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sur 255 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ty Ty est le patriarche d'une famille nombreuse du Sud des Etats-Unis. Ils sont ce que l'on appelle des « white trash », c'est-à-dire pour les uns des « salauds d'pauvres » et pour l'autre des « sans-dent », littéralement des « raclures de blancs ». Ils ont été bannis du rêve américain, de cette société qui voue un culte aveugle à ses héros les « self made men » car dans la pyramide des classes sociales ils arrivent en-dessous du dernier des « nègres » analphabètes. C'est cette population méprisée qu'Erskine Caldwell raconte dans « le petit arpent du Bon Dieu ».
Ty Ty creuse avec sa famille son terrain depuis quinze ans, à la recherche du filon d'or qui les rendra tous riches. Il l'explique lui-même : « Evidemment, je n'ai pas encore trouvé un vrai filon, dit Ty Ty, mais nous n'en sommes pas loin. Nous brûlons, je l'sens dans mes os. Mon père m'a dit qu'il y avait de l'or dans cette terre, et pour ainsi dire tout le monde en Géorgie me l'a dit aussi… ».
A aucun moment il ne s'est douté de la métaphore du père. La niaiserie du « white trash », l'innocence, la faiblesse d'esprit et la candeur feront qu'il mettra toute son énergie à creuser sa terre à la recherche de cet or fictif plutôt que de la cultiver pour en tirer profit et qu'elle lui amène les substantielles richesses auxquelles son père faisait allusion.
Les éléments de la farce d'Erskine Caldwell sont en place.
Ne manque plus qu'à capturer un nègre albinos qui vit dans les marais et qui aurait des dons de sourcier pour trouver le gisement aurifère. Or sur ce terrain, en bon croyant, Ty Ty a dédié un arpent au Bon Dieu, duquel, tout ce qui y est produit est donné à l'église. Il n'imagine pas que son filon puisse se trouver sur cet arpent. Alors il décide que désormais il se situera sous sa maison, à l'abris de toute prospection minière. Voilà bien une belle illustration du sens pratique du « white trash » !
A aucun moment Caldwell n'est dans le jugement. Il ne fait qu'échafauder une suite de situations dont la logique des réactions est propre à l'intelligence primaire de ses personnages, à leur raisonnement simplifié à l'extrême, pour en faire ce qui pourrait nous apparaitre comme une comédie humaine désopilante à la loufoquerie attendrissante et la drôlerie émouvante. Mais le rire a ses limites et Erskine Caldwell en observateur averti de la condition humaine sait rappeler la part de tragédie qu'il y a souvent dans les situations qui font sourire.
Editions Gallimard, Folio, 270 pages.
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Toujours à la pointe de l'actualité littéraire, je découvre tranquillement Erskine Caldwell avec ce roman de 1933 (mais traduit en français en 1936 seulement, tu parles d'une excuse).
Nous sommes donc au début des années 1930 dans un patelin du fin fond de la Georgie. Là, tenaillé par la fièvre de l'or, Ty Ty Walden, avec l'aide de ses fils Buck et Shaw et de ses nègres, creuse méthodiquement sa propriété à la recherche d'un improbable filon. Mais dans ce Vieux Sud bigot, on garde un arpent pour le Bon Dieu : tout ce qui y est produit ou récolté va à l'Église. Et Ty Ty, au fur et à mesure qu'il troue sa terre, déplace régulièrement ce petit arpent sur lequel, de fait, il ne produit plus rien. Et puis s'il y a les fils de Ty Ty, il y a aussi les filles, Rosamond et Darling Jill et, plus séduisante encore, Griselda la belle-fille. Et Will, le gendre ouvrier d'une filature prête à fermer si les ouvriers n'acceptent pas la baisse de leur salaire, meneur d'hommes et séducteur. Autant dire qu'il n'y a pas que la fièvre de l'or qui touche la famille Walden.
Le petit arpent du Bon Dieu commence comme une farce. Alors que Ty Ty et ses fils creusent au milieu de cette propriété transformée en immense champ de trous et de bosses, débarque Pluto Swint, personnage falot épris de la fantasque Darling Jill et candidat au poste de shérif du comté. Pluto, soucieux de séduire celui qui pourrait devenir son beau-père si ses rêves se réalisaient, vante les mérites des noirs albinos et plus particulièrement leurs capacités magiques à trouver les filons d'or. Ça tombe bien, Pluto en a justement vu un dans les marais. Et Ty Ty de décider de partir en quête de ce drôle de nègre pour le capturer et le mettre au travail sur sa propriété.
Mais la comédie verse peu à peu dans le roman noir à mesure que se révèlent les tensions entre les personnages, les dissensions et les points de rupture. Minée par une concupiscence qui s'affirme autant dans la recherche obsessionnelle de l'or que dans le désir sexuel et les relations consommées ou pas entre les différents personnages, la famille Walden s'achemine lentement mais sûrement vers le drame. Un drame à plusieurs facettes par ailleurs puisque la crise vient aussi s'immiscer dans le récit au travers de la fermeture annoncée de la filature contre laquelle combat Will.
Ce qui séduit chez Caldwell, c'est cette capacité à passer de loufoquerie au noir le plus profond – sans doute parce que la vie est un peu comme ça – et à décrire ces paysans incultes, ces rednecks superstitieux en se gardant bien de les juger. Les Ty Ty, Griselda, Pluto, Will ou Darling Jill sont comme ça, un point c'est tout et ce qu'ils sont dicte leurs comportements qui, pour ne pas être forcément en accord avec ce que la société juge admissible ne sont ni pire ni meilleurs que ce que ladite société a à proposer en retour à ces ploucs que vient heurter la Grande Dépression.
Dans le genre strict du roman noir ont porte légitimement aux nues un Jim Thompson ou, un peu plus récent, un Harry Crews qui eux aussi décrivent ces moins-que-rien du trou du cul de l'Amérique, leurs pulsions, leur rapport au sacré. Nul doute qu'ils doivent beaucoup à Caldwell qui, alors que l'on encense Faulkner, un de ses contemporains, mérite d'être redécouvert.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Quel plaisir de découvrir près de 50 après sa parution ce célèbre roman qui connut un succès mondial retentissant
L'histoire se passe au fin fond de la Géorgie
Ty Ty Walden est un brave paysan qui cultive un peu mais surtout creuse des trous depuis 15 ans car il est sûr qu'un filon d'or se cache sous son terrain. Ce brave croyant garde toujours un arpent de terre pour le Bon Dieu : tout ce qui s'y trouvera sera destiné à l' Eglise
Il a deux fils Buck et Shaw , des filles Darling Jill et Rosamund , une magnifique belle fille Griselda
Will, le gendre , meneur d'hommes et séducteur, est obsédé par la reprise du travail dans sa filature
Bien sûr, il y a deux travailleurs noirs
Tout ce beau monde n'est pas bien riche, disons franchement à la limite de la faillite
Arrive Pluto, gros bonhomme mais qui veut épouser la fille qui n'en fait qu' à sa tête.Lui se veut homme politique toujours à la poursuite de ses électeurs qu'on ne verra jamais
Leur vient une idée géniale : aller capturer un noir albinos aperçu dans les parages.Car chacun sait que le noir albinos a le don inné de repérer les filons d'or
Et c'est parti pour cette chasse à l'homme loufoque
Erskine Caldwell a le sens de l'humour et aussi une façon très empathique de parler de ces gens tout au bas de l' échelle sociale
Mais il sait aussi glisser de façon implacable de l'humour vers le roman noir
Bien sûr, rien ne se passera comme prévu car les passions humaines existent partout : l'amour , la haine ,la jalousie , Éros et Thanatos
Le brave Ty Ty essaie de calmer tout le monde , patriarche désorienté
Inutile d'en raconter plus
C'est un livre qui n'a pas pris une ride
Partir d'une petite histoire familiale , de vies minuscules pour aboutir à une réflexion sur la nature humaine, c'est du grans art, c'est du génie
Si, comme moi, plus tout jeune, vous êtes passés à côté de ce livre ,dépêchez vous de le lire car, à coup sûr, vous vous en souviendrez
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Ty Ty Walden possède une ferme de cent arpents au fin fond de la Géorgie, il y vit avec ses deux fils Buck et Shaw, sa fille Darling Jill, sa belle fille Griselda et leur deux employés noirs. Nous sommes au début des années 1930, lors de la Grande Dépression. Son père lui a dit qu'il y avait de l'or sur le domaine avant de le lui transmettre, quinze ans auparavant. Depuis Ty Ty est saisi par la fièvre de l'or et creuse de grands trous dans son terrain à la recherche d'un improbable filon, car il n'a pas compris l'allégorie de son père. Pluto Swint, candidat au poste de shérif très paresseux est amoureux de Darling Jill et tous les prétextes sont bons pour se rendre à la ferme, même si elle aime le faire tourner en bourrique. Il y vient un après-midi pour avertir Ty Ty qu'il a entendu de source sûre qu'un Noir albinos vit dans le marécage près de la ville voisine et chacun sait que les albinos savent trouver à tous les coups les filons d'or. le vieux paysan décide d'aller attraper l'individu avec ses fils et demande à Pluto d'emmener les filles dans une ville industrielle à deux heures de route afin qu'elles ramènent son autre fille et son mari Will, ouvrier dans une filature en grève. Puisqu'il est sûr désormais de trouver l'or, il faut du monde pour le déterrer. Ce qui avait commencé comme une farce va basculer en drame en quelques jours sous l'effet de la fièvre de l'or, mais surtout du désir suscité par Jill et Griselda, deux trop belles filles.

Caldwell nous offre un voyage chez les paysans et les ouvriers blancs du Sud, qui sont tout en bas de l'échelle sociale et profondément méprisés par leurs compatriotes, ils sont passés complètement à côté du rêve américain, ils sont incultes, naïfs et bigots. L'auteur parle de ces populations défavorisées sans jugement. Ty Ty est à la fois stupide et aveugle, il croit à l'existence de son filon en dépit du bon sens, et ne peut plus nourrir sa famille car il ne cultive rien sur sa terre ravagée. de même il encourage les hommes de son entourage à désirer Griselda et Jill par les compliments crus dont il les arrose sans arrêt. Si Jill est plutôt dévergondée et n'a pas besoin d'être encouragée sur cette voie, Griselda semble plus sage, mais Ty Ty finira par provoquer le drame. Griselda est un personnage ambigu, vertueuse et fidèle en apparence, mais qui se révèlera femme fatale au final. Malgré ses défauts Ty Ty ne veut que le bien de sa famille et rêve que tous soient unis dans l'amour, il est croyant à sa manière. Un de ses fils lui reproche son hypocrisie religieuse et le fait qu'il parle sans cesse de Dieu, mais ne va jamais à l'église et s'arrange pour que son arpent consacré au Seigneur ne rapporte jamais rien et surtout pas de l'or, mais Ty Ty se revendique d'une foi personnelle et son approche n'est pas telle que son fils la ressent. Ty Ty est finalement un personnage touchant, qui se résigne à la fatalité et n'arrive pas à endiguer les catastrophes qu'il a lui-même causé involontairement.

L'écriture de Caldwell est très agréable, il nous fait passer d'un roman amusant avec des personnages presque comiques de par leurs travers au roman noir, vraiment noir. Sa description de Will et des autres ouvriers de la filature, aussi aveugles que Ty Ty dans un autre genre est très intéressante aussi, tout comme le rôle des femmes mi-anges et mi-démons.

J'avais découvert ce livre il y a bien des années et j'ai eu grand plaisir à le relire pour voyager dans l'Amérique d'il y a près d'un siècle, immortalisée par de grands auteurs.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Années 1930. Ty Ty Walden vit dans sa ferme en Géorgie, avec deux de ses fils, Buck et Shaw, sa fille cadette, Darling Jill, une dévergondée au caractère bien trempé, et sa belle-fille Griselda. La ravissante Griselda, dont Ty Ty dit: "elle avait la plus belle paire de nichons qu'un homme puisse voir et, une fois qu'on les avait vus, on ne pensait qu'à tomber à quatre pattes et à lécher quelque chose". Les Walden creusent depuis quinze ans des trous dans leur terre au lieu de la cultiver, persuadés qu'ils sont de trouver bientôt un filon d'or. Bien que d'immenses trous éventrent la terre, un seul arpent est néanmoins toujours préservé, dont les fruits sont réservés à l'église du coin. Cependant, cette terre est sans arrêt déplacée, selon les envies de Ty Ty de creuser à tel ou tel endroit. Ne pensant qu'à son or, il pousse le ridicule jusqu'à capturer au lasso un albinos qui vit dans les marais. Car d'après ce qu'on lui a dit, les albinos seraient capables de trouver instinctivement des filons d'or.

Du grotesque du début , on sourira de toutes ces facéties, de la simplicité animale des Walden, de leur sagesse proverbiale contestable; on passe à la cruauté et à la misère sociale. Les descriptions de certains sentiments, très forts, très crus expriment l'animalité de l'homme, le désir sexuel, la haine et la jalousie.

Totalement amoral, ce livre dépeint avec cynisme la misère sociale et intellectuelle de ces "redneck". Dommage qu' Erskine Caldwell soit de moins en moins lu, car c'est un auteur très talentueux.
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Nous sommes au début des années 30. Py Py Walden est veuf. Il a cinq grands enfants dont trois vivent avec lui dans sa ferme, en Georgie. Et puis, il y a Griselda, sa belle-fille, belle à rendre fou ; surtout quand on l'est déjà un peu comme l'est Py Py Walden . Persuadé que le sous –sol de sa ferme contient de l'or, aidé de ses deux fils, il creuse sa terre depuis quinze ans au lieu de la cultiver. Seul un lopin est épargné : « le petit arpent du bon Dieu » dont les fruits sont réservés à l'église locale. Et pourtant…
Publié en 1933, en pleine crise économique, Erskine Caldwell dépeint la misère rurale du Sud des Etats-Unis. « le petit arpent du bon Dieu » est une histoire hors norme, absurde et cynique, hilarante, fantasque et violente, où se mêlent dans un contexte crasseux du Sud profond, des personnages bêtes et méchants…
D'une lecture facile et jouissive, une perle, à défaut d'or.
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LE PETIT ARPENT DU BON DIEU d' ERSKINE CALDWELL
Ty Ty Walden est un pauvre planteur de coton qui emploie 2 familles noires pour cultiver. Il est veuf, vit avec ses filles, ses fils et sa belle fille. Elles ont en commun une grande beauté et sont peu farouches voire...Ty Ty emploie son temps et celui de sa famille à creuser des trous sur son terrain, persuadé qu'il est qu'il s'y trouve de l'or, c'est son grand père qui lui a dit. Il conserve un petit arpent pour l'église et se promet de lui donner sa part quand il trouvera l'or( arpent qu'il déplace au fil des ans!).Bien sûr, creuser des trous ne fait pas pousser le coton et la famille à besoin d'argent.
Sur cette base Caldwell construit un roman sombre et truculent, désespéré et désespérant. Comme souvent chez lui, les pulsions sexuelles incontrôlables vont déclencher des catastrophes en chaîne sur ce fonds traditionnel de bêtise, d'inculture et de fainéantise.
Ty Ty est un brave type, tolérant mais totalement débordé par sa famille et obnubilé par sa quête de l'or, incapable de réaliser que c'est la qualité de son terrain à cultiver qui est l'or du grand père.
C'est sûrement un des Caldwell les plus aboutis avec une critique acerbe sur les courtiers, les banques et les filatures qui lui valut à l'époque, 1930, une interdiction de parution.
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Amateurs d'Amérique profonde, Erskine Caldwell vous entraîne dans le sud des États-Unis durant la grande dépression, au pays des cul-terreux édentés au comportement primaire. Vous y ferez la rencontre de Ty Ty et de sa famille, Ty Ty, un pauvre bougre, fruste et atteint d'une fièvre de l'or profondément ancrée, convaincu qu'à retourner sa terre il finira par trouver un filon. Alors il creuse chaque jour que Dieu fait. En vain. Mais quand Pluto, candidat dégénéré à l'élection de shériff, lui explique que seul un nègre albinos a le flair suffisant pour réussir là où lui échoue, Ty Ty se met en tête de mettre la main sur celui qu'on a justement aperçu dans les marais.

Si le roman débute comme un simple portrait social un brin caricatural, il s'oriente doucement vers le drame et affine ses personnages alors qu'on réalise peu à peu que leur principale complexité réside dans leur extrême et basique simplicité. Ils n'ont ni morale ni éducation, un langage cru et une sexualité débridée, une appréciation toute personnelle de la foi, pratiquent un racisme ordinaire et atavique et, finalement, sont d'autant plus attachants qu'ils n'ont que des défauts.
La suite sur mon blog :
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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Une belle découverte lors d'une animation à la librairie, j'ai aimé le récit rocambolesque ainsi que la verve des personnages, notamment la façon dont le désespoir et la bassesse sont dépeints
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