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Critique de michfred


En bon écrivain, Camilleri sait l'importance de la forme.
En bon flic, Montalbano sait qu'il faut se méfier de la forme.

Une mort accidentelle, c'est comme l'eau qui épouse la forme qui la contient. Autant de recipients, autant de formes.. On peut tout lui faire dire, même ce qu'elle n'est pas.

Alors,  quand deux géomètres au chômage devenus par nécessité  éboueurs du Bercail, un site industriel abandonné devenu point de rencontre de la pègre et de la prostitution, quand ces deux géomètres déclassés  découvrent le cadavre de l'ingénieur Luparello, homme d'influence et de pouvoir, en bien honteuse posture, Montalbano, malgré les experts qui concluent à une mort naturelle, malgré les pressions politiques, religieuses et hiérarchiques qui le pressent de fermer ce dossier scandaleux, traîne les pieds et "rousine" dans son coin.

À cause de la forme de l'eau.

 Et quand, fermant enfin  le dossier, au grand soulagement de tous, il  trouve une explication, comme Hercule Poirot, il l'expose à sa hiérarchie.  La voilà rassurée.

L'eau est rentrée au bocal sans faire de vagues.

C'est mal la connaître et surtout mal connaître Montalbano. 
Montalbano n'est pas- fort heureusement- Hercule Poirot.

Communiste, il est, Montalbano,-voilà que je me mets à parler comme ceux de Vigàta - la forme de l'eau sicilienne m'aurait-elle captée à son tour?-  lui qui préfère aller aider les chômeurs qui paralysent la gare plutôt que d'aller prêter main forte aux carabiniers.

Et pour habiller l'eau, il sait y faire, Montalbano.  Pour ça, il faut parfois jouer à Dieu le père  et forcer la main au destin.Un dieu de quatrième zone, mais un dieu quand même.

C'est  ce que lui fait remarquer la douce Livia, sa maîtresse quand Salvo - le beau prénom du commissaire-  lui livre, enfin, sur l'oreiller, le secret des formes de l'eau.
.
Le premier Montalbano de Camilleri.

Tout y est déjà : Montalbano, humain, ironique , indépendant et observateur;  l'indic' précieux, le fidèle acolyte du milieu-  l'inénarrable  Gegè- ,  les personnages du commissariat, les femmes de Montalbano, Livia, Anna et Ingrid. Une eau vive, jaillissante, celle du premier cercle .

Plus loin, l'eau est glauque, et a tout du marigot:  magouilles politico mafieuses, jeux de sexe, jeux d'argent, jeux de  pouvoir. Jeux de mort.

Et puis il y a l'eau mythique, la mer qui entoure Trinacra, le triangle  -  cette Sicile brûlée, volcanique, pleine de chaleur et de passions.

Et , prise dans ce triangle, il y a Vigàta,  petite ville parcourue de tensions, agitée de pulsions, frémissante de cancans- entourée de silence.

Et d'eau.
 
Encore elle,  trompeuse et polymorphe.
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