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sur 327 notes
En bon écrivain, Camilleri sait l'importance de la forme.
En bon flic, Montalbano sait qu'il faut se méfier de la forme.

Une mort accidentelle, c'est comme l'eau qui épouse la forme qui la contient. Autant de recipients, autant de formes.. On peut tout lui faire dire, même ce qu'elle n'est pas.

Alors,  quand deux géomètres au chômage devenus par nécessité  éboueurs du Bercail, un site industriel abandonné devenu point de rencontre de la pègre et de la prostitution, quand ces deux géomètres déclassés  découvrent le cadavre de l'ingénieur Luparello, homme d'influence et de pouvoir, en bien honteuse posture, Montalbano, malgré les experts qui concluent à une mort naturelle, malgré les pressions politiques, religieuses et hiérarchiques qui le pressent de fermer ce dossier scandaleux, traîne les pieds et "rousine" dans son coin.

À cause de la forme de l'eau.

 Et quand, fermant enfin  le dossier, au grand soulagement de tous, il  trouve une explication, comme Hercule Poirot, il l'expose à sa hiérarchie.  La voilà rassurée.

L'eau est rentrée au bocal sans faire de vagues.

C'est mal la connaître et surtout mal connaître Montalbano. 
Montalbano n'est pas- fort heureusement- Hercule Poirot.

Communiste, il est, Montalbano,-voilà que je me mets à parler comme ceux de Vigàta - la forme de l'eau sicilienne m'aurait-elle captée à son tour?-  lui qui préfère aller aider les chômeurs qui paralysent la gare plutôt que d'aller prêter main forte aux carabiniers.

Et pour habiller l'eau, il sait y faire, Montalbano.  Pour ça, il faut parfois jouer à Dieu le père  et forcer la main au destin.Un dieu de quatrième zone, mais un dieu quand même.

C'est  ce que lui fait remarquer la douce Livia, sa maîtresse quand Salvo - le beau prénom du commissaire-  lui livre, enfin, sur l'oreiller, le secret des formes de l'eau.
.
Le premier Montalbano de Camilleri.

Tout y est déjà : Montalbano, humain, ironique , indépendant et observateur;  l'indic' précieux, le fidèle acolyte du milieu-  l'inénarrable  Gegè- ,  les personnages du commissariat, les femmes de Montalbano, Livia, Anna et Ingrid. Une eau vive, jaillissante, celle du premier cercle .

Plus loin, l'eau est glauque, et a tout du marigot:  magouilles politico mafieuses, jeux de sexe, jeux d'argent, jeux de  pouvoir. Jeux de mort.

Et puis il y a l'eau mythique, la mer qui entoure Trinacra, le triangle  -  cette Sicile brûlée, volcanique, pleine de chaleur et de passions.

Et , prise dans ce triangle, il y a Vigàta,  petite ville parcourue de tensions, agitée de pulsions, frémissante de cancans- entourée de silence.

Et d'eau.
 
Encore elle,  trompeuse et polymorphe.
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Je remercie Realita18 pour cette pioche (Février). Je pensais qu'il s'agirait d'une relecture car j'ai plusieurs Andrea Camilleri dans ma bibliothèque mais en définitive, celui-ci fait parti des quelques rares que je n'ai encore pas lu. J'avais découvert cet auteur avec un ami qui jetait une partie de sa bibliothèque pour cause de déménagement et pas la possibilité de l'amener ni de la donner avec les bouquins qu'elle contenait.

J'avais oublié le style très particulier de cet auteur avec ses phrases à rallonge et ses noms typiquement siciliens. J'apprécie beaucoup la série tv diffusée sur FR3 l'été. du coup, pour les dialogues, je les ai lu en y rajoutant l'accent sicilien. L'auteur a sa façon bien à lui de nous faire baigner dans l'atmosphère d'un petit village sicilien avec ses traditions pas toujours communes aux autres pays. Un vrai régal pour ma part !! Ce roman nous dévoile une enquête qui n'en est pas une pour ce cher commissaire qui voulait juste découvrir le fin mot de toute cette histoire qui avait éveillé sa curiosité, et la mienne. Tout commence pourtant par la banale mort naturelle d'un politique local dans un endroit insolite et qui ne correspond pas du tout à l'image que se donnait ce personnage. Une enquête toute simple en apparence et qui va se révéler plus compliquée que prévu après recherche d'indices et dénouement à la mode Hercule Poirot en version sicilienne.

Comme vous l'aurez compris, cette pioche a été une excellente lecture qui m'a permis de renouer avec ce cher commissaire Montalbano. Je trouve d'ailleurs dommage que cet auteur ne soit pas plus connu car il vaut le détour avec son atmosphère typiquement sicilienne et sa façon de résoudre les enquêtes. Si vous êtes amateurs de polars, je vous conseille très fortement de découvrir Andrea Camilleri et son commissaire Montalbano. Pour ma part, il me semble qu'il m'en reste encore quelques uns à lire ou à relire dans ma PAL.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Cela faisait un bon moment que j'avais envie de découvrir les aventures du commissaire Montalbano et surtout la plume réputée d'Andrea Camilleri.
Et voilà, j'ai tourné la dernière page ce matin et j'avoue que j'ai été surtout sous le charme du style de l'auteur.
Je ne rentrerais pas plus en détail sur la qualité de la traduction de Serge Quadruppani, d'autres babelionautes l'ont déjà très bien fait.Il est vrai que cela donne une dimension à l'histoire fort singulière et nous permet de nous transporter sans problème en Sicile.
J'ai donc découvert avec ce premier épisode de la série qui compte près de trente épisodes, un nouveau policier. Il est vrai qu'il mérite le détour, ce commissaire Salvo Montalbano, qui sous ses airs de ne pas y toucher, est à l'affut des moindres détails permettant à l'enquête de progresser…
Je reste avec un petit sentiment de n'avoir pas su complétement apprécier ma lecture. Je me demande si à force de lire des polars majoritairement anglo-saxons, je n'ai pas inconsciemment été déroutée par l'environnement très différent de la Sicile qui sert de décor à Montalbano ?
Une chose est sure, je réessayerais dans quelques temps de lire une autre aventure de ce commissaire dont les valeurs humaines sont indéniables. Et retrouver la plume de cet auteur sera de toute façon un plaisir.


Challenge Mauvais Genres 2022
Challenge Multi-Défis 2022
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Avant de s'occuper de l'intrigue sicilienne, il faut présenter Andrea Camilleri qui fut d'abord poète, puis metteur en scène pour le théâtre puis se fit connaitre avec ce premier roman policier qui devait entrainer la renommée de son commissaire Salvo Montalbano !
A Vigàta ( Porto Empedocle : lieu de naissance de l'auteur ) , le commissaire Montalbano est appelé pour le décès de l'ingénieur Laporello dans sa BMW et, d'après le légiste Jacomuzzi : il s'agirait d'un simple arrêt cardiaque provoqué suite à un rapport sexuel !
Mais, cette voiture est dans un terrain vague : le Bercaïl qui accueille tous les déchets physiques et humains + la drogue + la prostitution de la ville, avec à sa tête : Gegé qui contrôle ce territoire en prélevant un pourcentage sur ces activités florissantes ! ! !
Le commissaire Montalbano qui pense que le vérité est comme la forme de l'eau puisque cette dernière n'en a pas !!! il va tenter en 48 heures de trouver qui est l'assassin et, qui a dérobé le collier en or serti de brillants qui a disparu. Comment un grosse auto a pu arriver par le lit du Canneto ? Qu'ont vu les 2 " ramasse-poubelles " qui étaient sur les lieux ? Pourquoi ont ils appelé en priorité maître Rizzo qui est en même temps l'avocat de l'ingénieur Laporello et celui de son successeur dans leurs magouilles politico-mafieuses ? Qui est cette femme qui " baisait "dans l'auto et pourquoi elle est partie aussi rapidement ?
Le commissaire connait bien les habitants de Vigàta, leurs défauts, leurs faiblesses y compris Gegé son camarade de classe, le journaliste Nicolô Zito...et, les affidés de la mafia.
C'est un flic humain, rêveur, bon vivant qui enquête de façon anarchiste en observant les moindres détails, d'autant qu'entretemps le fameux avocat Rizzo a été tué !
Un roman policier truculent, malin et féroce dans une langue italo-sicilienne aussi savoureuse que la cuisine locale !
L.C thématique de septembre 2022 : un polar avec un héros récurrent.
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Pour moi cette lecture est la découverte d'un auteur. Je me suis lancée dans cette lecture sans aucun apriori, juste en sachant que l'auteur Sicilien, aimait à faire partager sa Sicile, de quelqu'un qui vient de là et qui en connaît les codes.
La préface du traducteur, m'a un peu inquiété, car j'y ai appris, que le texte original n'est pas écrit en Italien, mais en Sicilien.... Compréhensible par les Italiens, certes, mais avec des tournures de phrases ou des expressions qui ne sont usités que sur l'île. Je me demandais ce que cela pouvait produire une fois traduit en Français.
Le récit qui n'est en fait qu'un prétexte, à un voyage en Sicile ; voyage à la découverte des "us et coutumes" locales en matière de politique ou justice. C'est peut-être aussi un petit voyage gastronomique, j'ai trouvé qu'il y était souvent question de nourriture.
Mais très clairement, l'enquête n'est pas le sujet principal. On y suit ce commissaire un peu particulier. L'explication des évènements sur lesquels il enquête est révélée un peu à la méthode Agatha Christie, dans le dernier chapitre, mais sans la consistance de la reine du roman policier.
C'est donc pour moi une demi déception, quand je lis un roman policier, j'aime que ce soit l'enquête le coeur du récit. Mais je reconnais que j'ai aussi apprécié de découvrir le "folklore" Sicilien : un monde à part.
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À défaut d'avoir foulé la petite île d'où est originaire Chouchou, je pourrai au moins dire que j'ai entraperçu une certaine mentalité sicilienne au travers de cette première enquête du commissaire Salvo Montalbano.

Un politicien qui meurt durant l'acte, ce n'est ni le premier, ni le dernier à qui ça arrive, la France ce souvient encore de ce président qui voulait être César et qui fini Pompée…

Mais dans ce cas-ci, ça soulève tout de même quelques vagues et même si la presse reste pudique, il n'empêche qu'on a tout de même retrouvé l'homme avec le pantalon et le calebard sur les mollets.

Le diable se cache dans les détails et l'homme a beau être mort d'une crise cardiaque, il n'en reste pas moins que le commissaire Montalbano veut en avoir le coeur net et continue donc sa petite enquête alors que tout le monde la voudrait voir classée.

Voilà une autre découverte pour moi : le commissaire Montalbano ! Et le voyage valait le détour car j'ai aimé l'ambiance sicilienne, le flegme de certains, l'emportement des autres, le côté bourru mais intègre du commissaire qui n'a rien lâché sur cette enquête, sauf des bons mots.

Parce que oui, il y a de l'humour noir dans cette enquête, des dialogues et des réparties pas piquées des hannetons, des vérités, un soupçon de magouille, de sexe, de cul, et quelques bons plats que j'aurais aimé goûter, dont la recette du poulpe.

Il est un fait que l'enquête n'a rien d'extraordinaire, mais au final, elle m'a permis de mieux faire connaissance avec le commissaire et sa fine équipe, qu'elle soit composée de policiers ou de son ami proxénète.

Sans me faire fondre des neurones, j'avais trouvé qui était en présence du politicien lorsqu'il fit son arrêt cardiaque, deviné aussi une autre chose (que je ne vous dirai pas), mais il me manquait quelques précisions pour boucler l'affaire avant le commissaire.

N'allez pas croire que cela a entravé mon plaisir de lire le final, où le commissaire explique le tout à son supérieur et ensuite à sa copine. Là, l'auteur a joué finement, je ne m'y attendais pas et je dis bravo pour ce final.

Si la série ne m'avait pas bottée, les enquêtes du commissaire me plaisent bien en version écrite et je pense me faire plaisir avec tous les autres tomes qui existent.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Pour mon oral d'italien en fin d'année (un sujet au choix qui doit toucher à la culture italienne au sens large), j'ai décidé de présenter quelques séries de romans policiers liés à des villes. Je compte parler du commissaire Ricciardi à Naples, du commissaire Brunetti à Venise, de Donato Carrisi qui situe ses actions à Rome ou à Florence notamment. Je veux découvrir un peu Valerio Varesi qui a choisi pour cadre la ville de Parme et le commissaire Montalbano d'Andrea Camilleri qui a planté son décor dans la ville imaginaire de Vigàta, en Sicile. Si j'en ai le temps, je remonterai en Sardaigne avec Piergiorgio Pulixi. Faut-il le préciser, je ne suis pas encore assez armée pour lire dans le texte, je lis donc des traductions en français.

J'ai donc lu le premier roman qui met en scène Salvo Montalbano, après avoir vraiment apprécié l'adaptation de cette série pour la télé. Vigàta est, paraît-il, la copie conforme de Porto Empedocle, la ville natale d'Andrea Camilleri, c'est-à-dire une ville qui offre de nombreux décors pour des règlements de compte entre bandes mafieuses, de longues promenades sur la plage, de mauvaises blagues aux voitures de la police (beaucoup de pneus crevés qui mettent en rogne Montalbano, non à cause des ennuis causés mais parce que ses subordonnés ne vérifient jamais l'état des pneus avant de partir dans une improbable poursuite), et il y a bien sûr le Bercail, zone de non-droit où deux employés de la propreté publique retrouvent un matin l'ingénieur Luparello, mort dans une posture gênante que toutes les autorités compétentes vont s'employer à cacher. Tous sauf Montalbano, bien sûr, qui ne croit pas tout à fait à l'explication de mort naturelle fournie à tout qui accepte d'y croire. Comme c'est un homme honnête, le commissaire obtient un délai avant de fermer le dossier sur l'explication « officielle ». Son enquête va l'amener à croiser la veuve et le neveu de Luparello, la belle-fille sulfureuse de son adversaire politique, ainsi que des ouvriers effrayés mais lucides.

Le roman est assez court (251 pages) mais j'ai apprécié cette première enquête, l'ambiance sicilienne, la magouille sport national pour ces Siciliens, pour qui « la liggi » (la loi) et eux, comme l'explique le traducteur Serge Quadruppani, cela fait minimum deux, j'ai vraiment aimé l'honnêteté bourrue, la liberté intérieure et l'humour du commissaire Montalbano que je prendrai plaisir à retrouver plus tard dans une autre enquête. Mais – surtout pour mon travail en italien – l'intérêt se porte aussi sur la langue écrite par Andrea Camilleri, metteur en scène, poète et auteur, qui a décidé d'écrire en mêlant italien et sicilien, en employant des particularismes de sa région d'Agrigente (« la liggi » en est un exemple). Son traducteur en français parvient à rendre cette originalité, notamment en empruntant des tournures au parler marseillais. Une des formes surprenantes de ce dialecte sicilien est l'emploi dans la conversation courante du passé simple là où le français utiliserait le passé composé.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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N°1569 - Août 2021

La forme de l'eauAndrea Camilleri – le fleuve noir.
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani.

On retrouve au matin le cadavre de l'ingénieur Luparello, un homme politique local très en vue, au Bercail, un espace entre terrain vague et décharge publique, connu pour être le lieu des rendez-vous pour trafics en tous genres de Vigatà, c'est à dire, en ce qui concerne cette affaire, à un bordel à ciel ouvert. Sa posture ne laisse aucun doute sur les circonstances de sa mort et ce même si le légiste déclare qu'il est mort d'une crise cardiaque, soit de mort naturelle, alors qu'il était en galante compagnie. Dans le même temps et sur les mêmes lieux ont a trouvé un collier d'une grande valeur. le commissaire Montalbano est chargé de cette enquête qui, compte tenu de la personnalité de la victime et des circonstances demande d'autant plus doigté que cet homme n'était pas si net que cela. Pour être mieux informé il sollicite Gégé, un indic, petit souteneur local et … ami d'enfance du commissaire. Les autorités judiciaires reçoivent d'intenses sollicitations pour clore cette affaire au plus vite et bien sûr, compte tenu du contexte, on reparle de la mafia, on assiste à un festival de faux-culs, on rappelle une vieille histoire de cocuage, un règlement de compte politique, des secrets de famille avec mensonges, amour et passion et un bijou perdu et retrouvé, le tout mélangé peut révéler le sens du titre de ce roman. L'eau n'a pas de forme propre, elle prend celle du récipient qui la contient. Est ce à dire qu'on peut camoufler ce qu'on veut cacher sous d'autres apparences, faire dire aux choses ce qu'on veut qu'elles disent ? Peut-être ?

Je l'aime bien ce Montalbano, amateur de bonne chère, intègre, honnête avec ceux qui le méritent et rusé comme un renard avec ceux qui se paient sa tête, pas vraiment donnaiollo, comme disent si joliment nos amis Italiens, mais avec un charme discret.

C'est un formidable roman que j'ai lu sans désemparer tant le suspense est entretenu jusqu'à la fin.
Une mention particulière pour le traducteur qui a dû pas mal galérer pour traduire sans trahir (« tradire -tradure »). Nous avons affaire à un auteur sicilien qui ne renie rien de ses origines, de sa sicilianité » et du dialecte, incarné dans les mots et la syntaxe

Un dernier mot pour l'auteur disparu il y a peu près un an qui laisse tous ses lecteurs passionnés un peu orphelins.

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C'est toujours un grand plaisir de retrouver l'inspecteur sicilien Montalbano. On ne se lasse pas du style Andréa Camilleri qui utilise le sicilien mâtiné d'italien ou alors peut-être l'inverse et qui dans ses phrases utilise le passé simple au lieu du présent. Ça fait drôle mais on s'habitue.
Avec du recul on imagine le travail de traduction de Serge Quadruppani : il a du s'amuser
Que se passe-t-il dans cette « forme de l'eau » ? Chi successi ? “ Que se passa-t-il ? Lirez-vous ! On vous a prévenu hein le passé simple!

Montalbano policier, fonctionnaire placide et respectueux de la loi repousse la conclusion de l'enquête à plus tard. Il procrastine Montalbano (nettement moins vif et bruyant que le commissaire Niemans) et c'est tant mieux car son sixième sens l'a informé que quelque chose ne tourne pas rond. Ou alors il aime bien avoir un dossier sur son bureau histoire de dire qu'il est occupé. Un Cérébral dans le ressenti.

Et ce ne sont pas ses collègues qui vont le bousculer. Les sous-fifres indolents et pas très fufus qui oublient de vérifier les pneumatique des voitures de police à qui il faut tout dire, le juge, le questeur et tous les autres mouillés jusqu'à l'os dans les affaires pressés de tourner la page.

Montalbano s'interroge donc
Comment Luparello maffieux local, très soigneux de sa personne , qui est allé chercher la « petite mort » sur la plage est-il réellement passé, en plein effort, avec un slip mis à l'envers ?
Ça arrive! Un détail. oui mais non !Montalbano, lui, est très soucieux de la forme et là ça ne colle pas. le slip et … le reste. « L'eau prend la forme qu'on lui donne » lui dit una bella italiana . Tout est dit
Le monde qui entoure Montalbano est violent , peuplé de criminels, de magouilleurs, de putes , de maquereaux , de travestis , de corrompus, de fonctionnaires de justice pressés de refermer les dossiers qui gênent

Mais voilà on est en Sicile
et comme dirait François Deguelt
« Oh, Mon Dieu, quelle chance!
Il y a le ciel, le soleil et la mer »
Tout ça ne n'incite pas à la précipitation
Les femmes de tête
Les rougets de roche très frais
Les pâtres à l'huile et à l'ail et les crevettes à l'huile et au citron
Les collègues du commissariat ...

Et il résoudra le problème plan-plan. Il participera même à rendre justice pour compenser les injustices de la vie . Soucieux, certes, de la justice oui mais jusqu'à un certain point.
On l'aime bien ce justicier sicilien. Il nous réconcilie avec la police…la sicilienne
« siciliano sono »






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La forme de l'eau, premier roman d'Andrea Camilleri mettant en scène le Commissaire Salvo Montalbano a été publié en Italie en 1994.
L'action se déroule à Vigàtà, dans les années 1990. Vigata, ville imaginaire de Sicile, est en fait Porto Empedocle, ville natale de Camilleri.
Sans emploi, deux jeunes géomètres au chômage, Pino Catalano et Saro Montaperto exercent le métier de « ramasse-poubelles » à Vigatà. En nettoyant le Bercail, terrain vague malfamé, qui sert de lieu de rencontres aux traffics en tous genres de Vigatà, Saro découvre un collier d'une grande valeur. Son fils est malade, et il ne peut faire face aux soins médicaux, il ne dit rien et empoche le collier. Quelques mètres plus loin, Pino et Saro découvrent à l'intérieur d'une automobile de luxe le cadavre de l'Ingénieur Luparello, personnalité politique en vue de la ville ; ils préviennent Maître Rizzo, avocat de renom, ami de Luparello qui ne paraît pas étonné, et leur demande de faire leur devoir – ce qui, pour eux, signifie contacter le Commissaire Montalbano.
Appelé sur les lieux,le Docteur Pasquano, médecin légiste est formel, il s'agit d'une mort naturelle, une crise cardiaque a emporté l'Ingénieur Luparello, alors qu'il se trouvait, en galante compagnie, dans le terrain vague… Montalbano a besoin d'informations plus précises…. Et l'informateur en question n'est autre que son ami d'enfance, Gegè, qui exerce entre autres activités celle de souteneur au Bercail. Gegè rapporte le témoignage de deux de ses protégées, qui ont vu la voiture de l'Ingénieur Luparello arriver, se garer, et en sortir une jeune femme qui s'est rapidement éloignée … il explique également à Montalbano qu'un collier d'une grande valeur semble avoir été perdu au Bercail… les prêteurs sur gages sont en alerte….
Montalbano rencontre la Signora Luparello, qui pense que son mari a été attiré dans un guet-apens et qu'il est mort d'une crise cardiaque. Elle est persuadée que tout n'est qu'une mise en scène réalisée par les ennemis politiques de son mari, destinée à le discréditer. Il ne faut pas s'arrêter à la forme qu'ils ont fait prendre à l'eau », ajoute-t-elle, expliquant à Montalbano que l'eau, par définition, n'a pas de forme …. L'Ingénieur Luparello disposait d'une maison discrète pour ses rendez-vous, pourquoi se serait-il rendu au Bercail, au risque de se faire reconnaître ?
Et l'enquête progresse, on apprend que le collier est celui d' Ingrid Sjostrom, belle-fille du Docteur Angelo Cardamone, opposant politique à l'ingenieur Luparello… tout désigne la jeune suédoise comme la coupable idéale… mais pourquoi ? là encore, Montalbano se méfie de la forme de l'eau….
L'enquête s'accélère…. Et trouve son dénouement tragique, alors que Montalbano est parti à Gênes retrouver Livia sa fiancée.

Mais Montalbano a toujours été à la manoeuvre, jouant, comme le dit Livia sa fiancée, "le rôle d'un dieu de quatrième ordre, mais d'un dieu qui tombe juste" plaçant l'arme du crime au bon endroit, cachant les preuves voulant incriminer Ingrid, permettant au géomètre de faire soigner son fils en négociant avec le propriétaire du collier....

La forme de l'eau… premier roman dans lequel nous faisons connaissance avec le Commissaire Montalbano. Comme le dit Pino "le commissaire, au contraire, était de Catagne, il s'appelait Salvo Montalbano, et quand il voulait comprendre quelque chose, il comprenait".
Ce roman peut paraître un peu déroutant au premier abord ; les personnages, le langage, tout semble peut être un peu trop "exotique", et à la fois trop simple, un roman policier comme les autres, sans grande épaisseur ?

Ce serait, selon moi, mal connaître Camilleri… dans La forme de l'eau, on trouve déjà, ébauchés, des aspects chers à l'auteur qui vont prendre tout leur sens au fur et à mesure de la parution des autres romans.

Le personnage de Montalbano est esquissé, mais on ressent déjà son humour, son sens de la dérision, son humanité, son aspect proprement "sicilien". Les personnages féminins, Livia et Ingrid sont déjà présents. du commissariat, on rencontre Mimi et Fazio, bien campés dans leur rôle.
Vigàta, ou Porto Empedocle, la Sicile, la sècheresse de ses paysages, sa beauté, ses paradoxes, ses magouilles politiques, constitue tout un ensemble mis en valeur par le langage propre à Camilleri ; toutes les nuances sont respectées grâce à la traduction de Serge Quadruppani.
Il s'agit d'une toute première plongée dans l'univers de Camilleri.... une rencontre avec un Commissaire hors du commun, incarné à l'écran par l'acteur Luca Zingaretti…










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