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Critique de urbanbike


Ettore Majorana a réellement disparu en Italie le 26 mars 1938. Il avait 31 ans. Petite précision, ce gars était une sommité en physique fondamentale. En ces temps où le mot neutrino commence à être de plus en plus cité, il n'est pas inutile de savoir qu'Ettore fut l'un de ses inventeurs en terme de cogitation intellectuelle.

Alors, suicide, retraite dans un couvent napolitain…?

Certains ont pensé qu'il avait disparu pour ne pas participer au grand chaudron nucléaire (Sciasca), ou qu'il se serait réfugié en Argentine (Recami).

J'ai ouvert ce livre paresseusement un dimanche soir avant de rentrer immédiatement dans l'ambiance et avoir réellement du mal à m'en détacher quelques heures plus tard ! de fait, l'auteur nous brosse une incroyable enquête policière à la fin des années 1946, dans l'Italie à peine délivrée de ses démons fascistes et plongée dans une misère noire.

Bien sûr, l'enquête ne se limite pas à essayer de reconstituer les derniers jours de ce disparu, à interroger son entourage – ou ce qu'il en reste après tous les règlements de compte qui ont suivi cette période troublée de l'Italie.

Bien sûr l'auteur entre rapidement dans le vif du sujet et éclaire la personnalité étonnante de ce très jeune savant, calculateur prodige, qui alla jusqu'à vérifier les calculs d'Enrico Fermi, l'un des pères de la bombe atomique qui s'était réfugié aux USA. Surdoué, sans aucun doute !

Aussi, si vous avez un minimum de culture scientifique, elle ne vous sera pas inutile pour mieux cerner le personnage et comprendre à quel point son passage fulgurant dans l'univers des sciences à été important. Et accompagner Ben, un italo-américain démobilisé, ancien étudiant en physique, dans ses recherches, lectures et découvertes. Mandaté par la famille du disparu, il se plonge dans les témoignages de ceux qui l'ont approché, connu et se retrouve face à des pans étonnants de la personnalité d'Ettore, notamment lors de son séjour avant guerre en Allemagne. Ainsi celui d'Emilio Gino Segrè, un autre physicien qui diriga comme Fermi un groupe de recherche à Los Alamos dans le cadre du projet Manhattan pendant la seconde guerre mondiale…

Dans votre lettre, c'est à cette anecdote sur son arrivée à l'Institut et à sa « révision » des calculs de Fermi que vous faites allusion, je suppose, et vous me demandez si celui-ci, à l'époque, aurait pu en prendre ombrage. Franchement, je ne le crois pas. En revanche, je crois que dès le jour de son arrivée Fermi fut fasciné par Majorana et qu'il l'est toujours resté, même longtemps après sa disparition. En tout cas, ils se lançaient souvent des défis de calcul, l'un armé de sa calculette, l'autre se retournant contre le mur pour calculer de tête les mêmes équations. C'était un jeu.

Et un peu plus loin, Emilio Segrè ajoute…

Mais Majorana semblait avoir une lecture immédiate de la « nature des choses » que lui-même (Enrico Fermi) n'aurait jamais au même point. Il a dit plusieurs fois qu'il le considérait comme un « génie », il le comparait même à Galilée et à Newton et je ne pense pas qu'il se soit jamais lui-même considéré comme tel. Et pourtant, croyez-moi, il ne se mésestimait pas.

Alors oui, Ettore Majorana était un être exceptionnel, hypersensible et… Mais le mieux de parcourir ce roman qui se dévore avant tout comme un excellent polar qui se prolonge dans le temps.

Tant pour l'énigme réellement incertaine que pour l'atmosphère politique de ce début de siècle ou encore ces avancées en recherche fondamentale, ces fameux neutrinos. Vérifiés 40 ans plus tard…

Sans oublier la fidélité d'un certain Bruno Pontecorvo.

Passionnant !

À noter que ce livre papier vous permettra de télécharger via un QR code sa version numérique sans DRM, raison de plus pour vous l'offrir en respectant le droit d'auteur.
Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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