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Critique de Apoapo


Vis-à-vis d'une dichotomie en types idéaux opposés – introvertis vs extravertis –, qui n'est ni l'unique classification envisagée ni n'indique un modèle caractériel absolu ni même ne renvoie à des notions univoques en psychologie, l'auteure prend le parti de réhabiliter les introvertis qu'elle estime systématiquement lésés dans toutes les étapes de leur vie ainsi que dans tous les domaines de la société américaine (un constat qui est facilement exportable en Europe, peut-être à un degré à peine moindre). Cet essai est typiquement anglo-saxon : la simplicité de sa prose permet d'en effectuer différentes sortes de lecture et d'en faire des usages multiples. J'en prendrai en considération trois niveaux : celui du témoignage privé, celui de la vulgarisation théorique, celui du manuel pratique.

Au premier niveau, la démarche de Susan Cain vise à réunir sous une même cause, présente dès son enfance et afférant à tant de domaines de sa vie, une multitude d'anxiétés, mais aussi des choix professionnels et affectifs qui, de prime abord, sembleraient incongrus par rapport à sa personnalité. Revaloriser de maintes façons l'introspection injustement méprisée, réunir plusieurs témoignages d'introvertis, beaucoup plus nombreux alentour qu'on ne le pense, interroger des personnalités parmi les psychologues et autres scientifiques afin d'approfondir les aspects multiples de la question, se questionner sur la possibilité, l'opportunité et enfin les moyens de surmonter les aspects de son tempérament qui constituaient des entraves à son activité et à ses désirs, mais aussi, inversement, comprendre et estimer ses atouts et les raisons de ses préférences ; cela a sans doute été au départ une entreprise de connaissance de soi. Et elle peut servir d'exemple.

Au deuxième niveau, les questions qui se posent sont l'étendue des domaines où s'exerce la dévalorisation des introvertis, et le caractère « naturel » ou bien « culturel » de l'introversion : en d'autres termes « L'impact de la biologie » (Partie II) et « Toutes les cultures ont-elles un idéal extraverti ? » (Partie III). Dans chaque chapitre sont présentées des théories psychologiques et psychanalytiques jungiennes et des recherches différentes, particulièrement celle de Jerome Kagan ainsi que les récents apports des neurosciences – par ex. concernant la sécrétion de dopamine.

Au troisième niveau, l'on peut situer les nombreuses anecdotes biographiques de personnages historiques bien connus, tels Gandhi, le couple Roosevelt, Rosa Park – l'initiatrice des manifestations pour les droits civiques – ainsi que d'autres dont les Américains ont sans doute une plus grande familiarité que nous. Au fil de l'ouvrage, mais particulièrement dans la Partie IV, « Comment aimer, comment travailler ? » des conseils pratiques, parfois dans la forme la plus schématique possible, la liste, sont dispensés pour contrecarrer les effets délétères que même leurs propres parents et leur scolarité primaire, mais surtout leur milieu de travail et leurs relations de couple infligent au développement et à l'équilibre des membres de cette précieuse engeance de l'humanité, que la sélection naturelle n'a pas éradiquée...

[À déplorer le titre français (quand est-ce que les maisons d'édition laisseront faire les traducteurs !) : si « Quiet » est peut-être un mot difficile à traduire, par contre la « discrétion » n'a apparemment pas davantage à voir avec l'introversion que la sociabilité ou la gentillesse... ! ]
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