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Serge Quadruppani (Traducteur)
EAN : 9782757801963
228 pages
Points (09/11/2006)
3.67/5   79 notes
Résumé :
Sicile, 1875. Tout commence et tout finit par les flammes qui ravagent le nouveau théâtre de Vigàta, occasion rêvée pour un ingénieur germanique de tester grandeur nature sa machine à éteindre les incendies. Entre les deux, on revient en arrière pour se heurter à l'entêtement du préfet Bortuzzi qui s'obstine, contre le gré des habitants de la petite ville, à vouloir faire donner un obscur opéra pour l'inauguration de ce fameux théâtre :Le Brasseur de Preston. L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un Camilleri où Montalbano n'apparaît pas et donc adieu les rougets de roches frais et fris, l‘mpanata de cochon, les vavalucis persillés.
Il reste toutefois, et ce n'est pas rien, une farce burlesque et gargantuesque à l'italienne, pardon à la sicilienne, très alerte, très crue qui peut, pour employer un ton à la Camilleri dérider même un constipé.
Tout commence (contrairement à Asterix ou « tout fini... ») par une empoignade verbale de notables à sang chaud, chanoine compris grossier mais didactique, sur l'opportunité de jouer un opéra italien à Vigata. Celui-ci, écrit par un napolitain et imposé par un milanais le préfet, donc des italiens du nord, ne fait pas l'unanimité loin s'en faut. Empoignade digne de celle de Don Camillo avec Peppone avec la prose verte de Rabelais, Coluche ou Bigard
S'ensuit ledit opéra joué à la sicilienne: entendez avec la participation du public qui interpelle les comédiens, les questionnent, font des commentaires sur le physique hommasse de l'actrice principale, autrement dit « foutent le bordel » sans parler de ceux qui dorment, mangent et qui n'y comprennent goutte et qui sont venus seulement pour observer la tenue des uns et des autres. Et ils sont nombreux.
On imagine facilement les deux vieux critiques du Muppets show Statler (Pierre Tornade) et Waldorf (Gérard Hernandez) commenter, avec salacité et en toute discrétion , les couacs de la soprano Effy

Un mouvement de panique, alors que la milice entoure le « tîatre » pour veiller à ce que le public ne soit pas tenter de déserter la salle, et c'est l'émeute pendant laquelle avons-nous noté en fait divers, un « tripoteur » tâte du « cul » de ses dames a « s'en faire mal à la main »
Oui les siciliens comme les italiens sont des tactiles et le palabre passe par la paluche

En arrière-plan on trouve les thèmes souvent associés à la Sicile : corruption et impéritie des édiles, association avec la pègre, règlement de comptes, monomanie et concupiscence sexuelle des hommes largement partagée (sinon plus) et suggérée par les femmes, inaptitude indécrottable en matière d'art des siciliens et « crimes d'honneur » mais politiques
le tout narré avec la verve de Camilleri en pleine forme

- Rien, expliqua le chanoine avec un visage si séraphin qu'on eût dit que deux angelots lui tournaient autour de la tête. Je veux seulement vous signifier qu'en langue talienne, Tristan c'est Tristano, c'est à dire, « cul mélancolique » : Ano, anus , triste. Et alors avec ça , je m'imagine que l'opéra doit être de toute beauté -
Voilà une explication simple qui pourrait être mis au programme d'enseignement musical du collègue : c'est parlant et ça tient éveillé
On ne s'ennuie pas dommage que Montalbano ne soit pas passé dans le coin !
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C'est une délirante tragi-comédie, inspirée, si je ne me trompe, de faits divers .
Le préfet décide d'inaugurer le théâtre de la ville avec une oeuvre inconnue.
Cela donnera lieu à une série d'intrigues, de tumultes et de délits. Il ne fallait pas défier une société dans laquelle la permanence du mode de vie, la domination sicilienne,s'affirme contre les modèles importés du Nord.
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On ne rigole pas avec l'opéra en Italie et encore moins à Vigata . La représentation d'une oeuvre peu connue , »Le Brasseur de Preston » (quel titre attractif !) pour l'inauguration du théâtre local dégénère en quasi guerre civile. Comme souvent chez Camilleri on voit se dessiner en arrière- plan les difficultés de compréhension entre siciliens et nordistes (ici un piémontais) . Ce roman qui se passe en 1875 appartient à la veine historique du maestro et bénéficie d'une construction très sophistiquée.
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Le préfet milanais de Vigàta programme, contre l'avis de tous, l'opéra le Brasseur de Preston pour inaugurer son théâtre flambant neuf.
Mais le spectacle tourne à la catastrophe : la cantatrice vedette - sans doute troublée par le chahut des spectateurs - pousse un cri monstrueux.
*
La panique est générale.
*
Concetta, dans la maison voisine, ne se doute de rien. Mais voici que les premières flammes jaillissent du toit...
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J'ai vraiment éprouvé beaucoup de mal à entrer dans cette histoire d'un autre temps. Les personnages sont très nombreux et il faut bien dire que je ne me suis pas du tout sentie concernée par cette histoire d'opéra.

Et si je n'ai pas accroché à l'histoire, je pense que la raison principale qui m'a fait mettre ce roman de côté est la langue utilisée.

Andrea Camilleri a réalisé un travail remarquable sur le langage utilisé par ses personnages. Les classes sociales se distinguent par le vocabulaire utilisé, on décèle même les tics de langage ou l'haleine avinée d'un habitant. Travail que j'ai mieux compris en lisant la note que nous adresse Serge Quadruppanile, le traducteur. Celui-ci explique la difficulté de traduire Andrea Camilleri tant l'auteur utilise des dialectes italiens venus de différentes régions, joue sur les accents et les expressions, il invente même un langage qui lui est propre, compliqué à retranscrire en français sans en altérer le piment. Pour nous transmettre toute la saveur du texte original, le traducteur a donc puisé dans les patois issus des quatre coins de la France. Je pense que son pari est réussi tant on ressent toute la richesse du langage utilisé par l'auteur italien dans ce roman.

Malheureusement, entre mon manque d'intérêt pour l'histoire et la concentration nécessaire pour s'imprégner de l'ambiance, mon bilan est plutôt négatif.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Que votre seigneurie m'excuse, Excellence, dit-il en commençant à déboutonner ses bretelles.
D'un coup, le préfet se leva, courut à la porte, donna un double tour de clé, la glissa dans sa poche. Pendant ce temps, Ferraguto avait tiré de la jambe droite du pantalon un long rouleau qu'il posa sur le bureau, avant de se reboutonner en hâte.
- Ça me faisait marcher tout tordu, dit-il. J'avais peur que le papier prenne des plis. Avec une lupara [fusil de chasse à canon scié] dans le pantalon, il n'y a pas ce genre de problème.
Il rit longuement, tout seul, pendant que Son Excellence déroulait la feuille. C'était l'épreuve d'imprimerie d'une affiche annonçant la prochaine représentation de l'opéra Le Brasseur de Preston, pour l'inauguration du théâtre de Vigàta. A la fin d'une lecture attentive, comme il n'avait trouvé aucune erreur, le préfet rendit le rouleau à Ferraguto, qui le renfila dans son pantalon.
-Nous sommes aux portes avec les pierres, très cher.
- Je ne comprends pas, Excellence.
- C'est une façon de dire de par chez moi. Cela veut dire que désormais, il nous reste très peu de temps. Après-demain, d'ici trois jours plutôt, l'opéra sera porté à la scène. Et je suis très préo'uppé.
Ils s'offrirent une pause, les yeux dans les yeux.
-Moi, quand j'étais gamin (nicareddro)(3), je jouais aux comerdioni, dit très lentement, rompant le silence, Emanuele Ferraguto.
- Ah, oui ? fit, quelque peu dégoûté, le préfet qui s'imaginait les comerdioni comme des espèces d'araignées velues et gluantes auxquelles le petit Ferraguto arrachait les pattes une à une.
- Oui, continua don Memè. Comme on les appelle par chez vous, ces jeux que les gamins (picciliddri) fabriquent…
- C'est un joujou? l'interrompit le préfet, visiblement soulagé.
-Oui mon bon monsieur. On prend une feuille de papier de couleur, on la coupe à la forme, on y colle deux baguettes d'osier avec de la colle de farine… puis on l'envoie en l'air attachée à une cordelette.
-J'ai compris! Les cerfs-volants! Les aquiloni! s'exclama Son Excellence.
Les cerfs-volants, oui mon bon monsieur. On y jouait du côté de Punta Raisi, près de Palerme. Vous le connaissez, l'endroit?
- Quelle question, Ferraguto! Vous savez très bien que moi, je n'aime pas sortir de chez moi. La Sicile, je la 'onnais bien sur les dessins. C'est mieux que d'y aller en personne.
- Pour les comerdioni, c'est un endroit nul, Punta Raisi. Certaines fois, il n'y avait pas de vent, et il n'y avait ni Dieu ni diable qui les fasse lever. Certaines fois, au contraire, du vent, il y en avait et le comerdione, à peine décollé, encaissait une baffe de courant fort qui le faisait plonger et puis l'envoyait s'écraser contre les branches des arbres. Moi, testard, je m'obstinais. Mais je me trompais, j'étais dans l'erreur. Je me suis bien expliqué?
Son excellence resta foudroyée par cette question inattendue. Merde, qu'est-ce qu'il y avait à comprendre, dans cette histoire de cerfs-volants et de vents contraires?
- Non, vous ne vous êtes pas bien expliqué.
«Une éternelle tête de con de Florentin, il est», pensa Ferraguto et en conséquence, il répondit par une question.
— Votressellence me permet de parler latin?
Le préfet sentit une rigole de sueur lui couler dans le dos. Depuis l'instant où il s'était heurté à rosa-rosae, il avait pris cette langue en grippe.
- Ferraguto, en 'onfidence, à l'école, je n'étais pas très bon.
Le sourire légendaire de don Memè s'élargit.
-Mais qu'est-ce que vous avez compris, Excellence? Chez nous en Sicile, parler latin signifie parler clairement.
-Et quand vous voulez parler de manière obscure ?
- Nous parlons en sicilien, Excellence.
- Allez-y en latin.
-Excellence, pourquoi est-ce que vous vous entêtez à vouloir faire monter ce comerdione de Brasseur justement à Vigàta où il y a des vents contraires ? Croyez-moi, croyez l'ami que je m'honore d'être, ce n'est pas une bonne idée.
Le préfet comprit enfin la métaphore.
- A Vigàta, bonne ou mauvaise idée, ils doivent faire ce que j'ordonne, moi. Ce que je dis et ce que je 'ommande. Le Le Brasseur de Preston sera représenté et aura le succès qu'il mérite.
-Excellence puis-je parler spartiate ?
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Spartiate, ça veut dire avec des gros mots. Vous pouvez m'expliquer pour quelle putain de bonne raison vous vous êtes fourré dans la tête cette putain d'idée d'imposer aux Vigatais la représentation d'un opéra que les Vigatais ne veulent pas s'avaler ? Votressellence veut peut-être faire arriver un quarante-huit, une révolution ?
- Que de grands mots, Ferraguto!
(p 39/42)
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À la courtoise question du marquis, le chevalier gonfla la poitrine.
- Je parle de Ouagnère ! De sa musique de Dieu ! Du spectre de sa musique qui hante tous les autres musiciens ! Cette musique sur laquelle tous, aujourd'hui ou demain, devront se rompre les cornes !
- Ce Ouagnère, jamais je ne l'entendis, avoua Giosuè Zito, sincèrement étonné.
- Parce que vous être un homme ignorant ! entre vous et la culture d'un merlan, il n'y a pas de différence ! À moi, elle m'en a joué un morceau de cette musique, Mme Gudrun Hoffer, au piano. Et moi, je me suis retrouvé au paradis ! Mais par saint Belzébuth, comment fait-on à ne pas connaître Ouagnère ? Vous n'avez jamais entendu parler du Vaisseau fantôme?
Giosuè Zito, qui venait à peine de se réveiller du coup précédent, vacilla, se retint à un guéridon pour ne pas tomber.
- Alors, vous voulez vraiment me faire calancher! Pourquoi, merde, continuez-vous à parler de fantômes ?
- Parce que c'est comme ça que ça s'appelle, et que c'est un opéra très grand ! Moi, je m'en fous si vous chiez dans votre froc! C'est une musique nouvelle, révolutionnaire! Comme celle de Tristan!
- Aïe! Aïe! murmura la chanoine Bonmartino, spécialiste de patristique, occupé suivant son habitude à s'embrouiller lui-même avec une réussite.
- Qu'est-ce que vous voulez me signifier, avec votre aïe-aïe ?
- Rien, expliqua le chanoine avec un visage si séraphique qu'on eût dit que deux angelots lui tournaient autour de la tête. Je veux simplement vous signifier qu'en langue italienne, Tristan, c'est tristano, c'est à dire, "cul mélancolique" : Ano, anus, triste. Et alors, avec ça, je m'imagine que l'opéra doit être de toute beauté.
- Alors, même vous, vous y comprenez que dalle, à Ouagnère !
- En attendant, ça s'écrit double v, a, gé, ène, è, erre et ça se dit "Vagner". C'est un Allemand, très cher ami, pas un Anglais ni un Méricain. Et en plus, c'est vraiment un fantôme, comme vous dites et Dieu garde la santé de M. Zito. En fait, il est mort avant de naître, un avorton. La musique de votre Wagner est une chiure solennelle, une chiasse bruyante, faites de pets tantôt pleins et tantôt vides d'air. Des choses de cabinet, de retrait. Ceux qui font de la musique sérieuse pour de bon, n'y arrivent pas, à la jouer, croyez-moi. p 20/21
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-"les Vigatais doivent faire ce que j'ordonne, moi. Ce que je dis et ce que je commande. Le"brasseur de Preston" sera représenté et aura le succès qu'il mérite.
-Excellence, puis je parler "spartiate" ?
-Qu'est ce que cela veut dire ?
-Spartiate, ça veut dire avec des gros mots. Vous pouvez m'expliquer pour quelle putain de bonne raison vous êtes fourré dans la tête cette putain d'idée d'imposer aux Vigatais la represintation (sic) d'un opera que les Vigatais ne veulent pas s'avaler? Votressellence veut peut-être faire arriver un quarante-huit, une révolution ?"
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La dame, qui était assise à se vernir les ongles, s'était levée très lentement . De l'index de la main droite, elle lui avait indiqué cet endroit de son corps où Everardo Colombo trouvait, deux fois par semaine, l'or, l'encens et la myrrhe.
- Ca, c'est à moi, avait dit dona Pina, haute, ferme et terrible come un oracle . Et moi, je te le donne jamais plus. Pour moi, à partir d'aujourd'hui, tu peux rester les couilles en l'air.
Et elle avait tenu parole.
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Toucher le cul des poules pour sentir si elles étaient entrain de pondre était le passe-temps préféré du commandant Lillo Lumia , et c’est ce qu’il était en train de faire dans le poulailler de sa villa à mi-côte au-dessus de Vigatà quant un domestique vint en courant lui dire qu’au mas , il y avait u zu Memé arrivé au galop de son cheval.
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Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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