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sur 454 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Les Villes invisibles d'Italo Calvino ne sont pas du tout un roman simple, ni une oeuvre commune. Ni vérité, ni mensonge, finalement qu'est-ce qu'une ville dans notre imaginaire ?

Marco Polo tient ambassade auprès de Kublai Khan, grand empereur des Tartares. Parlant des villes qu'il a rencontrées, dont il a rêvé ou qu'il imagine dans le passé, dans le présent ou dans le futur, il nous raconte à sa façon une cinquantaine de villes toutes aussi étranges et merveilleuses les unes que les autres. Clairement, Marco Polo se place en observateur de ces espaces urbains et n'a de cesse de nous rendre compte de leurs aspects les plus concrets. Les discours entre les deux protagonistes viennent rythmer les chapitres clairement inégaux et difficiles d'accès, c'est pourquoi je conseille de lire cet ouvrage d'une traite.
En utilisant à plein cette variation urbaine sur le thème du Livre des merveilles de Marco Polo, Italo Calvino cherche à nous enseigner que le chemin le plus court vers ces villes n'est jamais celui que nous croyons. En usant presque aléatoirement d'additifs indispensables et inhérents aux villes (la mémoire, le désir, les signes, les échanges, le regard, le nom, les morts et le ciel), il nous emmène à la rencontre de villes imaginaires qui se révèlent être fortement proches de celles que nous connaissons. Il alterne également avec quelques visions plus spécifiques comme les villes effilées, les villes continues et les villes cachées, qui lui permettent de venir progressivement aborder les métropoles et mégalopoles contemporaines sur lesquelles il finit, en fait, par discourir.
Il me manque sûrement au moins un niveau de réflexion pour pleinement apprécier cet ouvrage atypique et pour en cerner la véritable portée. Toutefois, de par mes quelques recherches en géographie urbaine, je peux me permettre quelques parallèles avec, par exemple, la théorie des espaces dans la ville, par Guy di Méo qui voit la création de certains lieux spécifiques en fonction de notre psychologie et de notre rapport à l'espace (espaces genrés par exemple) ; de même, je ne peux m'empêcher de penser au « génie des lieux » de Jean-Robert Pitte, qui voit dans chaque lieu un espace spécifique au développement d'une nouvelle forme géographique spécifique. de la même façon, et pour sortir un peu de la géographie, il suffit de faire le parallèle avec les extraterrestres dans notre imaginaire : ils sont bien souvent (voire toujours) le fruit de nos visions anthropomorphisantes, de telle façon que nous cherchons toujours à retrouver ce que nous connaissons dans ce que nous découvrons.

En conclusion, je dirais qu'avec ce roman, atypique s'il en est et ô combien compliqué à véritablement cerner, Italo Calvino a sûrement, et avant tout, voulu insister sur le fait que les villes ont toujours été, sont par essence et seront encore demain des conteneurs de pensée où nous déversons notre propre inconscience. Par une prose volontairement complexe et onirique, presque faite pour perdre le lecteur, cet auteur italien a au moins le mérite de nous donner des clés plus ou moins claires pour développer notre imaginaire dans de nombreuses directions. À découvrir, mais surtout à relire posément !

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Cela fait un petit moment déjà que j'ai lu Les villes invisibles de Calvino (au mois de juillet pour tout vous dire) et il va me falloir un gros effort pour me replonger dans mes souvenirs ! Mais, je tenais vraiment à écrire une chronique dessus : d'une part parce qu'il m'a été offert (je voulais donc faire honneur au présent) et d'autre part, ce livre me semble aussi un peu méconnu en France.

La librairie qui le vendait l'avait classé dans la thématique des récits utopiques. Certains d'entre vous habitués aux littératures de l'Imaginaire auront certainement déjà entendu parler du genre SF de la dystopie. Et bien, l'Utopie, c'est l'inverse ! Il s'agit d'un mot inventé au XVIème siècle par Thomas More (mais si, rappelez-vous un des ministres d'Henri VIII, condamné à mort pour avoir refusé de reconnaître son Roi comme chef de l'Eglise anglicane) et dont l'une de ses oeuvres Utopia, paru en 1516, décrit une société idéale.
Dans Les villes invisibles, Calvino imagine un entretien fictif entre Marco Polo et Kublaï Khan dans lequel le célèbre italien décrit cinquante-cinq villes imaginaires, portant chacune le nom d'une femme. Chaque chapitre est court (environ une à deux pages) et s'articule autour de onze thèmes comme la mémoire, le désir, la mort, les échanges, etc…

Il est clair qu'il ne s'agit pas d'un livre facile à aborder car le lecteur se sent bien vite déconcerté. Moi-même, je ne saurai dire si j'ai vraiment tout compris car les échanges philosophiques entre Marco Polo et Kublaï Khan m'ont paru par moment un peu sibyllins. En revanche, les courts textes dédiés aux villes possèdent beaucoup de poésie et d'onirisme. On peut d'ailleurs constater une évolution dans le récit : en effet, si les premières villes décrites semblent s'inscrire dans un imaginaire plutôt oriental et dans le passé, les dernières semblent davantage modernes et correspondre à nos cités occidentales. Les thèmes choisis évoluent également en même temps qu'elles : les villes à caractère orientale apparaissent ainsi conviviales, délurées et proches de la vie ou de la terre tandis que les villes occidentales seraient plutôt associées à la mort, à la contemplation, au ciel, etc…

En conclusion, Les villes invisibles est une oeuvre difficile à appréhender par sa complexité. Mais, je pense que pour ce livre, il faut mettre de côté son intellect et se laisser bercer par la musique des mots. Clairement, ce n'est pas une lecture que je recommanderai à tout le monde mais si quelqu'un a envie de se déconnecter de la réalité par une lecture originale et poétique, lancez-vous !
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Ce ne sont pas mille et une nuits mais cinquante-cinq villes.
Des villes rencontrées, traversées, imaginées, craintes, espérées, rêvées... que Marco Polo raconte à Kublai Khan.

Entre poésie, fable et conte, Italo Calvino a joué à l'inventaire onirique. Si au début les villes pouvaient bien exister, avec un parfum d'orient, plus on approche de la fin, plus on s'écarte du réel.

Et à travers ce voyage onirique, qui confine à l'utopie diront certains, c'est le concept de la ville et du rapport des hommes à celle-ci qui est interrogé. Une ville existe-t-elle par elle-même ou uniquement à travers les yeux de celui qui la regarde ou qui y vit? Peut-on décrire une ville sans parler de ceux qui l'habitent? Les villes sont-elles douées de vie? Survivent-elles au temps? Est-ce la même ville pour celui qui la découvre que pour celui qui la connait sur le bout des doigts?

Sans doute y a-t-il plusieurs lectures possibles de ces quelques pages. Je l'ai pris comme une pause, un moment en dehors du temps qui m'a cependant apporté moins de plaisir qu'attendu.
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L'auteur était membre du club très select de L'Oulipo et il vaut mieux le savoir avant de s'attaquer à la lecture d'un de ses livres !
Un objet étrange entre conte et réflexion philosophique autour des villes racontées par un Marco Polo à une seigneur qui questionne, doute et met en perspective imaginaire et réalité.
Je n'ai peut-être pas tout compris mais l'écriture est d'une grande beauté et reste fluide.
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J'ai trouvé Les villes invisibles délicieusement poétique. Et aussi à peu près inaccessible. Je ne sais s'il faut un diplôme de littérature pour y entendre goutte, ou si je suis juste un peu obtuse, mais tant pis! Il me reste la beauté du texte en lui-même, ces portraits de villes étrangement décrites, cette étrange énumération, que j'ai trouvé jolie comme toute, mais qui m'a laissé en arrière.
Très, très étrange, et sans doute un livre qui passionnera certains lecteurs et tombera des mains des autres.
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Marco Polo raconte au grand Khan les villes qu'il a visitées ou plutôt celles qu'il a imaginées, leurs caractéristiques, leurs particularités, ce qu'elles éveillent en lui ou en nous, visiteurs. Une belle écriture au fil de laquelle on croise parfois une émotion, celle peut-être que l'on ressent en pensant à la ville que la description nous rappelle. Mais cette accumulation d'évocations m'a assez vite lassé.
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Extrêmement poétique et métaphorique, Italo Calvino parvient au travers de ville invisibles ou imaginaires à évoquer la réalité de nos expériences dans l'espace urbain et à en dégager de grandes vérités sur l'essence d'une ville. Toutefois le style reste très hermétique et j'envisage de le relire selon une autre configuration comme le permet ce puzzle littéraire.
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En ce qui concerne ce livre, mis à part quelque bonnes idées, Italo Calvino est un sous Borges. C'est à dire une version queque peut affadit de Borges, de sa complexité...
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Ce livre lu en italien qui n'est pas ma langue maternelle a peut être une poésie qui m'a échappé en partie.
Cependant c'est un livre qui m'a frustré en partie. Inégal a été un mot qui s'est imposé assez rapidement a la lecture.
Ce livre souffre notamment selon moi d'une introduction particulièrement brillante qui m'a ensuite laissée sur ma faim.
En effet j'étais emballé par l'idée de l'auteur d'imaginer des cités imaginaires et qui poussent a la réflexion telles les fables ou certains livre de SF ou de Borges notamment, auteur que j'ai adoré.

Le traitement donc m'a déçus. La promesse pour moi n'est tenue qu'en partie. Je m'explique.
Je n'ai pas adhéré au format des petites nouvelles de 2 pages en moyennes. C'est bien bien peu pour permettre une réelle immersion. Certaines villes sont vraiment brillantes et poussent a la réflexions pensive mais il y en a tellement ...trop selon moi.

Les récits vraiment court proche d'un poème créé une attente particulière. On veut que chaque histoire soit belle et puissante. On ne peut alors pas cacher quelques passages moins bon avec une trame globale plus évidente. Or pour moi ces histoires mélangent le vraiment brillant a l'anecdotique assez plat.
J'ai été vraiment surpris du manque de sélection de l'auteur.

Cela m'a fait pensé a un livre de quelqu'un à la notoriété déjà installé qui se remet moins en question et publies la plupart de ces réflexions.
Pour moi ce manque d'exigence nuit a la qualité globale du livre.

Je suis content d'avoir lu ce livre. Il a un réel intérêt. Selon moi cette belle idée n'a pas été concrétisée de la meilleure des manières.
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Ce roman est un recueil de descriptions urbaines oniriques. Il s'agit de cinquante cinq villes invisibles et imaginaires visitées par Marco Polo et qu'il présente au grand empereur de Chine Kublai Khan, dont le royaume est si vaste qu'il ne peut le visiter lui même dans son intégralité.
Toutes ces villes sont sublimes, merveilleuses, aériennes et/ ou exotiques et portent un prénom féminin. Elles sont aussi abstraites, utopiques, chaotiques, improbables...

C'est un roman poétique, qui fait voyager dans différentes atmosphères, permettant une analyse fine de la ville en tant que structure.
Chaque ville correspond à un court chapitre, qui pourrait presque devenir une nouvelle.
Les chapitres sont entrecoupés d'étranges dialogues entre Marco Polo et l'empereur.
Ces deux personnages sont en fait étrangers l'un à l'autre car n'ont pas le même langage, ce qui rend la communication difficile, pas la même culture et pas le même rapport au temps.
Le texte est très énigmatique, parsemé de nombreuses références mais la lecture en est complexe voire difficile, en raison de sa structure ainsi que des interrogations qu'elle suscite sur l'Ailleurs... et mériterait certainement plusieurs lectures et niveaux de lecture.
En effet, on peut aussi imaginer que le voyage de Marco Polo n'a pas eu lieu et qu'il s'agit de lieux fantasmatiques, par exemple...
Interessant.
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