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Stuart Calvo (Autre)Stuart Calvo (Autre)
EAN : 9782370491015
416 pages
La Volte (17/09/2020)
3.27/5   11 notes
Résumé :
Une sélection de 15 textes sur près de 250 reçus, un recueil qui allie des noms bien connus de la science-fiction à de nouvelles plumes, dans une volonté d’ouvrir les imaginaires autour de ce sujet qui nous concerne toutes et tous. Entre futurs proches et galaxies à des années-lumière de notre XXIe siècle, Demain la santé explore la manière dont politiques de santé, technologies, marchandisation du soin transforment notre rapport au monde et donnent naissance à de n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après Nos Futurs, excellente anthologie de textes et d'articles mêlant science et fiction, voici que les éditions La Volte nous offrent une anthologie SF autour de la santé. Une initiative plus qu'alléchante qui rassemble aussi bien des auteurs et autrices connu(e)s que des petits nouveaux en pagaille. Confectionnée par Stuart Calvo, 15 textes nous attendent de pied ferme…

Que conclure du point de vue littéraire de cette anthologie ?
D'abord, qu'il s'agit avant tout d'un recueil de révolte et d'indignation où les idées politiques de gauche (et notamment d'extrême-gauche) essaiment à tout-va. En soi, la chose n'a rien de négatif mais son emploi forcené dans la plupart des textes, au moins 10 des 15 présents, vient souvent occulter le sujet censément principal : la santé (mais nous en reparlerons après). Présentement, ce qui pose problème, c'est que les textes de l'anthologie sont soit des textes militants purs et durs soit des expérimentations littéraires dans le prolongement du style d'Alain Damasio. Et ces deux angles d'attaques annihilent le reste du texte à chaque fois ou presque (avec l'exception notable des nouvelles de Theodore Koshka, Tristan Bultiauw et Benno Maté). 
Et c'est bien dommage, car, si l'on en reste strictement au plan littéraire, les textes remarquables se comptent sur les doigts d'une main, le plus abouti semblant sans surprise être celui de Sabrina Calvo.
Le problème ici, c'est que cette anthologie s'attaque à la problématique de la santé et qu'il s'agit là d'un axe capital pour ne pas dites essentiel pour le lecteur qui s'intéresse au sujet de la fiction (voire de la science-fiction) et du médical. C'est ici que les choses se compliquent énormément…

Synthèse médicale :
Je quitte ici l'emploi de la troisième personne pour apporter mon point de vue médical puisque je suis également médecin généraliste exerçant en tant qu'urgentiste pédiatrique.
L'annonce de cette anthologie sur la santé de demain était pour moi une énorme attente, ravi de voir un éditeur sérieux s'emparer d'un sujet aussi pléthorique et divers. La déception est donc à l'avenant.
Sauve qui peut n'est pas une anthologie sur la santé. Elle est en réalité (et revendiquée dans la post-face comme telle) une anthologie sur la politique de santé et sur un certain militantisme, notamment LGBT+. Ce qui, encore une fois, n'a rien de négatif à priori mais voilà qui va grandement décevoir ceux qui, comme moi, s'attendaient à voir la santé traitée sous un angle prospectif ou, tout du moins, scientifique.
Ici, la science n'est jamais citée, du moins pas comme on l'attend. Ce qui saute aux yeux quand je lis les textes rassemblés dans cet ouvrage, c'est que sur 15 auteurs, aucun n'est une personne qui travaille dans le milieu médical.
C'est comme si on écrivait un livre sur la mécanique sans aucun mécanicien dedans. Jusque dans la post-face, Demain la Santé se réfère à la philosophie plus qu'à la science médicale. le lecteur se doit donc d'être prévenu, l'anthologie ne se penche que sur le système de santé (et cela de façon uni-dimensionnelle et orientée à gauche toute) et non sur le soin en lui-même.
De façon plus pragmatique, en tant que soignant, ce recueil a de quoi faire déprimer. Sur 15 textes, onze abordent la médecine actuelle comme néfaste pour le patient, 5 mettent en avant la médecine alternative et représente la médecine actuelle comme un danger, notamment les médicaments. Une constatation terrible pour moi en tant que praticien qui résulte de deux choses certainement : aucun ici n'est soignant et tous tissent donc des histoires à partir du « vécu patient » et donc l'interrogation, qu'est-ce qui coince tant pour que la médecine soit autant haïe ?
Préférant privilégier des réflexions sur le genre et l'inclusivité, l'anthologie zappe tout le reste. Tout. Et il y avait matière à faire dans le domaine médical !
Des exemples en vrac ? La montée en flèche du taux de BMR (Bactéries Multi-résistance) et l'abus des antibiotiques, la balance bénéfice-risque des traitements, la propagande anti-vax et le recours à une médecine de charlatans, l'IVG, le contenu et l'interprétation des études, l'euthanasie, les effets secondaires des médicaments, l'incertitude médicale dans la maladie, la relation médecin-malade, l'impact de la vieillesse de la population sur l'émergence des maladies dégénératives, le manque de moyens pour les maladies orphelines, la propagation des épidémies, les thérapies géniques, la neuromodulation et l'apport de technologies mécaniques au corps humain… et la liste serait encore très longue. Aucun de ces thèmes n'est abordé sérieusement ici, aucun. Tout reste superficiel et orienté pour correspondre davantage à un tract politique qu'à une réflexion sur la santé face à l'humain. On se consolera avec quelques éléments philosophiques chez Tristan Bultiauw ou Lauriane Dufant, mais c'est bien mince à l'arrivée. le tout en précisant que je suis absolument d'accord avec la vision du recueil quand au démantèlement de notre système de santé pour le profit pur et dur. Mais la vision simpliste de ce qu'il faut faire pour redresser la situation démontre simplement que les personnes qui en parlent ne se rendent pas compte que, oui, la médecine de qualité a un coût. La vraie question reste comment faire pour que cette médecine de qualité reste gratuite et strictement gratuite pour tous ?
Dernier point et non des moindres, j'ai été révolté de lire au sein de ces quinze nouvelles un texte ouvertement anti-vax. Ce qui n'est pas véritablement une surprise tant l'idéologie ici se veut anti-médicament et donc anti-science. Bien évidemment, les médicaments n'ont pas que des avantages, les laboratoires ne sont pas des saints du tout (il faudrait être bien naïf), mais tout se passe dans l'anthologie comme si la réponse de demain serait un retour au naturel. 
Un naturel qui donnait une espérance de vie de 30 ans par le passé. Merci bien, on vous le laisse.
La présence de ce seul texte suffit à déconseiller l'acquisition de cette anthologie de mon point de vue strictement médical. Il est absolument catastrophique de voir une partie militante de l'imaginaire glisser vers une philosophie anti-scientifique juste parce que cette partie militante assimile le riche à la technologie et à la science et, par ricochet, aux médicaments et aux vaccins.

Vous l'aurez compris, Sauve qui peut ne présente qu'un intérêt congru pour le lecteur de science-fiction. Il s'adresse avant tout à un milieu déjà acquis aux principes énumérés au fil des pages, et devrait donc plaire à tous ceux qui attendent quelque chose où la révolte et les idées politiques prennent le pas sur le reste. Si vous cherchez des textes sur la médecine, vous serez amèrement déçus. Pour ceux qui recherchent une anthologie d'anticipation mêlant rigueur et littérature, jetez-vous sur Nos Futurs. Vous voilà prévenus.

(Retrouvez en lien la critique complète, nouvelle par nouvelle)
Lien : https://justaword.fr/sauve-q..
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Quinze auteurs et quinze textes pour envisager l'avenir de nos systèmes de santé. Et le moins que l'on puisse, c'est que ce n'est pas l'optimisme qui règne !

Parmi les idées qui reviennent le plus souvent dans les différents, on notera le big data, la surveillance généralisée du moindre de nos organes et l'impossibilité – physique ou sociale – de se sentir mal ; ainsi qu'une fracture de plus en plus forte entre les populations riches, qui auraient accès aux techniques médicales de pointe, et les plus pauvres, perdant progressivement l'accès aux spécialistes de la santé.

Tous les textes sont emprunts d'un sentiment de révolte qui fait certainement écho à l'actualité : il n'y a plus rien à attendre des élites politiques ou médicales, il faut s'auto-organiser, apprendre collectivement à réaliser les soins médicaux de base – chacun citoyen doit pouvoir être soigné par un de ses voisins. D'autres auteurs feront appel à la magie : coupeurs de feu, don de guérison par simple contact… des capacités innées qui échappent à tout contrôle scientifique et qui rétablissent une certaine égalité dans la population.

Point à signaler également, le recueil fait la part belle aux « expérimentations littéraires », notamment à différents types d'écriture inclusive. Étant assez neutre dans ce débat, je dois tout de même reconnaître que ça a plus freiné ma lecture qu'autre chose. Si les points médians ne m'ont pas dérangé, les « iels » ou la féminisation accentuée de certains termes m'ont empêché d'avoir une lecture fluide. de même, utiliser « il » et « elle » indifféremment pour le même personnage n'apporte à mon sens que de la confusion, et je ne vois pas très bien ce que ça ajoute au récit.

Comme dans tout recueil, il a des récits qui m'ont passionné et d'autres qui m'ont ennuyé. Je regrette juste que tous les textes partagent la même orientation politique, un peu plus de variété aurait été appréciable.
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J'ai adoré cette anthologie qui dresse une image des débats qui traversent notre société autour de la santé. Avec humour, poésie, lucidité, ces nouvelles tissent des futurs souvent peu souhaitables mais dans lesquels luisent de l'espoir, des germes de solutions.
FeelGood, Les derniers possibles, À l'intérieur d'orchidée Naakey, À cros perdus, de nos corps inveillés viendra la vie éternelle, CRISPR casse Desneuf, Protocole d'urgence et Considère le nénufar m'ont enthousiasmée.
Une très belle sélection !
Une anthologie "Feel Good" comme le titre de la première nouvelle du recueil. Ces fictions brossent un portrait noir de notre présent au travers de futurs trop parfaits qui se fissurent, de futurs précaires d'où tout peu jaillir, de futurs en déconstruction,... Désillusions et espoirs se mêlent.
Les nouvelles jettent leur éclairage situé sur l'état de la santé dans notre pays.
On y rencontre les grandes problématiques liées à l'hôpital, à la recherche, au diagnostic, au transhumanisme, au statut des soignés comme des soignants,.. .
La Volte nous donne une fois de plus la possibilité de lire de la Sf qui sait sortir des sentiers battus pour nous faire rêver, réfléchir, ressentir.
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Après avoir imaginé les conditions de travail du futur dans un précédent volume, les éditions La Volte s'interrogent cette fois-ci sur l'avenir de la santé. S'interrogent ? Pas vraiment : les nouvelles qui composent ce recueil cherchent plus à dénoncer le système actuel – voire à tirer dessus à boulets rouges – qu'à en extrapoler un avenir possible. Et pour cause, les auteur(e)s qui ont répondu à cet appel à textes semblent, pour la majorité, avoir confondu activisme et réflexion. Et cela se ressent dans le caractère résolument affirmatif des nouvelles qui, de fait, ne s'adresseront réellement qu'à un public convaincu d'avance.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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« On avait changé de lunettes et un continent immense avait surgi » : quinze nouvelles pour tenter d'imaginer les lignes de fuite de notre rapport social et politique aux systèmes de santé. Impressionnant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/11/15/note-de-lecture-sauve-qui-peut-demain-la-sante-collectif/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
La nature, quand on n'a pas l'habitude, c'est l'horreur. Le terrain peut être spongieux ou, au contraire, rocailleux, tord-cheville ou casse-patte, il a souvent la mauvaise habitude de grimper ou de descendre en pente bien raide, c'est crevant, il pleut, belle saison ou pas, fringues et matos étanches ou pas, et puis c'est très surfait, la nature.

La forêt ? On ne voit pas à 30 mètres, il y a au sol un tapis de feuilles mortes ou d'aiguilles, on s'enfonce, on trébuche, putain de racines aussi, les cours d'eau à traverser en slip avec tout le barda sur le dos au risque de s'étaler, on se paume facilement parce que le GPS, niet, trop de risques de se faire repérer, pas un risque d'ailleurs, une certitude, toujours la probabilité de tomber sur un animal pas méchant en lui-même mais qui pourrait vous piétiner dans un moment de panique. Amusant de penser que les promenades dans les bois aient pu, jadis, avoir été pensées comme une régénération. Connards d'arbres et saloperie de romantisme ; putain d'Allemands.
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Hors les inévitables survivants de la vieille école, les instances médicales déconseillaient formellement aux généralistes la pratique de l’examen clinique. Autant demander à un présentateur d’infos 24/24 de résoudre la gravité quantique ! Personne n’escomptait plus qu’une expérience acquise sur le tas par un unique individu – fût-il diplômé de McGill – pût conduire aussi vite et aussi précisément que l’inveillance à pénétrer un état physiologique. Aucun médecin sensé n’aurait traqué la vérité d’un corps par ce filet de déductions plus ou moins solide qu’était au fond l’examen clinique, bon pour un Hercule Poirot ou pour un juge Ti. On avait changé de lunettes et un continent immense avait surgi. Ni plus ni moins qu’une nouvelle révolution copernicienne. Cette fois, c’était la centralité de la cellule, de l’organe et même celle du corps entier que l’on avait fichue au rebut, au profit d’un système bien plus vaste : le liant numérique et les champs de probabilité dynamiques. Pour la médecine, les êtres vivants avaient perdu cette unité si exactement détourée, perdu la sûreté de la frontière. Ils étaient devenus des nuées, des nébuleuses, des océans. Des galaxies de vecteurs et de chiffres.
« Tu vois, ma petite Laura, résuma Sébaste, ce n’est pas à la peau que les corps s’arrêtent. D’ailleurs, ils n’existent même pas ! Parce que nous sommes des nuages. »
Tout le monde y avait gagné. Grâce aux captations des implants et des terminaux robiotiques, grâce à une attention continuelle et grâce à la sagacité artificielle du Whole Data, l’inveillance tramait en temps réel l’histoire de chaque organisme avec ses équilibres biochimiques, son homéostasie, ses capacités dissipatives, ses échanges avec l’environnement. Biones et toTems n’inveillaient pas seulement le corps mais aussi ce qu’il ingérait, ce qu’il respirait, ce qu’il touchait.
« Quand je revois mes cours ! Si tu savais, ah, si tu savais le beau fatras d’inconséquences ! » (Norbert Merjagnan)
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« Je nous revois à quinze ans, toujours prêts à nous indigner, à hurler, à nous battre jusqu’au bout pour tenter d’enrayer la fin du monde… Et en même temps, la fin de ce monde, comme on la désirait ! La nuit, en secret, on rêvait d’Apocalypse. Une grande déflagration. Un tsunami qui dévasterait tout et remettrait les compteurs à zéro. On n’avait pas peur d’en baver, tant qu’on baverait en bougeant. La révolution, l’effondrement, la décroissance accélérée, c’était ça les noms à la mode – nos mômes inventeront les leurs… On voulait surtout la fin du blé : le blé roi des bourses, le blé au glyphosate. La fin des pouvoirs croulants mais féroces, du mépris dans la gueule, celle des jeunes, des pauvres, des femmes. On voulait la fin de tout, et on était sincères, on y croyait. A nos circuits courts, à notre permaculture, à notre auto-gestion, à nos monnaies locales, à notre troc, à nos démocraties directes, à notre entraide. Et ça a marché ! Et ça marche encore, cahin-caha, et, bon sang, je continue d’y croire ! On s’est adaptés. A tout. Aux crues, aux ouragans, aux côtes qui reculent de 400 mètres, aux canicules en mars, aux moustiques, aux frelons, aux nouveaux virus. On a accueilli, on s’est mélangés, on a changé – putain, qui aurait cru qu’on serait si nombreux à changer ? – et seulement oublié, ou feint d’oublier, dans l’histoire, qu’un jour on serait vieux et puis qu’on crèverait. Qu’on crèverait tôt, vachement plus tôt que ce qu’on nous avait annoncé quand on était gosses.
(page 103)
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Elle préférera ranger son téléphone et partager des sandwiches avec ses amis, en vérifiant leur matériel. Les foulards imbibés de vinaigre, enfermés dans des sachets à zip, les dosettes de sérum physio, celles contre les brûlures, d’estomac à l’origine, les bouteilles d’eau. Des frondes, à garder au fond des poches, et même un cran d’arrêt. Ses papiers dans une pochette, contre son ventre. Régulièrement, elle jettera un coup d’œil aux forces de l’ordre forcé se massant autour de la place. Elle comptera les camions bourrés de scarabées noirs, les canons à eau, les boucliers déjà prêts, et se demandera comment et si les autres cortèges pourront les rejoindre. Celui des profs, ceux des médecins, infirmiers, aides-soignants, celui des cheminots, celui des juges et avocats, des artistes, et de tous les autres, les plus nombreux, que leur seule profession n’aura pas suffi à définir. Une fois de plus, sans oser le dire, elle se demandera si tout cela a bien un sens, autre que de crier le plus fort possible pour continuer à exister, pour chasser l’angoisse, et elle doutera. Le moment d’après, pourtant, elle regardera à nouveau ses amis et elle saura : oui, le sens est bien là. Dans Lina, avec sa tignasse décolorée, en train de garnir son casse-dalle de tranches de beurre épaisses d’un doigt – il faudra bien nourrir son mètre quatre-vingt-dix. Dans Chia-Jong, qui a cette période se fera encore appeler Paul par commodité, et qui un jour l’aura presque convaincue d’apprendre le mandarin. Dans Lucas, qui tapotera son écran et lira à voix haute toutes les dernières astuces pour se remettre des lacrymos, sans en oublier une seule – même Doctissimo, pour suivre l’air du temps, aura ouvert sa rubrique « Rue », quelque part entre « Psycho » et « Sexo ». Dans Nour, aussi, occupée à faire la sieste sur le dallage noir et blanc de la grande place, son sac sur les yeux. Et dans Jean-Barthélémy, JB, avec son air de geek un peu bourge, à qui elle proposera peut-être de venir dormir chez elle, après. En cet instant précis, Katia sera saisie d’une nostalgie joyeuse, et elle saura, avec la plus profonde certitude, qu’elle les aimera toujours, même quand ils deviendront les vieux cons de leurs propres enfants, même quand la vie les séparera – car cela arrivera, un jour ou l’autre, par cette voie-ci ou cette voie-là. Elle se dira aussi que l’avenir ne sera pas si sombre, tant qu’il restera des amis auprès de qui s’asseoir, et elle ne se sentira plus si mal. (Chloé Chevalier)
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Dès le départ, en plein d’endroits, les premiers groupes de coordos (survivos, philosophes, poètes, ingénieurs, paysans) étaient arrivé.e.s à la conclusion que, dans les temps futurs, tout serait déterminé par les préoccupations de santé. La fusion (plutôt l’écrasement) des géants de la pharma par les anciennes Gafas avait bien montré que, dans la précipitation technophile et politique, la santé serait l’enjeu ultime.
En modelant nos flux de paroles et de pensée, les Triple A (Alibaba, Alphabet, Amazon) avaient acquis le contrôle sur notre santé sociale ; en nous abreuvant de stimuli, en remplissant nos champs visuel, olfactif, tactile, sanguin et mémoriel de messages dissonants, de nano-particules, de drogues et médicabouffes, elles s’étaient emparées de notre santé mentale. Désormais la (les) société(s) de flux visai(en)t en définitive à faire main basse sur le plus puissant, le plus tonitruant en même temps que le plus discret d’entre tous : la circulation des globules et des impulsions électriques dans nos artères, nos veines et nos nerfs ; c’était le contrôle par la dépendance organique que les Corpos regardaient avec appétit en voulant s’approprier nos cœurs, nos jambes et nos cerveaux.
Mais elles se confrontèrent rapidement à un dilemme où nous trouvâmes, nous, notre salut et des camarades, leur perte. La collecte des données indispensables à leur pouvoir nécessitait par définition une connaissance totale, une cartographie maximale de nos intimités, laquelle n’était possible que grâce à une diffusion technologique (chaque traqueur, capteur, cookie ramenant à sa maîtresse IA les précieuses data) rendue impossible par les effets du dérèglement climatique et de la Raréfaction totale (lesquels effets nécessitèrent de plus en plus de recherches et d’actions du champ médical, lesquelles requéraient plus de diffusion technologique etc. ad vitam et anuseam.)
C’est alors que l’Archipel proposa à ses îlots de joindre leurs vagues pour nouer un pacte avec ces démons-déments : échanger nos données de santé – puis, à mesure que les raréfactions progressaient, certaines de nos récoltes pharmaceutiques – contre des ressources énergétiques et – surtout – médicamenteuses. (Elio Possoz)
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