner la Grande Guerre ". Il le fait avec la rigueur scientifique de l'historien, mais aussi, et c'est toute l'innovation de ce livre, avec l'expérience du combat d'un officier d'infanterie, et la compétence économique, financière et organisationnelle d'un contrôleur général des Armées et d'un inspecteur des Finances
Et tout d'abord, il répond à la question que nous nous posons tous sur la guerre de 14 : pourquoi des chefs d'Etats sensés se sont-ils lancés dans cette aventure sanglante ? Parce que chaque camp croyait à la « bataille décisive », détruisant l'adversaire en quelques semaines ou au pire en quelques mois. Les Allemands pouvaient d'ailleurs se prévaloir des précédents de 1866 contre l'Autriche-Hongrie et de 1870 contre la France.
Mais aucune percée n'aura lieu, ni allemande, ni alliée, ni en 14 (Belgique, Marne), ni en 15 (Somme), ni en 16 (Verdun), ni en 17 (Chemin des Dames), ni en 18 (Somme). Pourquoi ? Pour une raison que François Cailleteau analyse de façon lumineuse : certes, les moyens humains et matériels, et l'engagement, étaient considérables, des deux côtés, mais cette guerre s'est déroulée sans « arme de rupture », capable de rompre le front en profondeur, en exploitant rapidement une faiblesse temporaire de l'adversaire – ce qu'était la cavalerie lourde jusqu'à l'entrée en scène de la mitrailleuse et des canons légers, ce que seront en 1940 les chars. Toutes les offensives, quelles qu'en soit l'effroyable prix, se sont enlisées à quelques kilomètres de leur point de départ. Il a donc fallu « tenir », dans le réseau de tranchées qui courait, à l'Ouest, sur 1800km, de la Manche à la frontière suisse. Pour espérer gagner, il fallait avoir moins de pertes que l'ennemi, trouver des alliés, et maintenir un moral élevé.
Au chapitre des pertes, l'auteur nous livre une information essentielle, et peu connue des français : pendant tout le conflit, les pertes allemandes ont été moins lourdes que les pertes françaises et britanniques : jusqu'en 1915, celles-ci ont même été le double des pertes allemandes, rejoignant ensuite des taux de 1,20 à 1,50 selon les périodes. L'auteur tente d'expliquer ce grave problème, en premier lieu par la différence des niveaux d'entraînement et d'encadrement : l'armée allemande est plus jeune (compte tenu de la meilleure démographie de l'Empire), et mieux encadrée, notamment en sous officiers (110.000 sous officiers en Allemagne contre 58.000 en France). Second handicap français : l'artillerie, moins adaptée, et moins bien utilisée ; enfin, la conception des abris, beaucoup moins « bétonnée » que du côté allemand.
Trouver des renforts est la deuxième condition de la victoire, et, sur ce point, les alliés de 1914 ont été plus efficaces que l'Allemagne, en faisant entrer l'Italie, puis les Etats-Unis dans le conflit. François Cailleteau démontre comment les erreurs politiques imposées par l'Etat Major allemand, notamment la guerre sous marine à outrance (attaque des navires neutres) pèseront dans le choix américain, alors même que le neutralisme avait prévalu pendant 3 ans (1914-1917). Les alliés ont su également, mobiliser toute leur population, y compris dans leur Empire colonial (Afrique du Nord et Afrique Noire, Dominions britanniques).
Tenir : François Cailleteau analyse toutes les chutes de moral des belligérants, et remarque que, finalement, les démocraties (Grande Bretagne, Royaume Uni, Etats-Unis) sont parvenues, mieux que les régimes plus ou moins autocratiques (Empires allemand, russe et autrichien), à maintenir la cohésion et l'envie de vaincre. Face aux démocraties militairement victorieuses, les autocraties basculent dans la révolution, et les totalitarismes préparent le piège de la Seconde guerre mondiale.
En tout cas, ce livre mérite d'être lu par qui s'intéresse à l'histoire de l'Europe
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Ce livre s'attache à trouver les éléments qui ont permis aux forces de l'Entente de l'emporter sur celles de l'Axe durant le premier conflit mondial.
La lecture de sa table des matières suffit à elle seule à expliquer la démarche et le cheminement de l'auteur:

PARTIE 1 : L'inéluctable guerre d'usure

1- Une guerre très préparée mais peu ou mal pensée
2- le mirage de la bataille décisive

PARTIE 2 : Les facteurs de la victoire

3- Perdre moins d'hommes que l'adversaire
4- Trouver des renforts
5- Tenir au front et à l'arrière

Sa conclusion est plus discutable puisque sa démonstration l'amène à établir que ce sont les démocraties qui ont remportées ce conflit d'usure. Discutable car on sait désormais que les démocraties modernes souffrent grandement si les conflits s'éternisent et plusieurs d'entre eux les impliquant se sont terminés en eaux de boudin ou en défaites (Indochine/Viet-Nâm, décolonisation, Irak ...). de plus, c'est aussi ignorer l'après guerre où plusieurs de ces démocraties ont été mises à mal par les soubresauts du conflit (Dictatures italienne, guerre d'Irlande) y compris chez certaines lui ayant échappées (dictatures espagnole, portugaise, ...).
On peut se demander s'il ne s'agit pas d'un effet statistique, c'est à dire que d'un fait en faire une cause.
En effet, si les démocraties ont sues répondre aux problèmes des "mutineries" et plus générale de la baisse de morale qu'elles incarnaient, on peut aussi constater que ce phénomène s'est produit avec un an de retard chez leurs adversaires. Qui a donc résisté le mieux à la pression ? Ce n'est que la concomitante de ce phénomène avec un manque désormais trop chronique d'approvisionnement face à une efficacité déterminée et intelligente de leurs adversaires qui a conduit l'Axe à rompre en automne 18.
De même, si l'Entente n'avais pas eu en 17 les moyens d'apporter un peu de réconfort matériel et technique à ses troupes démotivées, auraient-elles pus juguler leur baisse de morale ? Si l'Axe avait eu ces mêmes moyens en 18 aurait-il pu lui aussi se sortir de la déprime? D'autant plus que son arrière était encore loin de se douter que ça tournait vinaigre au front pour leur compte.

Conclusion mise à part, l'avantage de l'ouvrage permet de voir le conflit sous un autre angle qui n'est pas du tout dénué d'intérêt pour autant et pose les vraies questions de ce qu'il faut être amené à faire et à supporter pour gagner un tel conflit.
Lien : http://vicissitudesludiques...
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