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EAN : 9782810004447
544 pages
Editions du Toucan (05/10/2011)
3.62/5   20 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur

L'Europe peut-elle rester la même si sa population change ? Selon Christopher Caldwell, la réponse est non. Une Révolution sous nos yeux constitue la première analyse sans concession des bouleversements colossaux induits par les vagues d'immigration à dominante musulmane que connaît l'Europe de l'Ouest et la France en particulier, depuis un demi-siècle. Observateur scrupuleux de l'Islam et de l'Europe depuis plus de dix ans, ... >Voir plus
Que lire après Une révolution sous nos yeux. Comment l'Islam va transformer la France et l'EuropeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ce formidable Essai de l'Américain Christopher Caldwell (journaliste et spécialiste des affaires politiques Européennes) est, me semble-t-il, le plus complet et sort totalement du champ oppressant du "politiquement correct" et de la Pensée Unique, sur le sujet crucial de la problématique concernant l'imprégnation inéluctable de l'Islam en Europe Occidentale. En effet, il s'agit à la fois d'un constat actuel, factuel et de prévisions pour l'Europe au 21ème siècle, à partir d'arguments incontournables et convaincants et de statistiques indiscutables (basées essentiellement sur le développement démographique de l'Islam).
Christopher Caldwell démontre à travers son passionnant ouvrage, qu'une immigration intercontinentale (comme c'est le cas depuis plusieurs décennies) destinée à entrer en Europe Occidentale, peut engendrer des problématiques, d'ordres : politique, culturel, linguistique, religieux, identitaire, législatif, etc. ; d'où l'amer constat concernant l'échec de la politique Européenne d'intégration et a fortiori..., d'assimilation.

L'appel à la main-d'oeuvre étrangère pour l'Europe, et particulièrement à celle d'Afrique du Nord après la Seconde Guerre mondiale, durant les "Trente Glorieuses" et jusqu'à nos jours ; ainsi que les "généreuses" politiques d'immigration de la fin du 20ème siècle et de ce début de 21ème siècle, sont donc en train de nous revenir comme un boomerang, en termes de difficultés : démographique, d'intégration et de communautarisme, de l'immigration musulmane en Europe (page 161) :

"Si les Européens avaient compris, quand l'immigration en provenance de Turquie, du Maroc, d'Algérie et d'ailleurs débuta dans les années 1950 et 1960, que des milliers de mosquées seraient disséminées d'un bout à l'autre de l'Europe un demi-siècle plus tard, jamais ils ne l'auraient autorisée. La tolérance européenne aux autres cultures était sincère, en particulier chez les élites, qui n'ont pourtant pas su davantage prévoir qu'une telle tolérance entraînerait l'instauration, le retranchement et la propagation régulière d'une religion étrangère sur le sol du continent. En échange de bénéfices économiques mineurs et de très courte durée, l'Europe a replanté les graines d'une menace qu'elle avait mis des siècles de patience et de violence à surmonter - la discorde entre les religions, tant au plan intérieur qu'entre les nations."

Pour l'auteur, le problème majeur est clairement : l'Islam. le constat est que la démographie migratoire massive des pays, principalement, en provenance d'Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte, etc.) a totalement modifié et continuera inéluctablement et durablement de modifier la physionomie de l'Europe Occidentale (page 36) :

"La paix et la prospérité futures de l'Europe dépendent de la facilité avec laquelle ces nouveaux arrivants (et leurs enfants et petits-enfants) s'assimileront à la vie européenne. Au milieu du XXe siècle, il n'y avait quasiment pas de musulmans en Europe occidentale. A l'orée du XXIe, ils étaient entre 15 et 17 millions, dont 5 millions en France, 4 millions en Allemagne et 2 millions au Royaume-Uni."

Comme nous le verrons plus loin, plutôt que de s'adapter à l'Europe, l'Islam tente de faire en sorte que ce soit l'Europe qui s'adapte à lui. C'est bien là le noeud du problème, devenant de plus en plus prégnant pour nos sociétés Européennes. Christopher Caldwell nous explique que cette problématique se scinde alors en deux réalités distinctes (page 52) :

"En réalité, nous faisons face à deux problèmes différents qui, parce qu'ils se recouvrent, sont souvent considérés, à tort, comme ne faisant qu'un. Il y a d'une part le problème de l'aptitude de l'Europe à assimiler les immigrés, et de l'autre les difficultés de l'Europe vis-à-vis de l'Islam."

Il est parfaitement anormal que, l'Islam, depuis près d'un demi-siècle et de manière fortement accélérée ces dernières décennies, conduise au développement des rites et "interdits" obligatoires (confer sur cette notion, le passionnant ouvrage de Anne-Marie Delcambre L'islam des interdits), au sein de la République Laïque Française ainsi qu'en Europe, avec des pratiques et rituels, tels que :
- L'inégalité entre les hommes et les femmes : par exemple, l'obligation pour les femmes de rester chastes jusqu'au mariage. Des filles sont même assassinées ("meurtres d'honneur") par des membres de leur propre famille (père ou frères) ;
- L'excision comme le "meurtre d'honneur" proviennent de traditions musulmanes spécifiques à l'Afrique Orientale et à l'Anatolie Orientale ;
- L'ouverture de salles de prière dans les immeubles de bureaux, les usines et les grands magasins ; ainsi que les inacceptables prières dans la rue, comme les prières de la rue Myrha (dans le 18ème arrondissement de Paris) qui est fermée à la circulation chaque vendredi, depuis des années ;
- La polygamie est quant à elle issue de la culture musulmane d'Afrique Occidentale ;
- Les mariages arrangés, voire forcés, l'intimidation conjugale et le fait de battre son épouse relèvent également de plusieurs cultures musulmanes ;
- Des horaires réservés aux femmes dans certaines piscines municipales ;
- Dans certaines communes : la revendication consistant à faire servir de la viande halal à la cantine, dans les écoles ;
- A Aubervilliers (commune fortement peuplée de Nord-Africains) de nombreux enfants s'absentent de l'école, le vendredi, pour la prière musulmane ;
- L'interdiction pour un musulman de quitter l'Islam (crime d'apostasie) ;
- Etc..
Sans réactions de la part des représentants de l'Etat Français, cette accumulation de revendications engendre une impossible réversibilité de l'imprégnation de l'Islam au sein de la République Laïque Française. L'Etat Français finit parfois (mais seulement ponctuellement) par réagir, comme dans le cadre de l'interdiction du port du "voile" à l'école en 2004, et très récemment, concernant la loi de 2011, interdisant le port de la "burqa", dans l'espace public.

Le taux de fécondité étant globalement deux fois plus important chez les musulmanes que chez les Européennes, l'auteur nous démontre que la démographie Européenne a commencé à opérer une mutation irréversible, qui continuera tout au long du 21ème siècle (page 43) :

"Au milieu du siècle, dans la plupart des grands pays européens, les populations d'origine étrangère représenteront entre 20 et 32 % du total.
Une partie de cette augmentation est liée aux nouvelles arrivées, mais l'essentiel découle du large fossé entre la fécondité des autochtones européens et celle des immigrés non-européens, qui peut mettre des générations à se combler.
(...) En France, dans les années 1990, l'indicateur conjoncturel de fécondité des femmes autochtones était de 1,7 enfant par femme, mais celui des immigrées de 2,8. En moyenne, les immigrées de Tunisie, de Turquie et du Maroc avaient entre 3,3 et 3,4 enfants, plus que les femmes restées leur pays d'origine."

Puis (pages 168, 169 et 170) :

"La population d'immigrants d'Afrique subsaharienne a cru de 45 % entre 1999 et 2004. Dans le département de Seine-Saint-Denis, à forte dominante nord- et ouest-africaine, où ont éclaté les émeutes de 2005, le nombre d'enfants de parents nés en France a chuté de 41 %, alors que le nombre d'enfants d'immigrés se multipliait par deux et demi. Beaucoup de régions du pays sont marquées par ce que la démographe Michèle Tribalat appelle "un processus de substitution".
Le continent compte environ 20 millions de musulmans, y compris ceux venus des Balkans. Comme indiqué plus haut, ils sont environ 5 millions en France, 4 millions en Allemagne et 2 millions en Grande-Bretagne. Les Pakistanais et les Bengalis sont prédominants en Angleterre, les Arabes en France, en Belgique et en Espagne, et les Turcs en Allemagne ; mais dans tous les pays d'Europe occidentale, l'Islam comprend, dans une certaine mesure, des gens venus de tout le monde islamique. La forte concentration de ces populations détient le potentiel de démultiplier leur influence. Un million de musulmans vivent à Londres, où ils constituent le huitième de la population. A Amsterdam, ils représentent plus du tiers des individus croyants, dépassant les catholiques et les protestants cumulés.
Les musulmans dominent désormais ou sont en position de dominer certaines villes européennes parmi les plus importantes.
(...) Alors que l'immigration se poursuit et que les musulmans déjà présents sur les lieux gagnent en force électorale et en flair politique, ces espaces-là vont revêtir un caractère musulman sans cesse plus marqué.
(...) le Conseil national du renseignement des Etats-Unis s'attend à voir la population musulmane d'Europe doubler, sur l'ensemble du continent, d'ici 2025."

Ce développement est d'autant plus rapide et marquant, que chaque individu qui est issu d'une famille non-Européenne de religion Islamique, devient obligatoirement dès sa naissance : musulman. Et comme nous l'avons vu plus haut, il est quasiment impossible "officiellement", puisque par définition INTERDIT (par l'Islam), pour cet individu..., de quitter la religion Islamique (crime d'apostasie). Les premières générations d'immigrés non-Européens ont cherché à s'intégrer à leur nouvel espace Européen. En revanche, aujourd'hui, une partie de la génération actuelle de musulmans ne se place plus dans un processus d'intégration et encore moins d'assimilation, mais dans un processus inverse de "désassimilation" : c'est-à-dire de revendication de la culture musulmane (voir les exemples cités plus haut) et de communautarisme.
Quant aux Islamistes radicaux : leurs actions relèvent du prosélytisme le plus dur et du Terrorisme aveugle.

De nos jours, la France est jonchée de zones de non-droit, foisonnant de délits et de crimes de plus en plus graves (page 192) :

"La violence relative des quartiers musulmans est un obstacle de taille à la mixité sociale et à l'intégration. Dans tous les pays européens, ce sont les immigrés et leurs enfants qui commettent beaucoup de délits, et même la plupart de ces délits dans certains d'entre eux.
(...) Selon le sociologue Farhad Khosrokhavar, l'Islam est "sans doute désormais la première religion des prisons de France". Les chiffres précis restent difficiles à rassembler, mais, dans les prisons voisines de certaines banlieues, la proportion de musulmans est de 80 %."

Également (page 196) :

"En 2002, les statistiques de l'Union européenne montraient que la France enregistrait chaque année 4 244 délits pour 100 000 habitants, un taux plus élevé qu'aux Etats-Unis, depuis si longtemps décriés à cet égard. Là encore, une bonne part de ces délits, sinon la plupart, était commise par des minorités immigrées et leurs enfants. Ce n'était probablement pas une coïncidence si le Front national de Jean-Marie le Pen et son idéologie néofasciste accéda au second tour de l'élection présidentielle, en privant le parti socialiste, deuxième parti de France, du suffrage populaire."

De nos jours, on constate que, ni le modèle Français "assimilationniste", ni celui Britannique de multiculturalisme n'ont fait leurs preuves. Ce que souhaitent de nombreux immigrés naturalisés de la génération actuelle, c'est de vivre en étrangers en Europe, plutôt que de s'assimiler... (pages 218 et 219) :

"Dans la France de Jacques Berque, celle qui a consacré le plus de ressources à l'apprivoisement de l'Islam, de jeunes gens de parents musulmans se considèrent eux-mêmes comme musulmans avant de se penser comme Français. Quand on leur demandait quel aspect les caractérisait le mieux, un tiers environ des élèves musulmans répondaient que c'était leur religion, contre moins de 5 % d'enfants français autochtones en réponse à la même question. le journaliste Alain Gresh, très à gauche, notait que l'expression "deuxième génération" n'était jamais utilisée pour les générations antérieures de jeunes Français dont les parents étaient Italiens et Polonais. Cela pouvait signaler un manquement aux traditions françaises de la citoyenneté - cela constitue plus probablement un signe que, si fortes que soient les traditions, l'attachement de cette génération actuelle aux héritages ancestraux est plus fort."

En fait, pour la plupart des musulmans, la religion Islamique transcende et se situe donc au dessus de la notion même, de Nation. En effet, les musulmans se sentent..., musulmans, avant d'appartenir à une Nation. Ce qui va évidemment totalement à l'encontre de notre principe Républicain Français de Laïcité. L'Islam dépassant ainsi le cadre trop étroit, pour lui, de la Nation et même de l'Europe, il se présente alors en un "Islam mondialisé". D'un côté, les États Européens sont gérés dans un cadre politique, alors que l'Islam se propose lui-même de régenter les États, par ses propres lois issues de la Charia (lois de l'Islam régissant tout dans une société : la politique, la religion, le social, l'individu, etc.).
D'ailleurs, dans certaines familles musulmanes, on inculque dès leur plus jeune âge aux enfants, leur appartenance à la religion musulmane, avant leur appartenance à un pays ; comme en témoigne une enquête menée auprès des écoles, par le Ministère Français de l'Éducation Nationale, en juin 2004 (pages 236 et 237) :

"Un grand nombre d'élèves d'origine maghrébine, Français voire de parents français, la majorité sans doute dans certains établissements, se vivent comme étrangers à la communauté nationale, opposant à tout propos deux catégories : "les Français" et "nous". Se revendiquant hier, lorsqu'on les interrogeait, d'une identité "arabe", d'ailleurs problématique pour les Maghrébins, ils se revendiquent de plus en plus souvent aujourd'hui d'une identité "musulmane". Un endoctrinement qui peut commencer dès l'école primaire, comme en témoignent certains instituteurs. Beaucoup de collégiens, interrogés sur leur nationalité, répondent de nos jours "musulmane". Si on les informe qu'ils sont Français, comme dans ce collège de la banlieue parisienne, ils répliquent que c'est impossible puisqu'ils sont musulmans !"

Pour synthétiser, Christopher Caldwell explique ceci (page 237) :

"Que ce soit dû à la nature intemporelle de l'Islam ou au monde du XXIe siècle en transformation, l'Europe n'a pas du tout affaire à un problème d'immigration ordinaire, mais à une culture concurrente."

L'Islam compte 1,3 milliard de musulmans dans le monde, et le Christianisme 2 milliards de fidèles. Mais l'Islam pourrait rapidement former une sorte de "culture dominante".
Car l'Islam démontre régulièrement son intransigeante agressivité, notamment à travers des fatwas (dans ces cas, il s'agit de lois de condamnation), comme celle contre Salman Rushdie suite à la publication de son roman "Les versets Sataniques", en 1988. de même qu'en 2006, l'enseignant Français Robert Redeker a reçu des menaces de mort, suite à la publication d'une tribune dans Le Figaro. En 2005 encore, le monde musulman s'est largement indigné (doux euphémisme) à l'encontre des douze dessins, les "Caricatures de Mahomet", publiées dans le journal Danois Jyllands-Posten. Cette intransigeance pouvant même conduire à des assassinats, comme celui du cinéaste Theo van Gogh aux Pays-Bas, en 2004, par un Islamiste Hollandais.
Il y a bien là un double problème consistant d'une part, dans des manifestations et menaces de la part d'Islamistes radicaux et de musulmans "modérés" à travers le monde, pouvant donc conduire à des meurtres ; et d'autre part, dans le fait que, RARES sont les musulmans d'Europe qui "contre-manifestent", au nom de la Liberté d'expression et plus généralement... de la Démocratie (confer l'excellent ouvrage de Jean-François Revelle Regain démocratique), à l'encontre de ces intimidations et menaces.
Il arrive même souvent que des musulmans d'Europe se joignent aux musulmans non-Européens. Par exemple, certains jeunes radicaux ont défilé à Westminster avec des pancartes d'une violence inouïe, proclamant (pages 282 et 283) :

"Décapitez Ceux Qui Insultent l'Islam", "Massacrez Ceux Qui Insultent l'Islam", et "Europe, Quand les Moudjahiddines Vont Déferler, Tu Vas Ramper".

Pire encore, il n'y a quasiment jamais de dénonciation provenant du monde musulman, en ce qui concerne la foultitude des monstrueux attentats terroristes perpétrés à travers le monde, par les Islamistes Intégristes, depuis une trentaine d'années (page 384) :

"Après le 11 Septembre, les Occidentaux s'attendaient à des dénonciations énergiques et sans ambiguïté du terrorisme - car de telles dénonciations étaient le seul moyen de distinguer les "modérés" des radicaux. Comme aux Etats-Unis, la condamnation du terrorisme par les musulmans en Europe n'a jamais été un phénomène assez fréquent ou assez marqué pour rassurer leurs concitoyens. Il y avait là comme un test collectif de loyauté. Dans leur majorité, les musulmans y ont échoué."

En complément de son analyse, Christopher Caldwell précise que la menace Islamiste radicale est largement déployée à travers le monde. En ce qui concerne l'Europe, cette dernière est régulièrement secouée par des attentats d'Islamistes Intégristes, souvent kamikazes, comme : la vague d'attentats en France en 1995, à Madrid en 2004, à Londres en 2005, etc..
Sans oublier évidemment, aux Etats-Unis, l'effroyable attentat contre le World Trade Center à New York, le 11 septembre 2001.
Et d'ailleurs, l'auteur fait un parallèle fort pertinent afin de démontrer que cette menace est bien réelle et présente en Europe (page 340) :

"L'une des raisons pour lesquelles les Européens n'ont guère prêté attention aux tendances politiques des minorités ethniques, c'est leur foi dans la prise de décision démocratique, qui confine à la superstition. Même si les gens s'inquiètent de ce qui se passera quand les minorités ethniques totaliseront 50,1 % de la population de certaines villes, elles semblent considérer qu'ils ne pourrait rien arriver de mal tant qu'on n'en est pas là. Pourtant, des minorités peuvent façonner un pays. Elles peuvent conquérir un pays. Il y avait sans doute moins de bolcheviks en Russie en 1917 qu'il n'y a d'islamistes en Europe aujourd'hui".

En conclusion :

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Ce livre est la suite logique d'une voie ouverte, en 1996, par le politologue américain Samuel Huntington, avec son livre le Choc des civilisations, dans lequel il présente la culture islamique comme un ensemble unifié, n'évoluant pas, répugnant à s'ouvrir aux influences extérieures. D'autres essais de la même veine, décriront une opposition frontale entre l'Occident et le monde arabo-musulman, ils parleront d'une bataille de valeurs et de l'intelligence, où l'islam incarne l'intolérance et un passé rétrograde face à un Occident démocratique. Certains mettent l'accent sur le fait que l'islam menace l'Europe, vers les années 2010, la notion d'axe du mal « Eurabia » nous proposera cette description d'un islam conquérant, autoritaire, envahissant l'Europe, une UE bientôt absorbée par un monde arabe expansionniste du fait d'une immigration arabe massive voulue par l'élite multiculturelle.

C'est un livre à charge. L'ouvrage de Caldwell fait la synthèse des dangerosité de l'islam, une sorte de bible de la nouvelle « droite nationale » qui trouve un écho à l'échelle de l'UE avec les partis comme le Parti du peuple danois, Droit et Justice en Pologne ..etc
Que dit-il ? l'Europe fait face à un envahissement musulman avec une natalité « galopante » alors que les naissances des Européens « s'effondrent ». Il prédit que, d'ici 30 ans, l'Italie sera peuplé à 50% « d'étrangers », qu'un cinquième des des Pays-Bas seront musulmans, que le tiers de l'UE sera peuplé " d'éléments non autochtones » et ainsi de suite.

Caldwell manipule, extrapole très facilement les chiffres, néanmoins, nombre d'études, réalisées dans de très nombreux pays, contestent ces chiffres. Ces études s'accordent sur un ratio de 6% de personnes supposées musulmanes soit grosso modo 50 millions sur les 575 millions qui peuplent l'UE, les projections montent à 8 % en 2030. La notion d'envahissement développée par Caldwell est bien maigrichonne aux regards de données un peu plus sérieuses.

E.Todd, dans « Rendez-vous des civilisations » montrent que ce problème de natalité se posent quel que soit la latitude ou la couleurs des religions en exercice. En Algérie, au Maroc… les taux chutent, les communautés musulmanes européennes n'y échappent pas et finissent par rejoindre celle des communautés autochtones entre 1,8 et 2,1 avec quelles qu' exceptions notables < 1,5.
J'ai été personnellement choqué par cette logique, réductrice mais efficace, développée par Christopher Caldwell qui vise à opposer un bloc identitaire musulman et un bloc chrétien. Une logique, aussi, qui considère tous les immigrés, leurs enfants, les nouvelles générations, quels que soient leur milieu social et leur manière de vivre, comme de potentiels "islamistes" actifs.

Caldwell s'étend longuement sur l'extrémisme islamique, le salafisme djihadiste, la charia, il trouve dans des événements récents les plus horribles tout un argumentaire d'une « contamination ». Ces deux discours extrémistes - l'anti-islamiste et le djihadiste -, tous deux partisans d'un clash des civilisations, se répondent et s'amalgament en une "prophétie autoréalisatrice". Une logique de guerre, à laquelle nous ne sommes pas insensible. Néanmoins, comme on peut le souligner « "Il y a des milliers de jeunes musulmans français qui se voient refuser des stages, mais ils ne commettent pas pour autant des attentats »
C'est oublier volontairement et intentionnellement la réussite de millions de ces Européens issus de l'immigration qui sans abandonner leur religion sont capables de penser la pluralité qu'exigent la plupart des pays de l'UE. Ils sont syndicalistes, avocats, artisans, militants politiques, étudiants.

L'islamophobie développé par Caldwell date d'un autre temps. Une grande part des pays musulmans de la zone asiatique, les plus peuplés, vivent un islam apaisé. S'il y a en Orient ou au Pakistan des groupements de talibans anachroniques, la planète musulmane n'est pas à feu et à sang, les revendications de modernité avancent inexorablement, M.Chebel « partout, la jeunesse proteste, clame son impatience de voir les structures fossiles bouger ; plus aucun despote ne peut conduire son peuple sans être contesté, plus aucun démagogue religieux ne peut se prévaloir de son lien unique à Dieu quand tout le monde "tweette" et "skype" ». (M.Chebel, Algérien, est anthropologue des religions).
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L'auteur expose dans ses grandes lignes la situation de l'immigration en Europe en la remettant dans une perspective historique et en la comparant avec le cas américain.L'immigration de masse liée à la mondialisation économique, l'américanisation de la culture occidentale, la Guerre Froide d'une part et la culpabilité consécutive à la colonisation et l'Holocauste ainsi que la création de l'Europe d'autre part ont fait reculer les cultures du Vieux Continent ainsi que les souverainetés nationales.L'Europe est donc pris aujourd'hui entre deux universalismes qui s'opposent :l'Islam et le marché.Et force est de constater que si les immigrés musulmans viennent chercher en Europe un mieux-être sur le plan matériel, bon nombre d'entre eux refusent de composer par principe avec la culture du pays d'accueil, et ce de façon plus accentuée au fils des générations (progression des mariages avec quelqu'un du pays d'origine) et ce indépendamment d'une éventuelle hostilité à leur égard.
Par rapport à l'Amérique,l'auteur rapproche donc le problème de l'immigration en Europe davantage de celui ( à peu prés résolu) du racisme plutôt que de celui de l'immigration hispanique (de même religion).L'assimilation cède la place à l'intégration qui elle-même semble céder la place à l'implantation...
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Tous les politiques devraient lire ce livre sociologique sur notre société, et sur l'Europe en général, qui décrit la réalité des transformations le plus souvent niées par les élites parisiennes.
Mais qu'en feront-ils ?

Comme dans "Fractures françaises" de Christophe Guilly, le discours universitaire rejoint la vraie vie (avec toutes les précautions nécessaires mais sans rien céder).

Dans un tout autre genre, mais fondamentalement sur le même sujet, je conseillerai la lecture du roman Dawa, de Julien Suaudeau, dans lequel des héros de type thriller incarnent cette nouvelle réalité...
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Un des premiers livres étudiant avec courage le changement social et culturel en train de se produire en Europe, avec la complicité d'une oligarchie et d'un complexe économico-industriel sans foi ni loi, et encore moins de morale. Caldwell a été l'un des premier à enfoncer le "cordon sanitaire" autours de ces questions. Factuel, précis et efficace dans son écriture, il n'y a rien à redire concernant ce livre. A lire et faire lire, pour continuer le travail de réveil des européens qui sont à la croisée des chemins de l'histoire : c'est maintenant qu'ils devront choisir entre survivre ou disparaître ! le livre de Caldwell est un superbe argumentaire pour qui veut lutter dans l'intérêt de notre culture. J'ajouterai que la lecture de ce livre devrait être complétée par "La Fondation du foyer blanc" de Kemp... le dernier brûlot en date...
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critiques presse (1)
LaPresse
10 janvier 2012
L'analyse de Caldwell est sans complaisance : des bouleversements profonds sont en cours en Europe parce que les élites socio-politiques ont sous-estimé les conséquences de l'immigration musulmane. Et ce, au profit d'avantages économiques à court terme.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ce livre est la suite logique d’une voie ouverte, en 1996, par le politologue américain Samuel Huntington, avec son livre Le Choc des civilisations, dans lequel il présente la culture islamique comme un ensemble unifié, n’évoluant pas, répugnant à s’ouvrir aux influences extérieures. D’autres essais de la même veine, décriront une opposition frontale entre l’Occident et le monde arabo-musulman, ils parleront d’une bataille de valeurs et de l’intelligence, où l’islam incarne l’intolérance et un passé rétrograde face à un Occident démocratique. Certains mettent l’accent sur le fait que l’islam menace l’Europe, vers les années 2010, la notion d’axe du mal « Eurabia » nous proposera cette description d’un islam conquérant, autoritaire, envahissant l’Europe, une UE bientôt absorbée par un monde arabe expansionniste du fait d’une immigration arabe massive voulue par l’élite multiculturelle.

C’est un livre à charge. L’ouvrage de Caldwell fait la synthèse des dangerosité de l’islam, une sorte de bible de la nouvelle « droite nationale » qui trouve un écho à l’échelle de l’UE avec les partis comme le Parti du peuple danois, Droit et Justice en Pologne ..etc
Que dit-il ? l’Europe fait face à un envahissement musulman avec une natalité « galopante » alors que les naissances des Européens « s’effondrent ». Il prédit que, d’ici 30 ans, l’Italie sera peuplé à 50% « d’étrangers », qu’un cinquième des des Pays-Bas seront musulmans, que le tiers de l’UE sera peuplé " d’éléments non autochtones » et ainsi de suite.

Caldwell manipule, extrapole très facilement les chiffres, néanmoins, nombre d’études, réalisées dans de très nombreux pays, contestent ces chiffres. Ces études s’accordent sur un ratio de 6% de personnes supposées musulmanes soit grosso modo 50 millions sur les 575 millions qui peuplent l’UE, les projections montent à 8 % en 2030. La notion d’envahissement développée par Caldwell est bien maigrichonne aux regards de données un peu plus sérieuses.

E.Todd, dans « Rendez-vous des civilisations » montrent que ce problème de natalité se posent quel que soit la latitude ou la couleurs des religions en exercice. En Algérie, au Maroc… les taux chutent, les communautés musulmanes européennes n’y échappent pas et finissent par rejoindre celle des communautés autochtones entre 1,8 et 2,1 avec quelles qu’ exceptions notables < 1,5.
J’ai été personnellement choqué par cette logique, réductrice mais efficace, développée par Christopher Caldwell qui vise à opposer un bloc identitaire musulman et un bloc chrétien. Une logique, aussi, qui considère tous les immigrés, leurs enfants, les nouvelles générations, quels que soient leur milieu social et leur manière de vivre, comme de potentiels "islamistes" actifs.

Caldwell s’étend longuement sur l’extrémisme islamique, le salafisme djihadiste, la charia, il trouve dans des événements récents les plus horribles tout un argumentaire d’une « contamination ». Ces deux discours extrémistes - l’anti-islamiste et le djihadiste -, tous deux partisans d’un clash des civilisations, se répondent et s’amalgament en une "prophétie autoréalisatrice". Une logique de guerre, à laquelle nous ne sommes pas insensible. Néanmoins, comme on peut le souligner « "Il y a des milliers de jeunes musulmans français qui se voient refuser des stages, mais ils ne commettent pas pour autant des attentats »
C’est oublier volontairement et intentionnellement la réussite de millions de ces Européens issus de l’immigration qui sans abandonner leur religion sont capables de penser la pluralité qu’exigent la plupart des pays de l’UE. Ils sont syndicalistes, avocats, artisans, militants politiques, étudiants.

L’islamophobie développé par Caldwell date d’un autre temps. Une grande part des pays musulmans de la zone asiatique, les plus peuplés, vivent un islam apaisé. S’il y a en Orient ou au Pakistan des groupements de talibans anachroniques, la planète musulmane n’est pas à feu et à sang, les revendications de modernité avancent inexorablement, M.Chebel « partout, la jeunesse proteste, clame son impatience de voir les structures fossiles bouger ; plus aucun despote ne peut conduire son peuple sans être contesté, plus aucun démagogue religieux ne peut se prévaloir de son lien unique à Dieu quand tout le monde "tweette" et "skype" ». (M.Chebel, Algérien, est anthropologue des religions).
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Comme le remarquait Toqueville à propos de l'effondrement du christianisme à la fin de l'Ancien Régime : "Les hommes qui conservaient l'ancienne foi craignirent d'être les seuls à lui rester fidèles, et, redoudant plus l'isolement que l'erreur, ils se joignirent à la foule sans penser comme elle. Ce qui n'était encore que le sentiment d'une partie de la nation parut ainsi l'opinion de tous, et sembla dès lors irrésistible aux yeux mêmes de ceux qui lui donnaient cette fausse apparence."
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De ce point de vue (réussite sociale de certains immigrés),il est difficile de décrire l'Europe comme une civilisation en déclin.Et pourtant, c'est une civilisation en déclin.Il lui manque un facteur difficile à définir.Qu'elle soit ou non capable de se défendre, elle a perdu de vue la raison pour laquelle elle devrait se défendre (p 459).
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Les immigrés apportent aussi avec eux désordre, pénurie et criminalité. Des immigrés turcs ont été impliqués dans des fusillades dans des écoles en France et aux Pays-Bas. L’Italie a ses « laveurs de pare-brise » originaires des Balkans qui soutirent l’argent des automobilistes à la manière des mendiants de Manhattan dans les années 1970 et 1980. Et la plupart des pays d’Europe ont connu des troubles liés aux immigrés, si ce n’est de véritables émeutes.
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L’immigration est en effet une opportunité culturelle, à la fois euphorisante et revivifiante. Mais c’est aussi une épreuve de force entre deux cultures. Par le passé, les immigrations – les réfugiés juifs et huguenots, les manœuvres de Pologne, d’Irlande ou d’Italie – étaient assez importantes pour enrichir leurs territoires d’accueil, mais pas assez pour les menacer.
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