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Serge Quadruppani (Traducteur)
EAN : 9782864245551
246 pages
Editions Métailié (07/10/2005)
3.94/5   40 notes
Résumé :
A Vigàta, le vendredi saint de l'an 1890, est représenté le mystère de la Passion du Christ, dit Les Funérailles. Le comptable Pato, fonctionnaire irréprochable et époux exemplaire, incarne avec humilité le personnage de Judas. Comme prévu, au moment de la pendaison du mauvais apôtre, la trappe s'ouvre et Pato disparaît. Où est passé Pato ? Fugue, assassinat, fracture spatio-temporelle ? Houspillés par leurs supérieurs, menacés par les jeux des puissants, le délégué... >Voir plus
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Je me suis encore régalée avec ce roman policier historique du maestro Andrea Camilleri (2000). il est original et drôle.
Nous sommes à Vigatà (ville sicilienne imaginaire) , le vendredi saint de l'an 1890. Tout le village assiste à la représentation du mystère de la Passion du Christ, dit Les Funérailles. le comptable Pato, directeur de la filiale locale de la banque de Trinacria, neveu du Sous-secrétaire d'Etat au Ministère de l'Intérieur et paroissien irréprochable, incarne Judas. Conformément à la mise en scène prévue, au moment de la pendaison du mauvais apôtre, une trappe s'ouvre et Pato disparaît. Mais il n'a toujours pas réapparu le lendemain. le délégué à la sécurité publique Ernesto Bellavia et le maréchal des carabiniers royaux Paolo Giummaro mènent l'enquête.

L'originalité de ce roman policier c'est qu'il est entièrement rédigé sous forme d'un dossier épistolaire administratif. Il contient dans l'ordre chronologique les documents officiels ou non tapés à la machine. Ils ont différentes typographies et des en-têtes stylisés. On y trouve les rapports aux supérieurs hiérarchiques, officiels et non officiels ; les procès verbaux d'interrogatoires ; des articles de journaux ; les lettres farfelues d'un sujet de sa Majesté, des plaintes de paroissiens outrés, des interventions politiques, des interventions ecclésiastiques, mais aussi des lettres anonymes, des graffitis etc.
L'enquête est passionnante jusqu'au bout. Les deux premiers chapitres permettent au lecteur de se familiariser avec tous les protagonistes d'une manière claire et simple. Les hypothèses sont nombreuses. La découverte de la vérité est perturbée par des interventions extérieures et partiellement occultée jusqu'au bout. Au lecteur de se faire son idée.
Et puis surtout, c'est une comédie dans la tradition sicilienne (populaire et littéraire), avec une forme moderne qui ressemble à un collage épistolaire.
Les lettres permettent de jouer sur l'alternance entre les registres de langue et les niveaux d'éloquence. Les lettres vont de l'ampoulé au dialectal, de l'empesé onctueux aux menaces directes, du rigide bureaucratique aux lazzi. C'est souvent très drôle et cela permet en même temps de se rendre compte des moeurs et coutumes locaux, de la rivalité traditionnelle entre police et carabiniers, des rapports hiérarchiques et sociaux de l'époque et bien entendu de la façon dont on camoufle la vérité.
Plus je lis Camilleri, plus je le trouve génial.
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N° 1560 - Juillet 2021

La disparition de JudasAndrea Camilleri – Metallié..
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani.

Le jour du Vendredi Saint de l'année 1890 à Vigata, la tradition veut que, dans un pièce de théâtre, autrement appelée « Les Funérailles » on fasse revivre la Passion du Christ. le personnage de Judas, incontournable, est tenu avec humilité par le comptable Pàto, directeur de la banque locale, personnage intègre et catholique pratiquant, citoyen estimé et neveu d'un sénateur, qui disparaît au cours de la représentation dans le cadre même de son rôle ; il se donne en effet la mort. Au départ on n'y prête guère attention mais il s'avère rapidement que cette disparition inquiète tout le monde d'autant plus qu'elle est mystérieuse. S'agit-il d'une perte de mémoire consécutive à une éventuelle chute, d'un enlèvement, d'un assassinat, d'une volonté de disparaître ou d'une fugue amoureuse ou, pourquoi pas, la chute de l'intéressé dans un interstice spatio-temporel ? D'emblée l'hypothèse d'une malversation bancaire est écartée, ce qui correspond bien à la personnalité intègre de Pàto mais une lettre anonyme qui le menaçait personnellement vient tout compliquer. Les autorités locales nationales et religieuses sont en émoi, les policiers et carabiniers sont sur les dents et, pour résoudre cette énigme, vont devoir oublier un temps leurs différents, sous le regarde inéluctable de la mafia. Dans le contexte religieux d'une Italie très dévote, il ne manque évidemment pas de voix pour fustiger le théâtre dont l'Église excommunia longtemps les acteurs et surtout la personnalité de Judas, archétype du traître, veule et cupide dont le rôle tenu par un comédien pourrait bien cacher quelque chose de sa vraie personnalité. le plus dur sera, l'énigme une fois révélée, de lui donner une explication logique et qui ne lèse personne.

Le personnage même de Judas a donné lieu à beaucoup de commentaires et d'interprétations parfois contradictoires. Il est certes l'archétype du félon selon l'Église mais incarne bien une facette ordinaire de la condition humaine, les autres apôtres étant eux aussi des hommes simples fascinés par la personnalité de Jésus. Sans lui la vie du Christ en eut été bouleversée, pour ne rien dire dire de celle du monde, et son nom aurait rejoint la cohorte des quidams oubliés.

Il s'agit bien d'un roman policier mais Camilleri choisit de le traiter avec humour sous la forme d'une accumulation d'articles de journaux, de rapports de police à la rédaction savoureusement administrative, d'interrogatoires, dont certains ne servent à rien dans la manifestation de la vérité, de fausses pistes, d'échanges de lettres non moins surprenantes ... J'ai bien aimé cette manière originale de présenter les choses qui est aussi une étude pertinente de la société italienne. On sent l'auteur particulièrement à son aise dans un registre où il excelle par l'architecture de ce roman et par le style toujours aussi agréable à lire et qui emporte à chaque fois l'assentiment de son lecteur.

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A partir d'un fait divers (la disparition du comptable Pato pendant une pièce de théâtre), Andrea Camilleri présente un roman policier à la forme originale : le récit est en effet un dossier composé d'articles de journaux ou de lettres, pour la plupart administratives. Ce choix très surprenant rend la résolution de l'enquête parfois difficile à suivre en raison de nombreux parasitages d'informations, mais transforme la lecture en un moment délectable, notamment grâce à un humour très affirmé : tics de la communication administrative, pistes plus improbables les unes que les autres, observation de la société contemporaine du fait divers... A découvrir, pour sortir des sentiers battus et rebattus du polar !
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Un livre très épistolaire (on est en Sicile et non pas a Guernesey d'où ne pas confondre avec «Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates» infâme fiction épistolaire) où il a été mis en évidence, plutôt qu'une intrigue encore qu'elle soit là, l'art de l'écriture dans la fonction publique italienne et sicilienne.
Ce qui se traduit par des mises en page de lettres officielles avec des polices (écriture du texte) recherchées allant de la plus simple à la plus ampoulée: ça distrait les yeux: l'imprimeur a du s'amuser sans parler que sont ajoutées des photos et des plans.
Pour le contenu de ces bafouilles on va du style de fonctionnaire basique factuel mais précis sans fioritures avec juste ce qu'il faut de de déférence à celui des éminences plus alambiqué, très melliflu, onctueux et servile à s'en coucher par terre!

Il est a noter que les deux fonctionnaires ennemis mis sur l'affaire de la disparitions de Judas (pas le vrai hein?) font preuve, dans celle-ci qui peine à trouver une solution, d'une maniaquerie à pinailler sur les termes de leurs rapports. Et pour cause quand la hiérarchie à le feu au pantalon suite au harcèlement des politiques et ministres, elle met la pression .

Et donc le poulaga (policier) et le Truchot (gendarme) qui d'entrée ne peuvent pas se voir au motif de la saine concurrence entre police et gendarmerie, font oeuvre commune et deviennent, devant l'adversité fonctionnaire et hiérarchique, copains comme cochon allant même à prendre leurs congés dans un même temps.

Judas, du moins celui qui endosse sa personnalité au cours d'une fête religieuse, après sa pendaison disparaît du monde des vivants. Bien sur comme dans le civil il est banquier tout le monde est sur des chardons ardents. le rôle de Judas déchaîne les passions, on est en Sicile au XIX siècle, et les animosités très fortes à l'égard du comédien qui l'incarne et cela laisse place à beaucoup de présumés coupables


Le mystère de la passion du christ appelé «les funérailles» n'a jamais aussi bien porté son nom mais comme on dit le en français «chercher la femme!» Il y a certainement une Marie-Madeleine, pécheresse là-dedans qui rappellera un peu le «Noli me tangere» d'ailleurs autre roman de Camilleri.
Ce livre pour une fois n'est pas une fiction basée sur un fait historique d'archives. Il provient nous dit Camilleri d'une phrase de Léonardo Sciascia et donc la source étant bonne le reste ne peut pas être complètement mauvais même si on a là une oeuvre assez facile.
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Voici une enquête sur la disparition d'un honnête citoyen rondement menée par deux enquêteurs dont on n'aurait pas parié un rond qu'ils y arrivent.
Ca se passe fin du XIXe en Italie et nous est rapporté sous forme d'échange de lettres et télégrammes, et d'articles de presse locale. le début surprend un peu, on s'y perd dans trop de détails. Les caractères d'imprimerie sont désagréables, pour moi du moins, mais on comprend rapidement que c'est une manière de donner une voix différente à chaque personnage.
Et puis, rapidement, on se prend au jeu, subtil, ponctué de trait d'humour menant vers un dénouement en deux actes (je ne dévoile pas), et en passant en dit long sur le fonctionnement des diverses autorités dans un pays dont la mafia n'est pas absente.
Alors que dans les premières pages, je le trouvais trop verbeux, j'ai refermé ce roman avec le sentiment d'avoir lu un livre très bien construit et où il n'y avait pas un mot de trop !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
LA GAZETTE DE L'ILE
Gérant : Gesualdo Barrea / Palerme, 28 mars 1890


(Nous recevons et bien volontiers publions cette lettre de l'honorable Gaetano Rizzopina, député élu dans la circonscription de Montelusa.)

Sur le cas Pato
Illustre Directeur,
Nombreux sont les préjugeurs qui sur la disparition du comptable Pato ont livré leurs suppositions de diverses manières.
Moi, quoique n'irradiant aucune opinion là-dessus, j'aurai la hardiesse d'avancer une élucubration apte peut-être à illuminer les esprits des Autorités qui engagent le meilleur d'elles-mêmes sur la disparition
Et je m'empresse de préluder que le concept que j'avance ne vient pas de l'élu, et élu avec quelle débordante approbation, de l'honorable Gaetano Rizzopina du Parti qui s'oppose au présent Gouvernement, mais du simple et honoré citoyen Rizzopina.
Nul n'ignore, à Montelusa et alentour, les obligeantes habitudes d'une banque (de laquelle je ne prononce pas le nom) envers un puissant politicien montélusain qui de ladite Banque, dont il se dit qu'il possède 51% se sert comme de sapropre poche, tout affairé qu'il est à distribuer des faveurs à droite et à gauche, toujours dans l'intention d'obtenir un opportun consensus populaire. (...)
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De l'interrogatoire auquel ont été soumis dans la journée d'aujourd'hui dimanche 23 mars, tous ceux, hommes aussi bien que femmes, qui en qualité de figurants avaient pris part aux Funérailles, rien n'a émergé qui pourrait en quelque manière éclairer la disparition du comptable Patò.
Concernant l'épisode de fornication survenu entre un certain Abbate Giovanni et une certaine Fantauzzo Margherita, j'attends vos lumières pour procéder aux termes de la loi. Même si je comprends combien la chose peut paraître passablement difficile étant donné que ces deux personnes sont majeures, étaient réciproquement consentantes, n'ont rien volé chez les Curtò, sa blessure, la princesse se l'est faite elle-même en tombant à la suite de son évanouissement, et qu'on ne peut soutenir qu'ils se livraient à des actes obscènes dans un lieu public. Et alors ? La seule chose à faire serait d'informer don Spiridione Randazzo parce que sacrilège, sûrement, il y a eu.
Je signale qu'à la Délégation s'est présenté le Maréchal des Carabiniers Royaux Giummàro Paolo lequel, avec des manières hautaines et désagréables, m'enjoignait de faire immédiatement démonter l'estrade qui avait servi pour la représentation, en assurant qu'elle gênait l'entrée des carrosses par la grande porte du palais Curtò et que le marquis s'en était grandement plaint auprès de lui.
Le comportement d'acquiescement servile du Maréchal à l'égard du marquis Curtò m'irritait énormément mais, n'en laissant cependant rien paraître, je répondis avec urbanité que la tribune m'était encore indispensable pour la poursuite des enquêtes. Ce qu'entendant, le Maréchal se mettait à ricaner et s'éloignait sans saluer personne.
Je signale par ailleurs qu'ayant entrevu que le portail de la filiale de la Banque de Trinacria était à moitié ouvert, j'y entrai et y rencontrai le Caissier principal, le comptable Tortorici Vitantonio, lequel m'informait que dans le bureau du Directeur se trouvait l'Inspecteur Général de la Banque pour les vérifications nécessaires.
Le soussigné ayant demandé à Tortorici de pouvoir assister aux opérations de vérification et de contrôle, ce dernier m'invitait en haussant les épaules à en parler avec l'Inspecteur Général. Lequel fermement rejetait mes demandes réitérées en assurant que pour cela, je devais lui présenter une autorisation en règle fournie par le Tribunal Royal de Montelusa.
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Ministère Royal de l'intérieur
le Sous-Secrétaire d'Etat

A l'exc. me
Com. Bonafede Liborio
Questeur de
Montelusa
Rome, le 3 avril 1890

Excellentissime Commandeur,
L'âcre anxiété qui me tourmente, le dur cilice qui me harcèle s'est enfoncé en moi jusqu'aux intérieurs splanchniques, m'engloutissant dans une neurasthénie pernicieuse;
jusques à quand serai-je contraint de m'abreuver à l'amer acétabule ?
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Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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