Comme témoignage réel, je trouvais ce livre fort émouvant et assez extraordinaire, mais suite à quelques recherches, j'ai lu que ce recueil de lettres pouvait être un faux, et là, j'ai l'impression de m'être fait totalement avoir. Du coup, je reste dubitative.
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Calamity Jane est une des légendes de l'Ouest américain et comme pour toute légende, la réalité et la fiction sont si entremêlées qu'elles en deviennent indissociables, le héros ayant lui-même largement affabulé de son vivant pour alimenter son propre mythe.
L'authenticité des lettres de ce recueil a été mise en cause par l'ensemble des experts de cette période. Wild Bill Hickok et Calamity Jane n'auraient jamais été mariés et n'auraient pas eu d'enfant, même si leurs chemins se sont croisés. Les lettres affirment le contraire et ce qui est amusant, c'est que leur auteur répond aux futures critiques de ses biographes. A 24 ans, Calamity aurait donc déjà conscience que les historiens réfuteraient son mariage avec Wild Bill. Et elle offre le conseil suivant à sa fille : « Ne laisse jamais aucun de ces ventres pourris plein de pus s'en tirer avec ces mensonges. » Et si le récit de sa vie, publié de son vivant, ne fait pas mention de cette union, c'est qu'elle avoue n'avoir livré à son biographe qu'une série de mensonges. Étonnant de la part d'une femme qui évoque en permanence ce mariage et qui se montre dans ses lettres très soucieuse de son image et des mensonges qui pourront circuler sur son nom.
Elle en profite pour contrecarrer l'argument principal des historiens : comment une analphabète a-t-elle pu rédiger ces missives ? Ah mais là aussi, elle a menti, elle a fait croire qu'elle ne savait ni lire ni écrire alors qu'en fait, elle avait de l'instruction. Euh oui, mais pourquoi…
Mais heureusement, Calamity qui a mené une vie d'errance et d'aventure a pu conserver sur elle ces lettres (certaines pendant près de 25 ans) et les envoyer en bloc, dans un bon état de conservation, au père adoptif de sa fille à l'approche de sa mort. Pfiou, moi j'ai glissé une ordonnance dans mon sac, une semaine après, elle ne ressemblait plus à rien. Mais il est vrai qu'elle livre à sa fille la recette d'un gâteau arrosé d'eau de vie et qui peut être conservé pendant vingt années. Si on peut conserver un gâteau pendant deux décennies, alors pourquoi pas des lettres...
Si ces lettres avaient été authentiques, elles auraient été poignantes et auraient livré un témoignage brut sur la vie dans l'Ouest américain. Le recueil semble n'être qu'une vaste supercherie et ce que je regrette, c'est que l'éditeur en n'exprimant aucune mise en garde sur la nature du texte, s'en fasse le complice.
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Biographie
Son véritable nom était Martha Jane Canary. Elle nait le 1er mai 1852 à Princeton au Missouri. Elle a deux frères et trois sœurs dont elle est l'aînée.
En 1865, la famille part pour le Montana. Elle a alors treize ans. Pendant le voyage, qui dure cinq mois, elle participe à la chasse avec les hommes. Sa mère (Charlotte Canary) meurt pendant le voyage. La même année, la famille émigre à nouveau, cette fois pour Salt Lake City, Utah, où son père meurt en 1868.
C'est alors qu'elle commence la vie aventureuse qui la rendra célèbre. Elle rejoint deux ans plus tard le général Custer en qualité de scout (guide, éclaireur). Elle fait campagne en Arizona contre les Indiens. C'est à cette époque qu'elle commence à porter des habits d'hommes. Elle exécute de dangereuses missions, participe à plusieurs campagnes et devient très habile au tir.
D'après ses mémoires, c'est pendant sa période scout qu'elle gagne le surnom de Calamity Jane. Dans le Wyoming, il lui est ordonné de partir avec un détachement. Parti pour plusieurs jours, le groupe de soldats subit plusieurs escarmouches indiennes au cours desquelles six soldats sont tués et de nombreux autres sérieusement blessés. De retour vers le fort, à quelques kilomètres seulement de celui-ci, le détachement tombe dans une embuscade. Le capitaine est blessé. Se retournant, Martha s'aperçoit que l'officier va tomber de son cheval. Elle galope alors vers lui et l'attrape avant qu'il ne tombe. Elle le hisse sur son cheval, devant elle, et le ramène au fort, lui sauvant la vie. Une fois guéri, le capitaine lui aurait dit, en plaisantant : « Je vous baptise Calamity Jane, l'héroïne des plaines. ». Ce surnom ne l'aurait plus jamais quittée.
Au cours de ses campagnes, elle est la première femme blanche à pénétrer dans les Black Hills, alors contrôlées par les Sioux, dont ce sont les montagnes sacrées. Elle doit ensuite rejoindre le général Custer à Little Big Horn. Durant son voyage, elle est contrainte de traverser à la nage la rivière Platte, à la suite de quoi elle tombe malade. Elle est rapatriée au Fort Fetterman, où elle reste quatorze jours. Puis, ayant récupéré, elle se met en route pour Fort Laramie. Là, elle rencontre William Hickok. Elle fait la route avec lui jusqu'à Deadwood. Puis elle assure la liaison, en qualité de courrier, entre Custer, encore dans les Black Hills, et Deadwood. Un jour d'août 1876, son ami Wild Bill Hickok est tué d'une balle derrière la tête dans un saloon de Deadwood. Bien que l'on prête à Calamity Jane une aventure avec ce dernier, il semblerait qu'ils n'aient été en fait que de très bons amis, sans plus, et que le père de son enfant ne soit autre qu'un lieutenant avec lequel elle aurait eu une liaison quelque temps.
Elle serait alors partie à la recherche de l'assassin, un nommé Jack McCall, et l'aurait attrapé pour le livrer à la justice. Mais celui-ci se serait échappé. Il a été repris quelque temps plus tard, jugé puis pendu.
Elle quitte Deadwood en 1877 avec le septième de cavalerie. L'année suivante, elle fait un peu de prospection. Puis elle fait des navettes entre différents forts et villes avec un attelage de bœufs, les animaux les plus résistants pour ce genre de trajets dans cette région précise. Elle ne cesse de changer d'activité et de voyager, allant du Wyoming, vers l'Oregon, ou encore vers la Californie, élevant du bétail ou le convoyant.
En 1885, à El Paso, elle rencontre Charley Burke (ou Charlie Burke), un Texan avec lequel elle se maria, voulant enfin s'arrêter quelque part. Deux ans plus tard, elle met au monde une petite fille. La famille part alors pour le Colorado, où ils ouvrent un hôtel. Puis ils voyagent encore de ville en ville pour revenir à Deadwood, dix-sept ans après le départ de Martha. Ses anciens amis sont ravis de la revoir ; certains veulent mettre par écrit ses aventures et d'autres lui proposent de les jouer. Entre temps son mari la quitte. Elle est alors engagée au Palace Museum de Minneapolis en 1896. Elle participe ensuite à plusieurs spectacles centrés sur le mythe de l'Ouest américain (Wild West Shows), en vogue à l'époque.
Elle meurt le 1er août 1903. Deux de ses amis transportent son corps de la ville de Terry à Deadwood, où les membres de la Société des Pionniers des Black Hills organisent ses funérailles. Habillé de blanc, placé dans un cercueil capitonné, son corps est exposé dans l'arrière-salle d'un saloon, où tous les habitants de Deadwood peuvent venir lui faire un dernier adieu.
Elle est enterrée à Mont Moriah Cemetery (Deadwood), à côté de Wild Bill, selon sa volonté.
Source éditeur Rivages
Je conduis une diligence, ces temps-ci. [...] Le révérend Sipes et Teddy Blue Abbott m'ont trouvé ce boulot. Ils semblaient penser que ça valait mieux qu'être hôtesse dans un saloon. Tu vois que ta mère travaille pour gagner sa vie. Un jour, j'ai du poulet à manger et le lendemain les plumes. Hier, je suis tombée sur Jack Dalton. On dit que c'est un hors-la-loi, mais tout au fond de son cœur, il est bon.
Extrait d'une lettre de Calamity Jane à sa fille Janey, Octobre 1890
Vois-tu, ton papa Jim m'a promis qu'il m'enverrait toujours une lettre chaque année, le jour de ton anniversaire. Comme j'ai été heureuse d'avoir des nouvelles de lui ! Il m'a envoyé ta petite photo : tu es mon portrait craché à ton âge, et en regardant ta petite photo ce soir, je m'arrête pour t'embrasser, et puis, à me souvenir, les larmes viennent et je demande à Dieu de me laisser un jour réparer les torts d'une façon ou d'une autre envers ton père et envers toi.
Il faisait tant de choses gentilles. Il s'agenouillait pour que je mette pied à terre,donnait la patte et comprenait tout ce que je lui disais. J'avais un sac d'avoine : il venait chaque jour à ma porte pour en avoir un écuelle. Je puisais l'avoine dans le sac. Un jour, il est venu, je lui ai montré le sac vide et lui ai dit qu'il n'y en avait plus. Il est parti vers les collines et n'est jamais revenu m'en demander. Il savait. Il comprenait. Bon, voilà que je mouille ce vieil album de mes larmes en pensant à mon pauvre vieux copain fidèle.
Il n'y a vraiment rien dans ce monde d'aussi merveilleux que la foi d'un enfant dans quelqu'un qu'il aime.
Cette semaine, Jérôme Garcin enlace Martha Jane Canary alias Calamity Jane. Il a choisi de lire des extraits de ses lettres a sa fille placée dans une famille adoptive. Derrière la légende, une mère émouvante, qui parle de la cuisine et des hommes.