Cet ouvrage sur les pervers narcissiques est très intéressant pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il est clair, concis et précis, à la portée de tous. En second lieu, le concept des questions/réponses permet de le consulter pour une demande particulière, selon le besoin ("le pervers narcissique au travail", par exemple).
Toutes les questions que l'on peut se poser sur le pervers narcissique et sur sa victime figurent dans ce livre. le droit - encore très peu organisé dans ce domaine - y est abordé.
Enfin, pour celles et ceux qui ont des notions en psychopathologie, l'auteure aborde les structures psychologiques, dans lesquelles elle situe la perversion narcissique.
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Uniquement soucieux de manipuler pour atteindre ses objectifs, le pervers narcissique n’a pas de pensée élaborée, critique, tournée vers la recherche de la vérité. Il est centré sur l’agir, la manipulation, la séduction, l’emprise et non sur l’authenticité, la vérité, l’esprit critique. Gagner à tout prix pour paraître est plus important pour lui que dialoguer et entrer dans un conflit, source de pensées créatrices : il préfère les mensonges, les contre-vérités, les non-dits, la rhétorique et la persuasion, la réalité habilement aiguisée. Le seul objectif est de gagner au détriment du vrai.
La parole est utilisée pour manipuler et non pour apprendre, partager, se remettre en question.
La personnalité du pervers narcissique se caractérise par une volonté de pouvoir, une mégalomanie sans limites. Il se comporte comme un moralisateur, sachant pour l’autre ce qui est bien et mal. Tout est calculé pour arriver à ses fins. Pour lui, la fin justifie les moyens. Il ne supporte pas qu’on lui fasse de l’ombre. Il est prêt à détruire celui qui l’empêche de manifester sa toute-puissance. Son côté pervers se traduit par sa destructivité et sa jouissance à dominer. Pour lui, l’autre n’existe pas, car il n’a pas le droit d’être autonome en pensée, en sentiment, en action, sous peine de représenter une menace pour son pouvoir absolu. Son côté narcissique se manifeste au niveau de la représentation qu’il a de lui-même par un délire de toute-puissance. Ceci l’empêche de se remettre en question.
Le pervers narcissique ne peut évoluer, car il lutte contre une psychose latente pour maintenir sa toute-puissance par le déni. Il y réussit en mettant en place un pouvoir absolu sur les autres, en projetant sur autrui ce qui pourrait lui donner une mauvaise image de lui-même… il dénie tout conflit intérieur, toute souffrance, toute responsabilité, la conséquence de ses actes ou de ses paroles destructrices afin de préserver une image parfaite de lui ou celle d’une victime.
Tout est corrompu, mauvais dans sa vision du monde. Ceci justifie ses comportements destructeurs, sa capacité à corrompre ses proies, les institutions. Le pervers narcissique parvient à faire vivre à sa proie ce qu’il a vécu dans son enfance : son vécu inconscient est ressenti comme le sentiment d’être un mauvais objet, rejeté, haï, humilié, dépourvu d’estime de soi, d’amour de soi, torturé par un profond sentiment d’abandon, de persécution.
Sa relation à l’autre n’est basée que sur l’envie, voler à l’autre ses qualités, sa vitalité, sa vie. C’est la haine, la violence qui dirige son comportement : il se moque d’autrui, dévalorise, culpabilise, injurie, néglige l’autre, l’exploite, l’instrumentalise, le critique dans son être, sans aucun scrupule ni regret. Cette haine, cette envie le rend profondément seul, incapable de confiance, de donner de l’amour ou d’en recevoir.
Vidéo de Christine Calonne