si les faits principaux, tels que la tentative d'impliquer le prince dans les visées expansionnistes de Mussolini, ses aventures amoureuses et le pied de nez final, relèvent de la pure invention, le climat général est authentique - une véritable stupidité collective à mi-chemin entre la farce et la tragédie qui, hélas, marqua toute une époque.
- Ecoutez, Spera, le secrétaire fédéral est venu me voir.
- Que voulait-il ?
- Que nous enquêtions sur cette affaire.
- Mais pourquoi?
- Parce qu'il subodore un acte de sabotage communiste.
- Mais ce type est capable d'attribuer ses embarras intestinaux à un complot communiste!
- Je suis bien d'accord avec vous. II n'empêche qu'il faut mener cette enquête.
Je crois que semblables méfaits sont dignes du pays des Soviets où, comme chacun sait, la misère et la faim contraignent les parents à dévorer leurs nouveaux-nés, mais sûrement pas d'une nation comme la nôtre , qui baigne dans la lumière solaire de la civilisation fasciste !
Préfecture de Montelusa
PS. (à supprimer immédiatement après lecture)
Quand ce cirque sera terminé, je me promets d'étrangler de mes mains ce maudit nègre qui ne laisse pas passer un jour sans provoquer des emmerdements à n'en plus finir. J'imagine que vous souhaiterez être de la partie.
Le fait étrange, c'est que Prestifilipo, un naïf qui n'a guère les pieds sur terre, déclare à qui veut l'entendre que c'est le prince qui lui a présenté sa fiancée.
_Bon sang de bon sang ! mais ce prince ne pourrait pas s'occuper de ses fesses , Qui est cette fiancée ?
_Elle s'appelle Michelina Butticè, c'est la fille du secrétaire de l'Ecole des Mines, elle a vingt-neuf ans, c'est-à-dire vingt de moins que Prestifilipo, et enseigne l'italien. C'est une femme aux idées très avancées
_Dans quel sens ?
_Elle revendique la parité entre hommes et femmes.
_Ah, ces couillonnades. Ouf, je croyais qu'elle avait des idées avancées en politique.
Désormais, c'est un habitué du claque de Mme Jole, où ses visites sont presque quotidiennes.
- Vous l'accompagnez ?
- Pas toujours secrétaire.
- Vous avez tort, Argento, laissez-moi vous le dire.
La virilité fasciste ne peut et ne doit être inférieure à aucune autre. Surtout pas à celle d'un nègre ! Je vous ordonne d'aller tous les jours au bordel, Argento !
- A vos ordres !
"Un éléphant, tu vois ?
-Pour sûr. Il en est venu un avec le cirque l'an passé.
-La trompe de l'éléphant, tu vois ?
-Ben oui.
-Pareil pour les abyssins.
-Hé bé, ça leur fait un sacré picou !
-Qui te parle de nez ?"
Quand ce cirque sera terminé, je me promets d'étrangler de mes mains ce maudit nègre qui ne laisse pas passer un jour sans provoquer des emmerdements à n'en plus finir. J'imagine que vous souhaiterez être de la partie.
MONTELUSA -HOTEL TRINACRIA 20/12/1929, 14h :
"MonDieuMonDieuMonDieuMonDieuMonDieuMonDieuMonDieuMonDieuMonDieuMonDieu..."
MONTELUSA-HOTEL TRINACRIA 20/12/1929, 15h :
"JésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésusJésus..."
MONTELUSA-HOTEL TRINACRIA 20/12/1929, 16h :
"Ahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoahoaho..."
MONTELUSA-HOTEL TRINACRIA 20/12/1929 17 h :
"Ahc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bonAhc'est bon..."
MONTELUSA-HOTEL TRINACRIA 20/12/1929, 18 h :
"Ouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouiouioui...
MONTELUSA-HOTEL TRINACRIA 20/12/1929, 19 h :
"EncoreEncoreEncoreEncoreEncoreEncoreEncoreEncoreEncoreEncore..."