Mélancolie de la nasse

Xavier Calais est un habitué des manifestations. Avec nostalgie, il songe à celles, sauvages et nocturnes, au cours desquelles des Porsche pouvait être incendiées : « Il me semblait n'avoir jamais vu de ma vie plus beau feu de camp. » Regrettant que les cortèges tournent désormais littéralement en rond, chargés parfois avant même de partir, tout au moins sévèrement encadrés, que tout soit devenu « trop prévisible ». « La nasse n'était-elle pas devenue la métaphore de notre condition humaine ? »
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Témoignage touchant qui ne fera que confirmer pour beaucoup, sur un mode littéraire assumé, que la rue est bel et bien devenue une impasse.

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Xavier Calais nous raconte avec une ironie saupoudrée d'amertume les évolutions de l'action de rue rennaise.

Distribuant quelques taquets, plus ou moins appuyés, à des figures ou institutions locales, Xavier Calais évoque avec une grande franchise diverses expériences vécues et émotions ressenties ces dernières années. de la beauté d'une Porsche en feu à l'admiration d'acrobates grimpant pour casser des caméras de videosurveillance - généralement renommées "videoprotection" en novlangue.
Le fil rouge du texte étant la pratique de la nasse, qu'il évoque au gré de diverses digressions et de souvenirs variés.

Ses interactions verbales avec les forces de l'ordre sont savoureuses, à l'aune de son impertinence. On ne peut néanmoins s'empêcher de noter que sa tête de "personne éduquée" - pour reprendre une idée qu'il place dans la tête de la flic - s'avère aussi décisive qu'indispensable dans le succès de ces provocations. Par succès, j'entends "ressortir du commissariat sans être maculé d'ecchymoses ou pire".

Un texte agréable à lire, écrit dans une langue fluide et mordante. Un témoignage intéressant de l'état de santé de la contestation urbaine, mis en lien avec l'évolution des pratiques des forces de l'ordre.
Avec un petit bonus de plaisir si l'on connaît Rennes.