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Critique de SamyC


SamyC
04 décembre 2013
Résumé :
Ce sont deux soldats ennemis, isolés de leur troupe respective qui attendent dans le désert la fin de la guerre. Chacun dans son trou espère rentrer chez lui. L'album représente la vie des soldats dans sa quotidienneté : la surveillance du camp adverse, la météo, le repas, la solitude, l'espoir d'une fin proche. La faim qui tenaille les deux ennemis est présentée comme l'unique chose qui les rapproche car l'ennemi est féroce et sanguinaire. C'est ce que dit le manuel rouge du soldat qui présente l'ennemi à combattre et les raisons pour lesquelles il le faut combattre avec acharnement : la vie de familles innocentes est en jeu. La nuit étoilée est un moment de réflexion pour le soldat et elle marque un moment décisif dans l'histoire. le soldat décide de sortir de son trou et de mettre un terme à cette guerre lui-même et tirer sur son ennemi. Arrivée au trou de l'ennemi, personne, mais le soldat découvre des objets personnels, des photos de famille et surtout un manuel comme celui qu'il a reçu lui-même lors de son engagement sauf qu'à la différence, l'ennemi sanguinaire représenté dans le manuel c'est lui. le soldat s'insurge de ce qu'il considère comme des mensonges et le soldat prend conscience que l'ennemi est une personne à part entière, il a un visage : « Maintenant, je le sais. Et je sais qu'il a une famille qui l'attend. Si cette guerre cessait, nous pourrions rentrer chez nous, chacun chez soi ». L'album s'achève sur l'échange d'un message entre les deux soldats.

Mon Avis :
L'ennemi est un album écrit par Davide Cali et illustré par Serge Bloch. C'est un duo qui a déjà été récompensé pour : Moi, j'attends..., Sarbacane, 2005.
La première de couverture présente un soldat décoré, souriant et saluant. Notons qu'il a les mains tachées de sang. La part de son torse nettement plus imposante que ses jambes mettent en valeurs ses décorations : certaines sont dessinées tandis que d'autres semblent matérialisées. Les galons dessinés tels des dentelles donnent à penser que ces décorations sont totalement absurdes. L'absurdité de la situation est un message sous-jacent dominant dans l'album.
La quatrième de couverture présente un soldat assis, les yeux clos, paisible et heureux tenant un trèfle à quatre feuilles en bouche. de même elle expose la situation : « C'est la guerre. […] Dans les trous, deux soldats. Ils sont ennemis ». Elle fait enfin mention du contexte dans lequel l'album a été créé, du but visé lors de sa création ainsi que des partenaires associés à ce projet artistique.
La deuxième de couverture représente des soldats en rang, alignés prêts à obéir aux ordres. Nous pouvons la mettre en relation avec la troisième de couverture qui représente également ces soldats ; cependant si l'on est attentif on se rend compte qu'il manque deux soldats. Sans doute les deux soldats de notre histoire qui ne sont plus aussi prompts à obéir aux ordres que leurs camarades car eux ont vus que l'autre n'est pas si différent d'eux même.
Sur la première double page « c'est la guerre » est inscrit en blanc sur fond noir. C'est un moyen de capter l'attention et de marquer le contexte de l'histoire qui va se dérouler.
L'histoire commence lorsque sur une double page rouge est inscrit en noir le titre de l'album. le dessin d'un soldat armé, à l'air las, assis sur des marches accompagne le titre. Ces tons de couleur agressifs contrastent avec l'image du soldat ; un moyen habile de mettre en évidence que l'ennemi n'est peut-être pas l'être féroce que l'on croit.
Les pages représentant la nuit étoilée sont le point de basculement de l'oeuvre car il est écrit : « On comprend beaucoup de choses en regardant les étoiles ». A la suite on retrouve deux généraux des armées des camps adverses dotés d'un sourire carnassier trinquant et buvant dans des coupes remplies de sang.
Les dessins suivant montrent la lassitude éprouvée par le soldat. Lorsqu'il découvre que l'ennemi n'est pas différent de lui tout bascule. le manuel est un excellent moyen de rendre compte de l'embrigadement des troupes et c'est l'autre élément qui va permettre le revirement de l'histoire. le soldat ne veut plus tuer celui qu'il considérait comme son ennemi ; il veut juste rentrer chez lui retrouver sa famille et faire en sorte qu'il en soit de même pour le soldat du trou d'en face.
L'histoire s'achève sur l'échange d'une bouteille délivrant un message. Selon moi, cet échange représente la communication ; si elle était établie peut-être que le conflit ne perdurerait pas et peut-être même qu'il n'aurait jamais commencé.
Les illustrations sont assez simples, sans fioritures ce qui met en avant le message porté par le texte et par les dessins. Serge Bloch a utilisé différentes méthodes pour cet ouvrage : dessin, montages d'images de vrais objets (branchages, photographies), collage (les trous des soldats). Les couleurs utilisées sont le blanc, le noir, le gris, le kaki et le rouge. le rouge est utilisé pour mettre en avant l'agressivité de l'ennemi, le côté sanguinaire est accentué par le coloriage brouillon comme pour représenter toute la rage qui est en lui. Il est intéressant d'ajouter que le manuel est également rouge c'est selon moi un moyen de mettre en relation le manuel et l'agressivité de l'ennemi. Car celle-ci est décrite par le manuel qui restitue en réalité une invention de qui est l'ennemi. J'ai aimé mettre en lien le texte et l'illustration mais également le fait que l'image racontait d'elle-même l'histoire.
A mon avis c'est un très bel ouvrage qui peut être présenté aux élèves dès la sixième. C'est un album complet qui peut être lu à différents niveaux et permets une étude de l'oeuvre adaptée au niveau des élèves. La réflexion autour de la première guerre mondiale, du quotidien des soldats est à effectuer en particulier avec les troisièmes compte tenu de leur programme. On pourra la mettre en relation avec de nombreux ouvrages tels que : Paroles de poilus de Jean Pierre Guénot, le journal d'Anne Franck, L'horizon bleu de Dorothée Piatek, J'ai vécu la Première Cuerre Mondiale 1914-1916 de Jean Yves Dana
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