Louis Calaferte continue son intimité dans l'extension de ses livres, chaque mots distillent un peu lui et de ses expériences amoureuses, plus particulièrement ses épanchements sexuelles. Lorsque vous pénétrez dans une aventure Calafertienne, vous êtes l'acteur des ébats salaces de ces personnages, tous centrés sur lui-même, ils sont son image,
Louis Calaferte aime se raconter, comme son roman culte
Septentrion, une oeuvre magnifiquement écrite, un bouleversement, et aussi
La Mécanique des femmes, une sensualité amoureuse et sexuelle intime savoureuse et électrique, cet opus,
Épisodes de la vie des mantes religieuses, est comme un ruisseau venant alimenter la richesse de l'intimité des textes de
Louis Calaferte, un carnet intime, relatant au fil des jours des émotions ,des sensations, des moments de vie libérant avec beaucoup d'éclat des sensations personnelles croustillantes et étonnantes.
Louis Calaferte, dans ce livre intime et complexe dans son écriture, où s'entrecroise une femme D., sa compagne, muse de cet amour consommant le narrateur et ses autres maitresses rencontrées au fil de sa vie, une succession de petites savoureuses anecdotes de ces conquêtes s'évaporent dans la galaxie où chaque étoile scintille la pureté érotique de la vie intime de ce narrateur, prisonnier de ces instants, revivant chaque geste, chaque mots comme une immuabilité des sens, tous se fige dans une cristallisation amoureuse, ses femmes habillant la chair de ce narrateur, instrument de cet attraction impulsive vers ces corps, ces bonheur de faire l'amour pour rencontrer encore et encore la mort, stèle de du sexe.
Le titre Episodes de la vie des mantes religieuses est un tableau misogyne dans toute sa splendeur, aux couleurs assassines, aux teintes masculines innocentes, aux contours d'Éros mortel, l'amour est un meurtre, le sexe mène à la mort. Je me souviens du livre de
Michel Onfray,
le souci des plaisirs - Construction d'une érotique solaire, où L'Érotisme de Bataille devient un cadavre de sexe nauséabonds, c'est surement dans ce sens que
Louis Calaferte ruisselle dans le sexe, comme si la mort s'amuser du plaisir, d'un suicide salace de l'accouplement, mais dans ces mots, la putréfaction amoureuse est féminine, l'une d'elle prude de base devient salope dans l'acte.
« Allez, mets tes saletés dans moi. »
Un autre associe l'acte à la mort, le plaisir d'avoir un homme en elle mourir,
« Je voudrais qu'un homme meure en moi. »
Une autre, une de ses maitresses, une femme infidèle, si salope avec sa queue, qu'elle veut toujours l'avoir en bouche, sentir son sperme en bouche, se mêlant à sa salive !
« Sans me toucher, ses mains arrondies autour de moi. Elle aspire sa salive entre ses lèvres avancées. – J'aime voire ça. – Viens. Agenouillée sur le lit – Je vais être bien salope. Pénitents du plaisir. »
Une autre très jeune, impertinente, désirant faire l'amour devant son père, vouloir le faire avec son frère, et se déclarant salope, le narrateur toujours acteur de ses femmes, subit la perversité de la gente féminine.
« le lendemain de notre première nuit. –Quand on fait l'amour, on est une femme. Nue assise au pied du lit, les jambes repliées sous elle. _Tu sais quel âge j'ai, exactement ? Elle prend la cigarette que j'ai à la bouche. - Je suis une petite salope. »
Ce récit troublant dans sa conception, interpelle le lecteur, ces phrases sont décousues, des sensations, des humeurs, des moments de vies, tous est inextricablement superposé, nous pénétrons dans les couloirs de la mémoire de
Louis Calaferte. Les paysages s'entremêlent à ses images féminines comme des songes nocturnes habitant ses nuits, ces spectres désirées, proche de sa respiration, où la tiédeur caresse son être d'une réalité existante, excitante. Cette dualité s'entrecroise avec beaucoup de magie, tout devient rêve, souvenir, fantasme, réalité des sens.
Ce rythme haletant des mots, des phrases, de cette prose décousue, ces vers chantant l'âme, ces phrases coulissent l'une aux autres, un trait d'union invisible de cette union ruisselle l'opaque aventure du narrateur vers le lecteur, prisonnier de cette prose immuable, ce cercle infini de courbe en courbe, ne s'arrête jamais. Cette D. invariable, reviens sans cesse-car ici toutes les femmes sont des lettres, anonymes - hante notre poète. de ses pensées obsédantes, la disparition, le suicide, le sang, et la chair s'agglutinent dans une danse Calafertienne, ses éphémères événements caressent l'absolu néant des profondeurs maléfiques agitant l'âme de cet auteur aux éclats sublimes d'une écriture magnétique, d'une puissance brulant votre chair au plus confins de l'abime vertigineux de votre être, marionnette de ces vers, de la vie passionnante et triste de
Louis Calaferte.
Louis Calaferte s'amuse de ses souvenirs, la prose poétique, des phrases courtes perlent au fil d'une narration intime, déchirant l'intimité de son être, de ses émotions passées, une fille portant une fleur de chèvrefeuille entre ses seins, double symbole sexuelle, sa femme D., cette compagne l'accompagnant tout au long de cette histoire, la nuit telle un spectre de ses fantasmes, est une plante naturelle carnivore, métamorphose naturelle nocturne, venant des ténèbres comme le pense le narrateur, paroxysme d'un narcissisme de plaisir de sa beauté. Puis toutes ses femmes rencontrées, chacune laissant notre auteur avec une forme de vie libérant des souvenirs de sensualité, de désir, d'odeur, de crachat, de sexe poignardé, le sexe glisse petit à petit dans une prose désirable de morbidité, « faire l'amour, est un meurtre », « Fais-moi mourir ». La mort, le suicide sont des états de vie du narrateur, l'excitation d'un bas noir d'une suicidée, pouvoir se rendre désirable après l'absurdité de son acte, tout dans la minutie du détail érotique, avoir l'écoeurement du canon en bouche, la mort embrasse la vie intime d'un inconnue renversée, ensanglantée, puis coule la nature, cette nature proche de lui, cette femme muse de ses envies, jonglant d'elle et de ses autres plaisirs, de ses mots, ci et là, glanant des idées, des sentiments, une verve prosaïque distillée dans le diffraction de l'esprit du narrateur, de ses souvenirs. La beauté est la mort forme un couple pour
Louis Calaferte.
« La matinée était si belle que, sous une forme quelconque, elle nécessitait la présence de la mort. »
Il y a le trouble de cette petite fille blonde morte, de cette chambre d'hôtel de cette ville Asc… le mystère d'un meurtre, d'un suicide, une pédophilie lointaine, de l'horreur de la petite fille blonde, écho lointain d'une sensualité à la cruauté de la torture du crabe. Sa mère rode dans les couloirs de ses souvenirs, dans une fornication, sa nourrice amoureuse de lui et ses autres scènes de cette fille de 11 ans violée, lui seul rescapé d'une noyade, délire surement de son imagination.
Ce texte au fil conducteur du meurtre de cette femme, assassinée dans son quartier, sauvagement poignardée au couteau de cuisine, rode sans cesse dans l'esprit de ce narrateur, comme D. sa compagne, maitresse principale de ce roman.
Louis Calaferte chavire les sens, respire la sensualité, conjugue le sexe avec la mort, oxymore plaisant baudelairien dans l'âme, la fleur du mal Calafertienne.