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Critique de Enya75


Avec la Muse, nous plongeons dans le Londres Victorien, chez les artistes préraphaélites, dans un monde de peintres bohèmes et libertins. Nous suivons la vie d'Elizabeth Siddal, le modèle le plus célèbre de Dante Gabriel Rossetti, que l'on peut admirer sur nombre d'oeuvres préraphaélites, elle est La Muse. Mais ce que l'on sait moins est que cette femme n'était pas qu'une égérie, qu'un modèle, elle était aussi une artiste de talent...

On nous présente le livre comme une romance historique, je pencherais pour un drame historique, la vie de Lizzie Siddal, artiste elle-même et poète, ne fut en rien un conte de fées.

Elizabeth Siddal était une très jolie femme, mais son allure et sa beauté étaient atypiques pour son époque. Elle était grande, mince, élancée, avait un port de reine, mais surtout portait une extraordinaire chevelure rousse. Elle confectionnait des chapeaux dans un atelier de modiste, c'est là qu'elle fut remarquée par un étudiant de la Royal Academy. Mais à cette époque, être modèle pour les artistes était synonyme de prostitution. La jeune femme y vit tout de même son intérêt, un avenir financier plus sûr et une vie plus exaltante.

Nous nous concentrons donc sur la relation entre Elizabeth Siddal et Dante Gabriel Rossetti, les autres artistes préraphaélites et figures historiques passent et repassent elliptiquement. Lorsqu'il la croise sur un pont de Londres, Rossetti l'idéalise aussitôt. Elle est l'incarnation de sa Béatrice de Dante Alighieri, elle sera, pour lui, tant d'autres femmes à la fois... L'artiste se trouve être le gentleman dont Lizzie a toujours rêvé d'épouser... Oui mais Rossetti aimait bien plus son art que Lizzie, seul, Ruskin, le critique d'art, poussa Lizzie à s'exprimer, à continuer d'écrire des poèmes, à dessiner, à peindre, à vivre...

Les femmes sont tellement souvent les victimes de l'épanouissement personnel des hommes, qui à cette époque, agissaient encore plus en purs égoïstes inconscients, de plus, ces artistes préraphaélites n'étaient pas sans le sou.
Le destin d'Elizabeth Siddal n'échappe pas à sa condition féminine, elle est frustrée, muselée, entravée, privée de liberté, manipulée, trahie (un petit peu naïve aussi... non ?) mais également artiste si peu reconnue... Pourtant elle est le centre même du Préraphaélisme, si Elizabeth Siddal n'avait pas existé, le mouvement n'aurait pas eu le même impact. Cependant, et tout de même oserais-je dire, Dante Gabriel Rossetti peindra sa Beata Beatrix dix ans après la mort de Lizzie, elle le hantera donc longtemps...

Une fin sans surprise donc, mais il y avait des éléments que j'ignorais dans le destin de cette artiste, et si cette lecture introspective dans la vie de Lizzie Siddal est loin d'être un coup de coeur, la plume élégante et précise de l'autrice l'ont rendue toutefois agréable, les descriptions du Londres victorien sont exquises, et les émotions concrètes.
Désormais je sais que derrière la beauté des oeuvres de Dante Gabriel Rossetti se cachait une autre réalité...


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