« J'aime les mots de
l'amour, pas toi ? »
La vie, la mort,
l'amour, tout ne fait qu'un chez
Louis Calaferte ! « Prends-moi dans tes bras et tue-moi. » J'ai ressenti des émotions fortes tout comme avec
Duras en lisant cette phrase. « Explique-moi ce que ça veut dire : baiser à mort ? »
Faire la nike à la mort en lui préférant la petite, rien de plus beau. le temps n'a plus de prise « Ne me parle pas d'âge. Je me fous de l'âge. Pourvu que je sois avec toi et qu'on ait une vie folle. J'en connais qui n'ont pas la moitié de ton âge et qui sont des macchabées à côté de toi. Et puis, je veux que tu m'apprennes, qu'on fasse des choses ensemble. du moment que je te fais bander, le reste ne compte pas. »
Des pensées de femmes.
Des pensées secrètes, des pensées avouées, des pensées inavouables, des pensées coupables, des pensées désespérées, des pensées gaies, des pensées étouffées.
Des pensées écrites par un homme.
Mince découverte que je suis !
Quand les femmes rivalisent avec Dieu « Viens me faire libre. Je suis la première femme du monde », « L'enfer ne me fait pas peur. Je suis une fille du feu », quand les femmes sont plus fortes que la Mort « Je ne veux pas voir le monde. Je veux des chambres closes, chaudes. Figée. Fais-moi
l'amour, que je ressuscite. », quand une femme avoue « Ma faiblesse réside dans le fait que je suis comme un animal blessé et que j'ai besoin d'amour. », j'ai plaisir à lire un homme qui le dit, « Le matin se lève pour honorer ton sexe. »
Quand des femmes souffrent « J'aurais cependant pu leur offrir quelque chose de savant qu'ils ne trouveront nulle part ailleurs : du plaisir désespéré. », quand des femmes crient un manque « Il y a vingt ans que je cherche
l'amour. Vingt ans que je cherche l'homme capable de m'aimer, capable de me faire jouir. Je le cherche toujours. Et on est des centaines dans mon cas, voilà la vérité. »,
Calaferte porte aussi leur parole.
Et une découverte : la plume de
Calaferte m'enchante. « Torse nu, je t'écris. Je tiens ce stylo comme une bonne grosse bite. Tu éjacules de l'encre de Foutre. Retiens-toi, mon amour. La nuit est longue et je suis là. » Son écriture est surprenante car il change de registre avec aisance ce qui donne un rythme épatant à ces pensées.
« Sa robe transparente, elle entrait dans la pièce par la grande terrasse sur laquelle elle ouvrait. Devant le dessin de son corps dans les fluctuances de l'étoffe que révélait un éblouissant contre-jour, le regard rivé sur cette sensualité offerte au viol, on retenait son souffle, le coeur serré par la viscérale confusion de la tentation. »
Et sans oublier, son humour : « Dis moi un mensonge. Je t'aime. Salaud. »
Alors j'avoue ma pensée du soir, j'ai aimé ce livre. Certes bite, bander ou encore sucer sont présents dans ce livre (peut-être branler aussi, mais faut que je le relise pour vérifier) toutefois je n'ai pas été choquée et puis c'est la vie,
l'amour... et ces gros mots sont aussi la poésie de
Calaferte, celle qui prône
l'amour, sous diverses évocations. Je me suis désolidarisée des propos quelques fois (les petits garçons n'ont jamais traversé mon esprit) mais je reconnais que
Calaferte a fait un travail de compilation des pensées féminines qui est surprenant et que cet auteur a une très jolie plume.
« Elle est seule à m'attendre sur le quai de la gare, d'une inoubliable joliesse, les cheveux ramenés sous un chapeau d'homme gris clair, note à la fois élégante et dévoyée soutenue par un veston masculin et un pantalon étroit qui allonge ses jambes, à la main une rose qu'elle me tend d'un geste à la grâce lente, un sourire dans le regard. Quelques chose de féerique dans cet instant comme soustrait au monde. »