Double peine

Merci à Masse Critique et aux éditions Tohubohu.
Premier roman de C. Calloch.
Rentrée littéraire août 2019.
Je mets une étoile parce-que j'ai été sélectionnée.

Le déroulement de cette histoire se passe entre quatre personnages principaux :
- La mère, Cécile.
- Deux soeurs, Catherine et Maud.
- Christophe le petit ami de Maud.

La maman est âgée de 69 ans au début du roman et elle est atteinte de D.C.B. (Dégénérescence cortico-basale).
Je vous donne en terme médical la définition : c'est une variété rare de syndrome parkinsonien asymétrique qui comporte apraxie (qui est une incapacité d'exécuter des mouvements volontaires) sans lésion motrice ou sensorielle. Par exemple : incapacité de désigner quelque chose avec ses membres car il existe plusieurs formes d'apraxies.
Comportant aussi des myoclonies, dystonie d'un membre et insensibilité à la dopa.
Voilà, j'en ai fini avec cette maladie rare.

Cette dame vit dans un appartement avec ses filles qui s'occupent d'elle avec un dénouement exemplaire. La maman vit dans sa chambre médicalisée, où traînent des bandages, des crèmes, des médicaments, des lingettes, de la vaseline, etc. Quelque fois, les filles prennent l'initiative de placer leur mère dans un fauteuil roulant et de l'emmener au café du coin pour qu'elle prenne l'air mais Catherine et Maud ne le font pas souvent car elles ne souhaitent pas que le voisinage voit l'état dans lequel Cécile se trouve, c'est-à-dire, complètement grabataire. Oui, il reste de la fierté. Donc le résumé s'arrête ici car on comprend très clairement la situation familiale qui contraignante, épuisante, stressante, angoissante et surtout, les filles ont promis à leur mère que celle-ci décéderait chez elle c'est pour quoi elles maintiennent leur maman à domicile dans des conditions dignes. On ressent et c'est humain, la très lourde charge physique et mentale de Catherine et Maud qui ont peine à supporter cette vie.

Les deux soeurs se relaient constamment pour veiller à chaque instant sur leur maman. Oui, il faut apporter les soins qui sont d'ailleurs décrits de façons très très crus (pour ceux qui ne connaissent pas la gériatrie ou la fin de vie d'une personne à gérer soi-même, cela peut donner la nausée, le dégoût, voir aller vomir. Je donne un petit passage de la page 24 pour que vous ayez une idée sur le langage. C'est lors d'une toilette faite à la mère : ''Cécile avait été extrêmement gênée lorsqu'elle n'avait pu retenir sa merde et qu'un infirmier l'avait douchée''. C'était lors d'un passage à l'hôpital. Il y a des descriptions beaucoup plus insupportables pour les non initiés mais je ne les cite pas.
Catherine plus renfermée, se plonge dans cette occupation à plein temps comme dans un sacerdoce.
Maud, quant à elle, a besoin de souffler et se met à sortir la nuit dans Paris et rencontre Christophe.
Un accord se fait entre Catherine et Maud, celle-ci pourra faire ses sorties nocturnes à raison de trois fois par semaine à la condition qu'elle soit rentrée très tôt le matin pour prendre le relai.
Avec Christophe qui est écrivain-musicien sur le déclin, n'a pas un sous en poche, ils traînent donc la nuit dans Pigalle, le 19, le 15è de Paris dans des cafés louches et font l'amour dans des hôtels pouilleux, crasseux, mal famés.
Maud n'a pas d'argent non plu, elle est fichée à la Banque de France.
Maud n'aime pas Christophe qui lui, ne l'aime pas d'avantage mais ils forment un duo et chacun y trouve son compte. Christophe parce qu'il n'aime pas être seul et qui soulève des filles afin d'avoir un endroit où dormir et Maud qui avec ce compagnon, boit et se drogue afin d'oublier son quotidien mais il renvient à grand pas lorsqu'elle rentre. Maud avait des doutes sur cette relation mais c'est sa soeur Catherine qui lui a dit que ça lui ferait du bien de profiter un peu de la vie.

POSITIF :
L'auteure a très bien décrit l'ampleur, les difficultés, les rapports avec le médecin qui passe voir sa mère, l'équipe paramédicale, les peurs, les supplices, les désarrois de gérer une personne impotente et les privations de la vie privée que cela engendre.

NEGATIF :
La romancière n'a pas écrit d'introduction et l'on rentre dans le vif du sujet immédiatement. Sauf, que le passage d'un personnage à l'autre est très brouillon et que ce n'est qu'arriver à la 173ème page que j'ai réussi à être concentrée et de savoir de qui elle parlait. J'ai eu l'impression de sauter du coq à l'âne sans arrêt.

Trop de détails inutiles pour moi : en voici un exemple - c'est au court d'un concert organisé à l'initiative de Maud pour que Christophe puisse jouer : (page 229 : ''Maud avait reçu la liste du matériel acquis par la prison de Fresnes. A priori, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. On y trouvait l'essentiel : une console Allen § Heath PA20 avec effets intégrés, seize pistes mono/deux pistes stéréo, un patch seize voies, quatre départs raccordés au fond de scène, trois enceintes amplifiées alto PS 5HA 2x350W, un lecteur enregistreur MD Tascam, autocue/autopause (flightcase''.) Je stoppe ici car cela continue avec le câblage !!!

Gros bémol : je n'ai pas compris du tout en quoi Christophe était la double peine puisque c'est Maud qui l'a choisi, que c'est elle qui a accepté de fréquenter un homme paumé, crasseux. Ce personnage n'apporte rien de plus au sujet de fond, la romancière aurait pu tout à fait éliminer Christophe et faire vagabonder Maud dans la nuit parisienne avec des hommes sans forcément prendre un personnage qui à la fin va vivre dans l'appartement ''mouroir'', qui n'aide pas, qui n'a plus de rapport avec Maud et qui finit par partir et retourner vivre avec son ex-femme.

Peut-être que la romancière parle de double peine car Maud n'entretient pas de relation amoureuse stable mais le sujet du livre est beaucoup trop centré sur la maman donc, je ne trouve pas du tout utile d'intégrer un quatrième personnage ; les trois principales suffisent aisément.

Lu en octobre 2019 / Editions Tohubohu - Prix : 19 €.

Merci tout d'abord à Babelio et aux éditions Tuhubohu.
Caroline Calloch publie son premier roman.
Roman lu dans le cadre de la Masse critique.

Quelle est donc la Double Peine?
Notre heroine, Maud, mene une vie plutot routiniere.
Le principal de ses journees se passe aupres de sa mere qui est agee et handicapee. Elle partage l'accompagnement avec Catherine, sa soeur. Ses journees sont mornes et tristes. L'auteure nous fait comprendre que sa vie manque de sens.
Sur ces entrefaites, elle rencontre un homme, Christophe. Cette rencontre et ce qu elle va partage avec lui vont lui donner l'espoir d'aller vers une vie meilleure. Elle va enfin s'occuper de sa vie de femme.
Maud aurait tant besoin d un homme capable de la choyer, de la proteger, de lui proposer de la securite. Mais elle va découvrir un homme égoïste, un homme qui n'est pas autonome. A contrario du luxe, c'est dans des hôtels miteux que vont se succéder leurs rencontres. Christophe, son amant, va lui proposer de l'alcool voir de la drogue parce qu'il ne connaît que ça.
Lassee de ne pas voir de perspective a leur couple, Maud a decide la separation. Voici la reaction de Christophe:
"J aime tout avec toi, absolument tout. le temps qui fuyait si vite ensemble comme ce parfum qui restait sur ma peau, les mots comme les silences. Tout sauf les moments ou tu t en allais ( ...)
Rien ne me faisait peur avec toi, c est bete hein? Tu as dit avant de partir.
"C etait de belles vacances, les plus belles." Moi c est la vie que je voulais belle, Baby Blue."
La separation ne va pas etre longue. Maud va vite souffrir de l absence de son amant. Elle va d ailleurs s investir beaucoup dans la relation. Elle va meme donner beaucoup d energie dans la preparation d un spectacle ou Christophe va chanter pour les prisonniers. Ce sera d ailleurs une reussite.
Comme elle le fait avec sa mere, Maud va soutenir son amant en s oubliant completement et en se mentant a elle meme.

Je trouve que le livre manque de rythme. Je me suis quelque peu ennuye.
A partir de la moitie du recit, l'histoire est profondement pessimiste et deprimante. J ai du mal a percevoir le sens de cette lente decrepitude.
En tant que lecteur, je ressens le besoin d'une perspective, de quelque chose qui ressemble à une bouffée d'oxygène.
Vous l'avez compris, je suis quelque peu resté sur ma faim.