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Tu vas par-dessus son épaule lire le journal intime d'un ado où il se livre sans masque. Pas de quoi fouetter un chat, penses-tu ! Tu n'y trouves que des petites peines ou des espérances bien ordinaires. Mais elles appartiennent à celui qui écrit ces mots en cachette ; elles sont ses trésors ou ses tourments, elles le dévorent de l'intérieur, ou le font sourire aux étoiles. La période durant laquelle tu vas lire ce journal est très courte. Un mois et demi à peine ! Mais il est des mois qui valent des années, surtout quand l'ado en question va connaître les affres de son premier grand amour, et être contraint de se carapaçonner contre la cruauté de l'échec et de l'incertitude. Il s'appelle Emile. Il est plus petit que les autres. Plus faible aussi. Ce n'est pas le genre de môme que les filles repèrent au premier coup d'oeil. Son intelligence, sa sensibilité sont loin de pouvoir compenser ces défauts. A le lire se plaindre de lui-même, rire de ses faiblesses, se lamenter, larmoyer, on n'est pas très loin du vilain petit canard. Et puis, il y a la famille ! Comme dit si bien Renaud : « on choisit ses copains, mais rarement sa famille ». Elle vit dans une caravane, en attendant de pouvoir construire un pavillon, et le père est représentant de commerce. La « honte stratosphérique » pour un jeune ado. Emile aime ses parents plus que tout. Il n'y a aucun doute là-dessus. Mais parfois, il aimerait bien les cacher, les tenir à l'écart, les voir loin de lui. Quant aux filles, les choses sont simples, elles ne sont pas pour Emile ! Trop effacé. Pas assez de charisme. Manque d'audace et d'à-propos. Jusqu'au jour où Pauline, plus belle que toutes, l'inaccessible Pauline, lui tend la balle de ping-pong qu'il vient de faire tomber. Tout s'emballe alors ! Les premiers émois. Cette vie de funambule entre cette folle espérance qui vous éparpille et cette peur panique de la déroute, de la bérézina. Parce qu'en amour, quel que soit son âge, il n'y a pas de demi-mesure. Les parents qui s'en mêlent avec leur « délicatesse » habituelle. le voyage à Venise qui, à tout moment, risque de virer au fiasco. le grand frère qui entre dans le jeu. Les gros mensonges pour sauver les apparences. Les caresses inattendues de Natacha. Et Emile littéralement traversé par le rire franc et clair de Pauline. Emile a le sens de l'humour et de la dérision. Il sait rire de lui-même et des autres, sans méchanceté ni haine gratuite. Il n'a pas honte de pleurer non plus, de nous montrer toute sa tristesse, toutes ses désillusions. Et on a hâte qu'il poursuive son journal pour savoir comment il va s'en sortir. J'ai passé un bon moment avec Emile. J'ai beaucoup ri, et parfois je me suis senti ragaillardi. Une belle histoire fraiche, tendre et primesautière. + Lire la suite |