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Citations sur Fleur de peau (13)

– Les roses de serre ne sentent rien, parce qu’elles n’ont jamais connu le soleil.
Je levai la tête ; je ne m’attendais pas à tomber sur un sourire, les détenus n’en font pas souvent. Jamais je ne l’oublierai.
Autour se dessinaient des plis qui le vieillissaient ; à l’intérieur, des dents écartées qui le rajeunissaient.
Alors que la plupart des prévenus portent un jogging, des baskets, lui était vêtu d’un pantalon de toile beige. Les manches longues de son sweet-shirt bleu suivaient ses gestes lents.
Il jeta un œil noir sur les roses, enroulées drues comme des tourbillons de coquille d’escargot.
– En roses, je m’y connais. Dehors, j’étais horticulteur.
Il prononçait les « r » en les roulant un peu, comme des cailloux frottés. Puis j’entendis : « J’ai mal au ventre. »
Et fus à nouveau infirmière.
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Bien entendu, je déteste les fumeurs. Non, c'est faux. Je les plains, pauvres infirmes, cruellement amputés d’un guide infaillible. Le cigare du Doc m'ennuyait beaucoup.
Je charriais son odeur froide mais cuisante jusque chez moi ; elle franchissait toutes les limites, même celles du sas de décompression.
Je n’osais le lui dire, pas plus que je ne voulais user de ces désodorisants artificiels qui martèlent le nez de leur unique « fraise-fraise-fraise » en notes trop sirupeuses, pas assez vertes, ou encore ce « vanille-vanille », « muguet-muguet », trop réguliers, trop uniformes.
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Au bout de cinq ans d’hôpital, je ne supportais plus ces malades qui entraient, sortaient sans cesse, leur façon de sauter sans prévenir d’un service à un autre. J’aurais voulu quelque chose de plus fixe, stable.
Je quittais donc l’hôpital pour travailler en pénitentiaire. Là, au moins, je savais quand mes malades entraient, sortaient. Cage de pierre où l’on place les prévenus, la maison d’arrêt se situait en périphérie de la ville, au milieu des bandes vertes des champs.
Alentour s’y créait une sorte d’espace respectueux, comme si le temps s’arrêtait. Effectivement, il s’y arrêta.
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Toute petite, j'aimais déjà les prisons. À cinq ans, je tartinais de miel fondu les fonds des bouteilles transparentes pour attirer les abeilles. Le brun des cartons, je le doublais de vert en larges feuilles de salades pour accueillir des escargots. Là, j'aimais à veiller à leur nourriture, contrôler réserve d'eau et température de l'air.
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J’userai, abuserai du mot odeur. « Effluves » suggère plutôt le sillage, le mouvement ; « senteur », « bouquet », définissent davantage les fleurs ; « arôme », le goût ; « fragrance », le parfum.
Parmi les millions de substances reconnues, perçues, c’est celle de la peau, que je préfère entre toutes. À l’affût, mes narines tentent de capter cet élixir précieux, savant mélange de texture, de fossettes, plis et vibrations. Oh, la peau, son odeur…
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De sa peau brune se dégageait une odeur violente, entêtante, et celle-là, je me la suis répétée…
… Cela commence par une voile rugueuse gonflée par l’espace du large, apportant toute la corrosion de milliards de mètres cubes d’eau trop salée. Puis la voile s’estompe, s’arrondit en senteur de coque chauffée par le soleil. Ou encore de l’un de ces fruits à saveur large, la pomme, plutôt la poire, la mangue peut-être avec son côté poivré.
Enfin, derrière, flou comme un horizon, du bois mouillé par la mer, chauffant lentement au soleil.
Oui, une odeur solaire ; un sourire esquissé sous un chapeau de paille. Poire, pomme, sel citron : cette odeur, je ne l’oublierai plus jamais.
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Un amant, un homme, ce n'est rien, quelques kilos à peine qu'il faut hydrater et nourrir. Le Désir, lui, c'est tout autre chose. Le Désir doit pouvoir courir en liberté. Seul sous le ciel, se frotter le dos contre les écorces dures, se rouler par terre. De grands espaces, il lui faut.
De hautes falaises.
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Sa peau avait cette texture élastique et rugueuse que j’attendais en correspondance avec sa voix. Son palais, sa langue, l’intérieur des joues, formaient une série de plis, de reliefs parfumés en un lumineux accord de poire et de citron.
Une salive de rose.
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L’amour se mesure à l’aune des humeurs de l’autre, tous orifices, toutes ouvertures confondues – depuis la salive de la bouche, la sueur des pores, la graisse des sébacées, jusqu’aux sécrétions anales et génitales.
Ce qui s’ouvre, se ferme, sur l’intérieur de l’autre.
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– Vos cheveux sentent la brume.
Dans mon cou, il appuya sa tête, yeux grands ouverts.
Sur sa peau brune, je m’étonnai de trouver tant de traces d’usures. Comme je l’eusse fait à Paul, je lui caressai la nuque. Il ferma les yeux. Pures et ovales, ses paupières étaient celles d’un enfant.
Quelque chose de dur dans le dos ; je crus voir l’éclat blanc d’un couteau, ce n’était que le reflet du haricot en inox sous le soleil de trois heures.
Il eut fallu mourir à ce moment-là.
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