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Un ovni littéraire avec trois personnages, trois pays, une époque.
Karl nettoie des vitres de gratte-ciel à NewYork, Jorge invente des histoires et des animaux pour sa petite soeur en Argentine, Fernando rentré à Lisbonne rêvasse dans sa chambre chez ses tantes. Nous sommes au début du siècle dernier. Dans les premières pages du livre, des coupures de journaux datant du 19 mai 1910 nous rapportent le passage du comète Halley et la folie qui s'en suivit.
Karl semblerait l'héros de l'Amérique, premier roman de Kafka, Jorge, J.Luis Borges et Fernando, l'écrivain portugais Fernando Pessoa, est-ce le cas ? c'est fort possible. Les nombreux détails parsemés par l'auteur dans le texte y correspondent. En tout cas moi je l'ai lu dans cette perspective. Fascinante cette plongée dans la tête de ces trois personnages, des « Halleys » de passage sur terre dans le Monde d'hier, comme dirait S.Zweig. Un livre qui aujourd'hui tient lieu des coupures de presse d'une époque, recelant le monde fantasmé de l'imagination et de la création de trois grands écrivains du XX iéme siècle.
Difficile de parler de ce livre sublime, surtout avec mes moyens. Donc je procèderais par le biais d'une citation du livre : « Certains hommes sont faits de tripes et d'écailles, une fois apprêtés, le peu qu'il en reste n'est pas grand-chose et ils ne sont pas présentables.Il y en a d'autres où tout peut être mis à profit, les entrailles et la peau de ces hommes recèlent des secrets et racontent des histoires sans fin ».p.40.
En remplaçant dans cette citation simplement « hommes » par « livres », je peux à peu près donner une idée de mon ressenti. Chaque phrase de ce livre raconte quelque chose, fait réfléchir et donne du plaisir, si bien que la moitié du livre pourrait être mise en citations......la caverne d'Ali Baba. En plus la forme est toute simple, divisée en six parties, de courts chapitres qui alternent les trois personnages, une prose claire et concise, accompagnée d'un humour subtil. Ça vous paraît trop parfait, non ? Eh bien il l'est, un des meilleurs livres que j'ai lu depuis longtemps !

Merci Bison de m'avoir fait extraire ce livre fabuleux, des tréfonds de ma Pal .

“Vivre comme on se promène ici-bas, indifférent à l'univers auquel il faudra retourner un jour ou l'autre, en attendant qu'un vent froid de fin d'après-midi souffle et qu'une voix appelle de l'intérieur, «  rentrons , il va faire nuit » “.
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Certains hasards m'emmènent dans des lieux inconnus dont l'intensité du voyage m'éblouit par sa poésie. Certains romans me transportent dans des pays où les sens effleurent ma main qui tourne les pages. Je ferme les yeux et j'entends New-York au début du siècle dernier. Je change de chapitre et je plonge dans un coin perdu de l'Argentine. le temps d'une respiration, mon coeur bat au rythme du fado, le regard porté sur Lisbonne.

En compagnie de Karl, Fernando et Jorge, l'auteur distille quelques notes d'onirisme entre ces lieux qui deviennent pour moi à la fois magique et mélancolique. Les mots touchent au sublime, le silence se remplace par une petite musique intérieure qui enivre l'âme des hommes qui n'appartiennent pas au ciel. En filigrane, d'illustres écrivains insufflent leur esprit, l'auteur rend ainsi hommage à Kafka, Pessoa et Borges.

Prêter une âme à un lieu, à une musique, à un silence, voilà ce que propose ce premier roman de Nuno Camarneiro. Il raconte trois histoires, simples et humaines, de trois jeunes hommes trop sensibles pour ce monde. Des jeunes hommes qui s'entourent de silence et de poésie et qui prennent le temps de découvrir ces lieux, les autres, les âmes flottantes autour d'eux.

Écouter la musique intérieure d'une vie, celle qui tangue sur les vagues de la nonchalance et qui chevauche les flots du temps. Écouter battre son coeur et celui des fantômes voisins pour mieux pénétrer le lieu. New-York, Buenos Aires, Lisbonne, des cartes postales qui s'enfuient dans les airs avant de s'engouffrer au fond des criques. le temps s'envole, la vie vole le bonheur, la bière est fraîche.

Attiré autant par le titre du roman que par la couverture, je suis resté silencieux de bonheur devant l'onirisme et la poésie qui se dégagent de la plume nouvelle de l'auteur portugais. Des chapitres qui virent souvent à l'abstraction poético-philosophique, j'erre dans la tête de ces trois personnages, mon esprit s'évapore vers ce ciel qui ne m'appartient pas – les bisons n'appartiennent pas au ciel non plus, tome deux – des oiseaux s'envolent de mon poitrail, ils partent piaillent, franchissent les limites de mon horizon, me reste alors le silence au dernier chapitre tourné de ce sublime moment littéraire.

Le silence et la mer d'un bleu profond font tanguer mon âme comme une bouteille de whisky ferait chavirer mon coeur. S'endormir à Buenos Aires, se réveiller face à la mer, fermer les yeux regarder le ciel s'envoler comme cette musique sortie d'une taverne refuge des marins désespérés, ouvrir les yeux et mourir sous une pluie de comètes.
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Dans ce roman, l'auteur nous raconte trois destins, à des endroits différents du monde, en 1910, lors du passage de deux comètes. Nous avons ainsi l'histoire de Karl (censé être Kafka), à New-York, celle de Fernando (Pessoa) principalement à Lisbonne et celle de Jorge (on aura reconnu Borges), ce dernier étant enfant.

Je suis passée par différents états d'âme en lisant ce roman. Tout d'abord un enthousiasme débordant lié à l'écriture de l'auteur. Puis, mes grosses lacunes, car je n'avais rien lu encore de Borges, seulement quelques poèmes de Pessoa, et « le procès » de Kafka, à l'adolescence, ont provoqué la peur de passer à côté du livre. Donc, je l'ai refermé pour m'attaquer au « Banquier anarchiste » de Pessoa qui prenait la poussière depuis dix ans sur une étagère de ma bibliothèque. Bonne pioche d'ailleurs…

Je suis ensuite revenue sur ce roman et il m'est difficile d'en parler, tant j'ai pu passer, en alternance, de l'enthousiasme au blues en l'espace de quelques pages. Ce récit est envoûtant et en fait, il faut se laisser porter par l'histoire.

J'ai beaucoup aimé l'écriture, pleine de poésie, les descriptions des villes, l'atmosphère qui caractérise chacune d'elles, qu'il s'agisse de New-York, ou Lisbonne, si les habitants qui y vivent y sont proches ou indifférents les uns aux autres, ainsi que la manière dont l'auteur décrit les états d'âme des personnages.

La construction du roman est intéressante, alternant la vie de chacun des protagonistes, ce qui accentue probablement l'intensité et la labilité des émotions que j'ai ressenties durant cette lecture.

Nuno Camarneiro aborde très bien la manière dont les gens peuvent réagir lors du passage d'une comète, ce feu dans le ciel dont on savait peu de choses à l'époque, ainsi que toutes les peurs et les superstitions qui l'accompagne : la fin du monde, Dieu qui s'énerve…

Il rend un hommage vibrant à la littérature, la poésie et les livres en général :

« Maman m'a répondu que les livres servent à savoir tout ce que je veux en dedans, que je peux les lire et dialoguer avec eux sur toutes les choses dont je ne parle pas avec mes camarades. » P 89

Ainsi qu'à l'écriture : « Il (Jorge) aime regarder l'encre lorsqu'elle sort du stylo comme si elle sortait de l'intérieur de la tête pour venir se ranger en idées sur les phrases de son cahier. Les mémoires rangées dans les cahiers comme des chaussettes dans un tiroir ou des allumettes dans une boîte. » P 55

Par contre, on ne sait jamais si ce sont les pensées et les émotions de l'auteur, où s'il se met dans la tête des ses personnages, qu'il connaît tellement bien que leurs émotions sont devenues les siennes. J'ai découvert un Fernando mélancolique, perdu dans sa ville et sa vie (comme s'il avait écrit son banquier au cours d'une phase maniaque ?) mais, c'est le personnage que j'ai le plus aimé, donc en route pour « le livre de l'intranquillité » et je sais que cela ne va pas être simple.

Jorge est un enfant, un peu étrange, avec des relations difficiles avec ses camarades de classe, on ne sait jamais s'il est dans le rêve ou la réalité, s'il invente ou pas, et tout cas il est fascinant. Donc découvrir son oeuvre est devenu une évidence.

Par contre, je n'ai pas eu d'atomes crochus avec Karl que j'ai eu des difficultés à cerner…

Je pense que je relirai sûrement ce roman pour la beauté de l'écriture et après avoir approfondi les oeuvres des auteurs dont nous parle Nuno Camarneiro, dont c'est le premier roman, pour l'apprécier à sa juste valeur.

Un bon point également pour la couverture et le choix du titre, « les hommes n'appartiennent pas au ciel » (« No meu peito nao cabem passaros » dans la version originale) est très judicieux, empreint de romantisme et invite au voyage au propre comme au figuré…
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Trois lieux- Buenos Aires, New York, Lisbonne- , trois destins- celui de Jorge, de Karl, de Fernando- , trois poètes - Borgès, Kafka, Pessoa - trois récits qui s'entrecroisent sous le signe incandescent de la comète de Haley, venue faire un petit tour de chauffe dans le ciel de 1910...

Un énième roman pseudo- autobiographique qui mettrait en parallele, fort artificiellement, un personnage du premier roman de Kafka -Karl, héros de "Amerika"- avec le mage aveugle du labyrinthe et le chantre inquiet de l'Intranquillité?

Pas du tout, mais vraiment pas du tout.

Dès les premières lignes on sait qu'on navigue vers des terres inconnues, qu'on doit s'abandonner à la houle des mots, aux brisants des images, au roulis des sensations.

Pas de roman "poétique" autoproclamé non plus: les mots et les phrases ne sont ni lyriques, ni ampoulés, ni "hhhhinspirés". Camarneiro est un physicien, il observe et connaît les mystères du monde naturel: il appréhende la poésie avec un regard nouveau, il dit sa surprise et crée la nôtre.

Ces trois poètes-là sont un peu trop fragiles, un peu trop perméables aux mystères de la mer et du ciel, un peu trop sensibles au pouvoir des mots , un peu trop en quête d'une façon de dire le monde qui leur serait propre, pour entrer vraiment en contact avec les autres hommes, ou avec une femme - eût-elle la crinière rousse des comètes en feu ou des incendies.

Leur enfance a été un long exil, loin des jeux, violents et charnels des autres enfants. Ils ont vécu dans un monde d'histoires racontées par des grands-mères, des tantes, aussi perdus dans la réalité que s'ils étaient perchés sur des tréteaux fragiles en haut d'un gratte-ciel ou enfermés dans la cabine d'un cargo un soir de tempête. Parfois ils ont trouvé une brève compagnie sur un coin de table, au fond d'un bordel ou d'une taverne, dans une chambre au bord du Tage.

Mais la solitude et les mots étaient leurs arpents, leur territoire.

Pourtant, ces solitaires, quel trésor ils nous laissent!

Je ne peux me résigner à fermer ce livre. Je le rouvre, je le savoure encore et encore. Il a toujours des choses à me dire. Il n'a pas fini de faire son chemin en moi. D'étoiler sa comète dans un petit coin de ma tête .

Merci Booky, merci le Bison pour cette mine inépuisable de merveilles..
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C'est en lisant dans un premier temps les citations que le Bison nous donnait à lire en cadeau puis en savourant sa superbe critique que j'ai eu envie de faire connaissance à mon tour avec Jorge,Fernando et karl.
L'idée du livre et sa construction sont tout à fait originales et je suis non pas étonnée , le Bison nous avait prévenu, mais subjuguée par la poésie et la sensibilité de nos trois personnages qui font référence à Borges, Pessoa, et un personnage dans la littérature de Kafka.
Nuno Camarneiro, l'auteur, nous invite à passer, à travers les « chapitres », d'un personnage et d'un lieu à l'autre. Nous retrouvons alors à chaque fois avec beaucoup de plaisir Jorge à Buenos Aires, Fernando à Lisbonne et Karl à New York.
Le fil conducteur ? qu'est-ce qui relie ces trois vies ?
La mélancolie qui accompagne ces trois personnages qui regardent et s'interrogent sur le sens de la vie. Leur regard intelligent sur l'existence.
Ainsi Fernando refuse de considérer le monde comme son enseignant lui impose : « le monde (…) est fait pour être observé et compris, non inventé »
Jorge nous interpelle : « Il est du devoir des hommes de discréditer Dieu, de lui montrer qu'il y a davantage d'histoires que celle qui est vécue, de la surpasser dans l'inventivité et le style. de faire beaucoup avec le peu qu'il nous a donné et de lui demander d'en faire plus avec tout le reste. »
Je terminerai par une phrase adressée à Karl : « Si tu crois vraiment en quelque chose, fais ce que tu dois faire envers et contre tout ce qui se dressera sur ton chemin, en commençant par toi-même. Fuis avec ta pute ou fuis tout seul, va en enfer avec qui tu veux, mais ne m'offre aucun rôle dans ta comédie.»
Merveilleux livre ! ( encore merci à le Bison!!!)

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S'il est un billet compliqué à commencer c'est bien celui-ci.
Ai-je aimé « Les hommes n'appartiennent pas au ciel »? Non.
Ai-je détesté ce bouquin? Presque à regret, non.

Oui à regret parce que là, ça aurait été facile d'ironiser sur un style d'écriture pouvant sembler masturbatoire pour ne pas dire canada dry, genre l'écrivain qui voudrait faire du Pessoa sans en avoir l'air, mais…
A regret encore parce qu'il me serait aisé de disserter sur le coté insupportable, pour moi, de Pessoa. Un coté que l'on retrouve tout au long du livre, comme quoi l'imitation ou plutôt l'hommage n'est pas si mauvais… Ce besoin de disséquer chaque geste, chaque pensée, chaque possibilité, chaque tout.

— Qui suis-je, d'où viens je, où cours je et dans quelle étagère?
— Fjällbo de chez Ikéa? (oui ça existe, j'ai investigué grave pour ce billet).
— T'es con.
— Non pas que, mais j'suis basique comme garçon, faut me parler avec des mots simples.
— T'es passé à coté d'une poésie métaphysique puissante.
— Oui ben ta physique, tu sais où tu peux te la mettre…
— Définitivement, t'es pas sortable.
Oui ça aurait été facile de continuer sur cette note mais…

Mais ça aurait eu un petit goût malhonnête.
Comme vous avez pu le lire dans les neuf autres billets sur ce titre (allez y si ce n'est pas déjà fait parce qu'ils sont vraiment bien, même si je ne partage malheureusement pas l'enthousiasme quasi général), les ombres de Pessoa, Borges et Kafka planent au dessus des pages.
Si j'ai lu quelques titres de Pessoa et que j'ai adoré « le banquier anarchiste », « Ode Maritime » ou « Bureau de Tabac », j'avais fini par être indisposé par « le livre de l'intranquilité » pour les raisons évoquées plus haut, je n'ai lu ni Borges (quelques textes seulement) ni Kafka. Je ne suis pas un littéraire et mon manque criant de références m'a probablement fait passer à coté de certaines choses.
Ca aurait été encore plus « fourbe » de ma part de « démolir » les lignes de Nuno Camarneiro car si les chapitres Lisboètes m'ont perdu pour la plupart, « Kafka » et « Borges » m'ont tenu éveillé avec plus ou moins de bonheur. le coté « fragile décalé » qui sent qu'il n'est pas fait pour le monde tel qu'il est et qui se débrouille comme il peut avec les moyens du bord pour ne pas sombrer, ça me parle, comme m'ont parlé certains passages sans que je sache vraiment pourquoi, juste un ressenti.
Ce billet n'aurait pas été sincère car je pense que le style « Pessomarneiro » m'a inconsciemment pollué la lecture. Une lecture pendant laquelle j'ai certainement cherché n'importe quel prétexte pour me dire que je n'aimais pas. Prétextes qui m'ont fait passer à des années lumière de la poésie du livre, une poésie que je n'ai pas vu, pire, pas ressenti.
J'ai la sensation assez désagréable de m'être exclu de moi-même de ce bouquin.
Pour terminer, il m'aurait été de toute façon impossible de massacrer ce livre tant les quarante dernières pages m'ont scotché. Je ne suis entré dans le monde de Camarneiro qu'à ce moment là, mais quel moment… presque rassurant. Un langage que je comprends, enfin. Moins torturé, du moins dans la forme.
Je dirais bien que ce n'était pas le bon moment pour cette lecture, que je le relirai plus tard mais je ne le dirai pas car je sais que je ne le relirai pas. Il y a des rendez vous manqués qu'il ne faut pas essayer de rattraper, enfin je le sens comme ça.
Dringgggg
— Votre séance est terminée.
— Merci docteur, je vous dois combien?
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« le monde est fait pour être observé et compris, non inventé ». Voici le commentaire d'un professeur de français sous le texte magnifique de l'élève Fernando. Mais il a obtenu la plus mauvaise note.

Les trois personnages que l'on croise dans ce roman ont tous en commun une grande sensibilité. Chaque instant pour eux est un poème, un instant fragile, un sentiment.

Frank, Jorge et Fernando vivent à New York, en Argentine et à Lisbonne. Ils retracent les pas, sous l'imagination de l'auteur, de Kafka (de l'un de ses personnages), de Pessoa et de Borges.

Un peu étranges, incompris ou malheureux, ils traînent derrière eux une ombre de mélancolie, aussi lumineuse cependant que la chevelure d'une comète.
Justement, en 1910, une comète traverse le ciel, et les hommes s'effraient...
Pour Fernando, Jorge ou Frank, ce n'est peut-être que le ciel qui poétise.

Un roman où il faut se frayer un chemin parmi les mots obscurs, garder en soi les poussières d'étoiles. Les hommes n'appartiennent pas au ciel, mais ces trois-là font partie des oiseaux. Sans ancre, ils survolent et effleurent la réalité, nous offrant leur imaginaire sans bornes, leurs craintes, leurs angoisses et leurs rêves. En inventant, en s'évadant, ils comprennent le monde, ils en décortiquent la mécanique, avec leur machine à pensées. Ils en font de la musique.

Un premier roman particulier. Les mots déambulent sur trois fils et tricotent des pensées qui nous emmènent au loin. Pourquoi ne pas le relire en ne suivant qu'un fil à la fois ? Le fil de Jorge en Argentine est mon préféré.
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Un livre original, déroutant, prenant! Merci à Bookycooky et au Bison, qui par leurs beaux ressentis, m'ont donné envie de lire ce roman. Je suis d'ailleurs étonnée qu'il ait si peu de lecteurs sur Babelio, il mérite tellement d'être lu!

Le lecteur voyage, à travers le destin singulier de trois personnages, ressemblant de façon troublante à des auteurs ( Pessoa, Borges) ou au héros d'un livre ( Karl, dans "L'Amérique "de Kafka) . Le voyage est certes géographique car l'on passe de Lisbonne à New York, puis on se rend en Argentine, alternativement, au début du 20ème siècle, au moment du passage de deux comètes. Mais il est aussi temporel, spirituel, poétique, intérieur...

Laissez-vous comme moi emporter par cette magie de l'écriture, ces phrases porteuses de vérités essentielles , cette vision sublimée que les trois personnages impriment au monde. Tout est beau, profond dans ce livre. De belles âmes, des existences tourmentées et tellement ardentes, chacune en quête d'un idéal.

J'ai eu un coup de coeur pour Jorge, le petit argentin, si touchant et magnifique dans son désir d'imaginaire, sa volonté de toucher à l'essence des mots, de les chérir, de les illuminer...

J'espère vous avoir convaincus, lisez toutes les belles citations du Bison, et courez vite vous procurer ce premier roman formidable, d'un auteur portugais qui, j'en suis sûre, fera parler de lui.

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À quoi ça tient, parfois, une lecture… Si je n'avais pas été lire l'interview d'un collègue Babéliote (Le_Bison), jamais je n'aurais entendu parler de ce roman dont il publia un jour la chronique après l'avoir acheté par hasard.

Éveillant la curiosité d'autres membres, ceux-ci l'ont lu à leur tour et apprécié. Puisque je suis curieuse en littérature et que je ne m'étais pas encore faite un Portugais, je me suis dit « soyons folle ! ».

Il m'avait bien prévenue dans le fait que je trouverais pas de cadavre sanglant, mais que c'était bourré de poésie et que je devais le lire avec une bonne bière à mes côtés.

Une pénurie de bière m'a obligé de me tourner vers un café glacé… Cela n'a pas entravé mon plaisir de lecture.

N'ouvrez pas ce livre si vous cherchez un truc trépidant, mais si vous êtes à la recherche d'une écriture que l'on lit doucement pour mieux en profiter, à la recherche de phrases qu'il faut relire deux fois pour bien en saisir le quintessence, ce roman est fait pour vous.

Je suis passée de New-York au sommet des grattes-ciels à la moiteur de l'Argentine et puis, je suis passée à Lisbonne.

Karl, Fernando et Jorge. Trois portraits de personnes simples, mais pas simplistes, trois destins différents, trois vies aux antipodes l'une de l'autre, sauf en ce qui concerne leur sensibilité.

Et puis, au fil du récit, on sent bien que le Karl est Kafka, que Fernando est Pessoa et que Jorge est Borges, même si ce dernier était enfant au début du récit, tout comme Fernando.

C'est un roman que l'on ne dévore pas car il faut en savourer tous les mots, toutes les phrases, faut les relire deux fois, les répéter à haute voix et puis, on s'extasie sur le phrasé de l'auteur.

Une belle découverte ! J'ai eu raison d'écouter Le_Bison qui me conseillait de me faire un portugais !

Un roman spécial mais bourré de poésie.

Un roman qui, sitôt entré dans ma PAL a été lu de suite… Dernier entré, premier lu… Si ma prof de compta apprenait ma gestion désastreuse de mon Stock À Lire, elle me tuerai sur place.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Nuno Camarneiro écrit là un premier roman étonnant. Son écriture est poétique, philosophique et spirituelle, elle parle des hommes et de leur nature, de la société et de son emprise, de croyances, de l'attachement aux gens, aux choses et aux lieux, de la connaissance et de la création littéraire. Il s'en dégage beaucoup de sensibilité. Des émotions en-dedans, de l'amertume, de la solitude, de l'errance, des réflexions sur le sens de la vie, de la mort. Des quêtes intérieures.
L'auteur a choisi une construction originale : trois récits s'entrecroisent tout au long du roman, trois vies, trois hommes. On suit ainsi l'histoire de chacun alternativement, un chapître sur trois.
Karl, un jeune immigrant d'Europe Central est laveur de vitres à New-York. On imagine son arrivée en Amérique, plein d'espoir. Licencié, il descend dans les rues de la ville, bruyantes, méfiantes voire agressives. Il marche sans but, le coeur déchiré, déraciné. Karl trouvera une place d'homme à tout faire dans une maison close. Il tombera éperdument amoureux de Célestina, une prostituée, qu'il ne peut posséder, s'évanouissant sans cesse dans d'autres bras.
On découvre Jorge, enfant, qui semble nager dans le bonheur et la plénitude. Il vit à Buenos Aires dans une charmante maison avec ses parents, sa petite soeur Norah et sa grand-mère. Les enfants passent leurs journées dans le jardin, Jorge invente des histoires, rêve de tigres et lit les grands classiques de la littérature. Il déborde d'imagination. Il découvre la réalité avec son entrée à l'école, myope affublé de lunettes, il se sent différent des autres enfants, des petits voyous. Cette confrontation le heurte. Il se rappellera longtemps de Roberto, son petit voisin qui n'avait aucun livre chez lui mais savait se servir de ses poings. Puis, il partira avec sa famille en Suisse où il fera ses études. Il écrira une prose et une poésie traversées de fantastique et d'imaginaire.
Fernando est encore adolescent quand il arrive en bateau à Lisbonne. Il a quitté ses parents pour venir vivre chez sa tante. D'une santé fragile, il passe beaucoup de temps à réfléchir sur le monde et surtout sur lui, sur son cheminement intérieur. Il traîne sa mélancolie dans les rues de Lisbonne, hante les cafés. de plus en plus tourmenté, il écrit son désespoir. Des poèmes emplis de mysticisme.
Durant l'année 1910, deux comètes traversent le ciel, l'embrasant. En bas, les gens ont peur. Ce phénomène céleste étrange inquiète autant qu'il interroge. La mort les frôle... la fin du monde est proche...
Jorge, Fernando et Karl sont bien au-delà de ces craintes, bien loin de ces considérations, préoccupés par leur propre chemin de vie... des personnages singuliers, des figures emblématiques : Borges, Pessoa et Kafka (après quelques recherches, j'ai appris que Karl est le personnage de l'Amérique, premier roman de Franz Kafka). Un hommage de l'auteur à ses trois grands hommes de la littérature, et à travers eux une longue réflexion sur les hommes et leur devenir.
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