Roger Caillois, poète attentif de
Pierres, a collaboré à la NRF dès 1935 et publié les poèmes de SJP des années 40 dans sa revue,
Les Lettres Françaises, en Argentine. Il reprend après-guerre son activité à la NRF où SJP publie ses anciens poèmes en recueil, puis
Amers. Selon les lettres échangées entre les deux hommes (voir Correspondance de
Saint-John Perse et
Roger Caillois, Gallimard, Cahiers de la NRF, 1996), SJP demande à Caillois d'écrire sur sa poésie, demande qu'il fera disparaître de la correspondance publiée dans ses
Oeuvres complètes de la Pléiade (1972). Rappelons que c'est SJP lui-même qui a préparé ce volume avec quelques éléments d'autofiction.
Comme critique puis ami, Caillois publie en 1954 la première édition de
Poétique de St-John Perse (noter l'orthographe de St). le pratiquant de SJP y trouvera une fine exégèse, admirative mais sans flagornerie, SJP ne l'aurait pas supporté : « Il est ridicule de prétendre copier en exclamations éblouies et obscures les démarches réservées de la création » (p 10). La supervision de SJP a l'avantage d'éclairer les intentions et certaines images du poète, et l'inconvénient d'aliéner la liberté du critique. Elle illustre, comme beaucoup d'études des vingt dernières années, le souci de SJP de contrôler l'édification de sa gloire.