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Critique de Denis_76


Ceci est un conte philosophique.
Gênes, XVIIIè siècle. le narrateur est le neveu orphelin du vicomte Medardo qui est parti à la guerre contre les Turcs, une longue guerre qui oppose les Turcs à l'occident depuis la prise de Constantinople par les Turcs.
Sur le champ de bataille, Medardo est pourfendu en deux, de la tête à l'entrejambe.
A force de points de sutures, les médecins parviennent à guérir la partie droite du vicomte. Celui-ci revient sur un cheval et avec une béquille. Revenu dans son domaine de Terralba, à Gênes, il commet toutes les injustices possibles, et condamne beaucoup de ses sujets à la pendaison.
Les huguenots l'appellent « le Piètre ».
Mais la partie gauche du vicomte, abandonnée sur le champ de bataille, est récupérée et soignée avec des baumes par un ermite.
Lui aussi, équipé d'une béquille, revient sur une mule dans son domaine.
Il n'a pas encore rencontré le Piètre, mais fait de bonnes actions auprès de ses gens.

Que va t-il se passer quand les deux moitiés de vicomte vont immanquablement finir par se rencontrer ?

Ce conte, agréable à lire, me fait penser à Don Quichotte, mâtiné de l'ironie De Voltaire !
Il me fait aussi penser au superbe conte de Louis Stevenson : « Docteur Jekyll et Mister Hyde ».
« Tu n'savais pauvre de toi qu'il y avait du Mr Hyde en moi.
Je n'savais pas pauvre de moi qu'il y avait du Mr Hyde en toi. »
Le mariage de Pamela est une situation molièresque de quiproquo !

Mais ce conte pose surtout, et là je connais certains babeliotes que cela intéresse, le débat philosophique du bien contre le mal.
Les deux parties du vicomte souffrent, c'est le moins qu'on puisse dire, de cette blessure physique.
La souffrance...
Comment réagit-on à la souffrance ?
La souffrance, je pense, peut être une source du mal :
on se dit, inconsciemment : « Moi je souffre ; ce n'est pas juste que les autres ne souffrent pas aussi. »
C'est le raisonnement plus ou moins conscient du Piètre.
Mais d'un autre côté, comme l'a montré l'excellent Boris Cyrulnik avec son concept de résilience, l'homme blessé ( moralement ou physiquement ) peut considérer cette blessure comme un épreuve qui lui permet de « grandir ».
C'est le raisonnement pleinement conscient et réfléchi du Bon, la partie gauche du vicomte.
Et là, je pense aussi à un de mes films préférés : «  le Bon, la Brute et le Truand ».

Sur le « bien » ou le « bon », on parler du « mieux ».
Je lisais la critique d'un babeliote sur un livre du philosophe Olivier Reboul.
Celui-ci parle du « mieux ».
Mais je soulève le problème des définitions des concepts :
le « mieux » lui-même est il une valeur universelle ?
Le mieux pour Thomas More concerne l'ensemble de la société ;
le mieux pour Henry VIII concerne son confort personnel, et la proposition de Thomas More l'incommode.
Le mieux pour Stefan Zweig est l'arrêt de la guerre ;
le mieux pour Adolf Hitler est la suprématie des Aryens.

Le ver est dans le fruit depuis la nuit des temps ; n'est pas un homme cardinal, ou un loup qui veut:)
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