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Critique de Grecie


Rome a-t-elle inventé Romulus ? Ou Romulus a-t-il vraiment existé ?

Dans cet essai dense et bien argumenté, Thierry Camous tente de répondre à cette question. Son propos s'articule autour de quatre axes, et il déconstruit avec intelligence le mythe de Romulus en expliquant le pourquoi de chaque élément de la légende. Il utilise pleinement la pluridisciplinarité : archéologie, analyse des sources, mais pas que, mythographie, ethnologie, anthropologie, psychologie, même.

- le Romulus allaité par la louve, celui qui naît de la vestale violée par Mars et adopté avec son jumeau Rémus par le berger Faustulus. C'est le Romulus incarnant les temps les plus anciens, primitifs ? d'une époque où Rome n'est qu'un amas de villages latins et sabins rassemblés sur les collines. On part d'un état archaïque et sauvage pour se diriger vers un début de civilisation agraire, représentée par la louve, qu'on s'approprie pour se protéger, justement, du prédateur qui menace cette société naissante.

- le Romulus fondateur de Rome ! C'est celui qui trace le sillon, tue son frère et enlève les Sabines. Les bergers, après avoir réglé les querelles de famille à Albe, descendent vers le lieu mythique. L'auteur y voit le ver sacrum, ce phénomène des jeunes chassés à cause de leur turbulence pour fonder leur destin ailleurs. Et ailleurs, c'est sur le site de la future Rome, où Latins et Sabins vivent en petites communautés. Là, Romulus va mener une forme de guerre rituelle, qui sera moins un enlèvement qu'un échange de femmes.

- le Romulus roi, le plus tangible, peut-être ? celui qui laisse un corpus de lois fondant la Cité, qui guerroie contre ses ennemis (cette fois plus du tout métaphoriquement) et dont l'archéologie a trouvé, peut-être, le "palais", au pied du Palatin. Avant d'être Rome, déjà, le site accueillait un commerce intense, international. Il convenait que la Cité drainât toute cette activité pour s'enrichir et permettre l'émergence d'une aristocratie, le futur patriciat.

- Et Romulus, le mythe, qui inspire Camille lorsqu'il affronte les Etrusques puis les Gaulois. Celui qui est pris à parti lors des guerres civiles du 1er siècle avant, comme tyran, selon les uns, comme fondateur et modèle, selon d'autres, jusqu'à Auguste qui rétablit dans les faits la monarchie. Celui qui hante Rome jusqu'à la fin. le prénom était toujours en vogue, en 476 : Romulus Augustule, le dernier empereur, le tenait de son oncle, qui s'appelait Romulus. Folle coïncidence !

Un traité absolument passionnant, qui éclaire les débuts de la civilisation qui a fondé la nôtre !
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