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Le Singe", une histoire touchante et des illustrations qui charment par leur caractère un peu onirique et philosophique profonde pour la jeunesse.
Ce singe s'appelle Bruno. Et oui, cela fait sourire, voire rire.
Bruno a un rêve. Les singes rêvent?
Peut-être sont-ils aussi portés par leurs souvenirs et leurs pensées, comme nous autres humains, lors de leur sommeil. Mais des projets?
Cela est absurde, penserions-nous, en souriant à l'idée de voir où cela nous mène.
C'est ce que pensent les parents de Bruno, absurde.
N'est-il pas heureux dans sa vie de singe? On est ce que l'on est, il faut savoir s'en satisfaire.
Mais Bruno envie ceux d'en face, se questionne sur la vie des humains de l'autre côté des barreaux de sa cage de zoo.
Que cela doit être amusant de se vêtir, de se chausser, de faire une foule d'autres choses..
Les images nous transposent avec humour une parenté cousine dont parlent les théories scientifiques et les singes dans les arbres deviennent des hommes et des femmes qui téléphonent, lisent, sirotent le contenu d'une tasse sur une branche.
Cela laisse de l'espoir à Bruno qui, pour épater les visiteurs, se met à siffler avec une feuille, comme il l'a vu faire de là où il est.
Et c'est la précipitation! On ne parle plus que de cela. Et Bruno va se trouver projeté dans la vie qu'il a rêvé, de l'autre côté des barreaux, comprenant ce qui se dit parfaitement autour de lui.
Être intelligent, c'est entendre, saisir les nuances, comprendre la différence encore bien au delà des gestes et des habitudes.
Nous continuons d'être touchés doucement par la délicatesse des illustrations, du propos imposé avec tact par le texte. Bruno se tourne vers la musique, contrant une solitude croissante, n'appartenant ni à un monde de singe ni à un monde d'humains.
L'exception et la singularité peut néanmoins réunir deux coeurs qui se trouvent et qui aspirent aux mêmes choses. Les auteurs jouent gentiment de l'absurde jusqu'à la fin, avec ce personnage-là vêtu, qui travaille et vit dans une maison.
Mais, les auteurs ajoutent un autre singe pour partager cette charge et les lecteurs oublient la situation pleine d'ironie pour ne garder qu'un fait commun plein d'un bon sens appréciable pour la chute.
L'amour n'a rien d'absurde et les lecteurs finiront attendris en refermant les pages, relativisant sur la notion de différence.
Tout cela est très bien amené alors que l'on pouvait redouter de tomber un peu dans le pathos.
Un bel album à découvrir.