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EAN : 9782070328918
140 pages
Gallimard (23/04/1996)
3.88/5   26 notes
Résumé :
L'oeuvre de Calaferte est proliférante, et dans le registre poétique, les styles alternent, montrant la curiosité insatiable de l'auteur pour toutes les formes : vers réguliers et rimés, vers blancs, invention verbale et recherche de rythmes. Entre une sensualité dévorante et une attirance mystique, Calaferte parcourt tout l'éventail des registres d'inspiration.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il est des livres pour lesquels toute critique est inutile. Rien de ce que vous pourriez dire n'aurait de quelconque intérêt. Ou alors faudrait-il être soi-même un poète -et pas n'importe lequel-; pour pouvoir être à la hauteur, pouvoir en retranscrire, dans un langage humain, les sensations qu'un tel livre peut procurer.

Rag-time est de ces livres-là. Il est de ces livres qui n'offrent pas d'autre possibilité aux lecteurs ou plutôt aux critiques d'êtres sublimes eux-mêmes, d'avoir dans leurs bagages quelque chose en plus que le commun des mortels.

Moi, je ne suis pas de ces critiques là . Quand on a un tel livre entre les mains, la seule chose qui reste à faire est de citer quelques extraits quand bien même cela reviendrait à en réduire la portée et la beauté.

Je ne connais rien de Louis Calaferte pourtant. Mes auteurs préférés, ceux qui font partie de moi, les Oscar Wilde, les Stevenson, les Hubert Selby Jr, j'aime leurs oeuvre autant que leurs vies. de Louis Calaferte, je ne connais rien. Patrick Eudeline n'en a jamais parlé dans les colonnes de Rock&Folk, Nick Tosches ne lui a jamais consacré une biographie et aucun de mes amis n'a jamais prononcé son nom devant moi. De même, aucune amoureuse ne m'en a offert un livre. Personne n'en a glissé un sur ma table de chevet ou oublié dans le salon. Je en sais pas d'où il sort, je ne sais pas qui il est, je ne sais pas d'où il vient.

Il est venu dans ma vie timidement, au Salon du Livre de Paris 2016, à l'occasion d'une exposition sur la collection poésie de Gallimard, dont j'aimerais jurer posséder un jour tous les ouvrages. Certains livres me faisaient de l'oeil, mais je ne voulais pas repartir avec un ouvrage que j'aurais pu me procurer ailleurs. Je voulais autre chose, une inconnue, comme un tableau blanc à remplir de vers inconnus. L'aventure quoi, et quel autre nom que celui de Calaferte évoque autant l'aventure ? Un nom puissant donc, au milieu de 500 autres, un regard jeté sur quelques lignes et le destin était joué.

Je n'en dirai rien de plus. Que faut-il faire d'autre que le lire ?

"Il y a quelque part, une terre aux merveilles
Mais je ne sais plus guère, aujourd'hui, où elle est

L'amarante des fleurs défuntes
J'ai des îles dans mon gousset
Et dans ma poche revolver
Les draps blancs d'un lit grand ouvert

Il y a quelque part, un chemin qu'on emprunte
Mais je ne sais plus guère, aujourd'hui, où il est"
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Civilités tendres des femmes
Quelle était celle d'entre vous femme d'âge
et grande
et mince
et silencieuse tout le jour
aux quiets enveloppements
à la fine pâleur
ce long ce lent visage d'autrefois
d'une intense clarté
quelle était celle d'entre vous si grande et sans mot qui
m'emmenait par le jardin aux roses ?
Diaphane
quelle était celle d'entre vous qui me chantait la chanson
triste des oiseaux séparés ?
je n'en pouvais tenir mes larmes
Qui avait cette voix si rare ?
p 87 Iles
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LONDONNIENNES


De ces matins à pommeaux d'or
au ciel de vernis pâlissant
où la ville n'est qu'un décor
un ballon à souffler dedans

Je te regarde à ta toilette et m'interroge
qui sommes-nous ici et à quelles horloges
s'ajustent alors nos destins
de ces matins de fruit de ces frêles matins
dont les bises clartés murmurent ton éloge
rallumant ce qui fut éteint

Cet éperon
du genou rond
qu'une ombre forge

Un bras levé
et cet Ave
pur de ta gorge

De ces matins adolescents
qui semblent vivre de leurs rentes

Londres cette vieille élégante
nous sourit de toutes ses dents

Dans l'embrouillamini de tes cheveux bouffants
tu avais des blondeurs d'enfant

p.149-150
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LONDONIENNES


À tous tes jeux de devinettes
quelquefois je perds mon latin
hier tu étais alouette
et aujourd'hui petit lapin

Tu es dragon ou tu es reine
au pays des vieux continents
et je ne te suis qu'à grand-peine
si tu te fais prêtre anglican

Mais moi aussi je te devine
quand tu mets tes bras à mon cou
que tu deviens fauve et câline
de la houle dans tes yeux fous

Et nous nous enfouissons dans des comas de laine

p.137
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LONDONIENNES
C'est ainsi que je te voulais
sur le grand lit écartelée
et toute pudeur en allée

Je t'ai connue tulipe close
puis un vent noir nous emporta
vers de pourpres jardins aux roses
où tu naquis entre des draps

Souveraine et impénitente
nue mais plus nue de le savoir
pour les solennelles ententes
de nos nuits comme des mouroirs

C'est ainsi que je t'ai volée
sur le grand lit écartelée
et toute pudeur en allée
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Îles !
aux escaliers de vos océans nègres qui braconnent le jade
la galène et le gypse
l’orpiment des parfums
toutes les vélissures
les amandes
les miels
caracoulant au creux de leur paume d’émail
Il se noue des pâleurs il se meurt des palombes
sous ces ventres arqués de sonnailles charnelles en lentes
chapes bleues flagellées de plumages dont on ne verrait rien
que l’écho
l’épée
que la tonsure
une luisance vierge
Il se foule des vins il s’aiguise des dagues
vives comme l’orvet qui givrent et qui meurent d’un même
accouplement
des bronzes
des aciers
des nudités femelles
des nuques en sanglots
des guimpes
des griffures
un désordre de foule alertée par l’oracle assassine les siens
dans l’effroi de l’exode
des verreries despotes
des lacets
des guipures
des races d’organdi
syncopes
des rosaces comètes lissent leurs chevelures de cendre
chamoisée qu’une écume jalouse écartèle en copeaux caparaçonnés d’or
multitude d’archanges et d’yeux au récit du miroir que d’autres beautés
neuves convoitent ardemment
des communiants exsangues brandissent l’ossement vermoulu
de leurs cierges ouvragés dans la nacre
coiffes de dentelle
cannelles damassées
des villes à cheval se fracassent entre elles après le jubilé de
leurs bouquets de dômes aux filandres lunaires
astres de cathédrales un instant balbutiés sur le déferlement
des fourrures absinthe
acropoles
fontaines
ogives
colonnades
palais grands !
sanctuaires écussonnés d’aigrettes aux mains de ces pillards
titubants qui déciment vos drapures vos dards vos fastes
esquissés
girandoles
grelots
et vos cuivres asiates
huiles
vos litanies
vos câpres
vos luzernes
temples d’une vision profanés par la horde erratique des
lames
Il se cabre des lèvres noires et des gorges ourlées de bure
dans ces lits turbulents où vous gémissez
Îles !
Îles !
oblations
coutures brèves à l’épaule des espaces meurtris dans l’uniforme
vacarme d’un pénétrant silence circulaire
apostrophes de temps
menhirs soudain du vide enveloppant l’indolence longue
des solitudes vagabondes
lettres ouvertes par grand vent que n’épellent plus les
langages
plombs
poings assénés
rameaux issus de la mouvance
… et l’aube vous connaît sables aux flancs de femme
qu’elle asperge de laits d’aromates sonores
cordelages guerriers les échancrures d’ocre
cinabre
beaux brigands
rotules convulsives
querelles
grainelures
les langues de mica
l’écriture ébréchée d’une démence rogue
supplices
corps roués
savanes de gingembre
cette musculature
cantate
les grands doigts cerclés de bagues fauves
gouttelettes du fruit sanglant sous le couteau
ganses
molles blondeurs
semoules exhumées de terres liquoreuses
… et l’aube vous connaît sables aux voix de femmes
ruades !
mercenaires clartés à forer les entrailles
plus haut trépans, plus haut !
jusqu’à la délivrance
déguenillez ces bistres larmoyants
plus haut !
rixes morsures épieux caravanes limpides chevaleries
gerçures placides chevillards
arraisonnez le cours des troupeaux toisonnés
plus haut !
dans leur retraite allumez ces viscères
merlins ensoleillés
ces carotides mornes
envahissez leurs cloîtres
géants aux jambes nues
pilons
crochetures de sel
dévalez les falaises tumultueuses
cuirasses rubicondes plus haut ! plus loin ! plus haut !
daviers blancs
purs métaux
plantez vos candélabres
le sexe droit du jour !
… et l’aube vous connaît sables à ses berceaux
paraissez ! dans le pourpre éveil de leur vaillance
Îles !
Îles !
Ô Nativités
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Videos de Louis Calaferte (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louis Calaferte
Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie) Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020. À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
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