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EAN : 9782021460285
332 pages
Seuil (15/10/2020)
4.64/5   7 notes
Résumé :
L’œuvre d’Antoni Campañà n’est pas inconnue du grand public puisqu'il fut un des représentants du courant pictorialiste, et agit comme photographe pour des revues, auteur de cartes postales, photo-reporter, photographe de sport aussi. Son œuvre, réputée et estimée, est analysée dans de nombreuses études sur la photographie espagnole. Elle est aussi visible aussi dans la collection permanente du Musée National d’Art de Catalogne. Cet ouvrage dévoile pour la première ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est à croire que les photographies de la guerre d'Espagne aiment jouer à cache-cache avec L Histoire
En 1977, Agusti Centelles récupère sa malette bourrée de photographies prises lors de la guerre, de la Retirada, dans les camps d'Argelès et de Bram. En 44, traqué par la Gestapo, il l'avait confiée à la famille française qui l'hébergeait.
Dans les années 1990-2000, la désormais célèbre « valise mexicaine » contenant des clichés de Taro, Chim et Capa est retrouvée chez l'héritière du général Aguilar Gonzalez, qui fut ambassadeur mexicain à Vichy en 1941-1942.
Alec Wainman était un volontaire anglais bénévole au sein de la Unidad Médica Británica qui photographia la guerre avec son Leica pendant deux ans. C'est son fils qui retrouvera par le plus heureux hasard ses 1.650 négatifs et lui consacrera un livre.
Les photographies du journaliste britannique Heny Buckley seront retrouvées quant à elles en 2007 par sa famille dans sa maison de Sitges.

A toutes ces anecdotes s'ajoute désormais celle de la Boite Rouge, qualifié de « dernier grand trésor photographique de la Guerre d'Espagne », plus de 5000 négatifs volontairement dissimulés par leur auteur, le photographe catalan Antoni Campañà.

La Boite rouge enrichit donc la représentation iconographique de ce conflit, connu pour être la « première guerre visuelle » couverte dans le monde entier par des reporters de toute nationalité. Trois hommes, le journaliste Plàcid Gracia-Planas, l'historien Arnau Gonzàlez i Vivalta, le photographe David Ramos nous expliquent la démarche de Campañà , choisissent dans tous ses clichés et commentent ceux qui illustreront l'ouvrage, du début des années 30 à la post-guerre en Catalogne.

En 1936, Antoni Campañà est un photographe pictorialiste reconnu, proche de l'ARC (Action Républicaine de Catalogne), nationaliste de centre gauche. Il saisit la rue, l'effervescence, la vie quotidienne, les rassemblements politiques, les obsèques de Durruti, les bombardements, les hommes, les femmes, les enfants, la déroute. Lors de la Retirada, il rebrousse chemin, est protégé par Ortiz Echagüe (le fondateur de Seat), échappe à l'épuration et poursuit son travail de photographe auprès de revues renommées, ou oeuvre comme publicitaire. Mais il cache soigneusement ses photographies prises entre 36 et 39 (et ne les détruit pas), susceptibles comme bien d'autres d'être envoyées à Salamanque pour la répression politique. Il les dissimule aussi pour oublier cette guerre qui l'a épuisé et traumatisé. Ces clichés ne serviront donc à personne, jusqu'à ce que la famille ne les exhume récemment au fond d'un garage, protégés dans deux boites rouges.

Les clichés sont beaux, il font revivre, comme le dit très justement Michel Lefebvre dans la préface ce « bref été de l'anarchie » à Barcelone.
Je remercie les Editions du Seuil pour l'envoi de cet ouvrage très apprécié reçu dans le cadre d'une Opération Masse critique, et j'invite ceux qui le pourraient à se rendre au MUME, El Museo Memorial del Exilio de Catalogne qui lui consacre une exposition intitulée « Antoni Campañà. le lendemain de la Retirada: Portbou, 1939 », du 10 avril 2021 au 26 septembre 2021.
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Ou comment redécouvrir la Guerre d'Espagne grâce à la photographie.

Antoni Campañà, photographe professionnel avant guerre, va vivre et donc photographier le conflit au jour le jour, même après la chute de la République puisqu'il réussira à rester en Espagne. La découverte de plus de 5000 négatifs près de trente années après sa mort, donnera lieu à des expositions dans plusieurs pays et naissance à cet ouvrage magnifique.

Après une courte biographie de Antoni Campana qui nous permet de mieux connaître l'oeuvre de ce photographe, nous découvrons donc ces photographies accompagnées chacune d'une petite légende.

Divisé en quinze chapitres, la Guerre Civile se dévoile à nos yeux dans un ordre chronologique. Chaque chapitre bénéficie d'une petite introduction permettant de resituer l'action dans le temps.

Les photos, en plus d'être très émouvantes, sont d'une netteté et d'une qualité incroyable. Les dernières qui donnent à voir l'arrivée et le triomphe des fascistes sont glaçantes.

Un ouvrage magnifique donc et d'une très grande qualité y compris dans sa présentation.



Pour la petite histoire, en ouvrant pour la première fois ce livre au hasard, je suis tombé sur une photo ( page 89 ) dont la légende disait :
Changement d'usage : L'église del Saint Esperit de Terasse, convertie en garage de la CNT-FAI 1936. J'y ai vu un clin d'oeil à mon anticléricalisme primaire et su tout de suite que ce livre me plairait !


Je remercie Babélio ainsi que les éditions du Seuil à la fois pour leur envoi mais aussi pour le petit mot d'accompagnement qui fait toujours plaisir.
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Connaissez vous le nom d'Antoni Campañà ? Il fut l'un des représentants du courant pictorialiste et fut photographe pour des revues, photo-reporter, photographe de sport, auteur de cartes postales.
Son oeuvre est analysée dans de nombreuses études sur la photographie espagnole.
Ce beau livre dévoile pour la première fois les archives du photographe catalan consacrées à la guerre civile d'Espagne.
Elles ont été retrouvées par hasard par ses enfants dans des boîtes rouges remisées dans le garage de la dernière maison du photographe, maison qui allait être détruite.
80 ans plus tard, plus de 5000 photographies, la plupart des négatifs mais aussi des centaines de tirages, revoient la lumière. Si la guerre est au coeur de ce beau livre, Antoni Campañà montre aussi son attachement à l'Espagne et à ses traditions, à travers des clichés de la vie quotidienne, à la ville et à la campagne, à travers des photos de fête qu'elles soient religieuses ou folkloriques.
Antoni Campañà montre aussi l'entrée des troupes franquistes à Barcelone et dit les blessures externes et internes de son pays.
Bien plus qu'un livre de photographies, La botte rouge retrace le cheminement de l'artiste et met en lumière un pan important de l'histoire espagnole. On a particulièrement aimé :
le fait que chaque photographie présentée soit expliquée et contextualisée ;
la force des photographies qui donne le sentiment d'être prises sur le vif ;
le parcours étonnant du photographe retracé par les auteurs dans une première partie .

Les noms des auteurs de ce beau livre sont à retenir: il s'agit du journaliste Plàcid Garcia-Planas, de l'historien Arnau Gonzàlez Vilalta et du photographe David Ramos.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le dernier grand trésor photographique de la guerre d'Espagne d'Antoni Campana.

La découverte en 2018, dans une maison en démolition près de Barcelone, de deux boîtes rouges est une sensationnelle nouvelle.
En effet, elles contiennent 5000 photographies prises par Antoni Campana (1906-1989) lors de la guerre d'Espagne de 1936 à 1939.

Ce livre émouvant nous offre la possibilité de voir ces photographies cachées pendant plus de 80 ans.

Un texte passionnant nous explique les raisons qui ont poussé le photographe à cacher ce témoignage d'une époque terrible : "Campana a photographié la guerre civile espagnole avec amertume et tristesse, cet état d'âme a guidé son refus de diffuser ses photographies"
Ce même texte nous relate également le développement de la photographie en Catalogne entre la fin du XIXème siècle et les premières décennies du XXème siècle.

Les photos nous sont intelligemment présentées par thèmes.

La faim, les bombardements de Barcelone par les alliés italiens et allemands de Franco, les défilés de miliciens partant pour le front, les réfugiés abandonnant les régions conquises par les franquistes et affluant à Barcelone, les queues devant les magasins d'alimentation...mais aussi au milieu de ce cauchemar, des sourires d'enfants, une "vie normale" essayant de continuer...

Comment ne pas être émus par ces miliciens vêtus de bleus de travail, de costumes ou de maillots de corps montant au front ?

Comment ne pas être bouleversés par ces civils au milieu des ruines provoquées par les bombardements ou cherchant de la nourriture au milieu des ordures ?

Ce livre est beau pour sa mise en page, mais surtout pour ce qu'il évoque.

Une fois la dernière photo regardée, le livre refermé, j'ai eu la gorge nouée. Ces visages d'anonymes pleins d'espoir, de colère et de désespoir m'ont hanté.

Bien que cela ne soit pas l'objet de ce livre, il m'est impossible de ne pas ressentir une sourde colère vis-à-vis des démocraties européennes, notamment la France et la Grande Bretagne, qui ont littéralement abandonné cette pauvre république espagnole au gouvernement légalement élu, alors que l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie ont apporté une aide importante à leur allié Franco...
Et il faut nous souvenir de la manière profondément indigne avec laquelle la France a accueilli les réfugiés républicains espagnols en les parquant dans des camps avec des conditions de vie inhumaines ; avant que le gouvernement de Vichy ne les livre aux occupants nazis qui ne manquèrent pas de les déporter.

Un GRAND et BEAU livre.
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C'est en 2018 qu'est découverte cette boite rouge.
Antoni Campana y avait enfoui 5000 photos. Des milliers de moments, d'instants, de regards qui illustrent l'Espagne, la guerre civile, les soldats, les anarchistes, les combats, de 1936 à 1939. Des photos cachées depuis les années 50, et dévoilées près de 30 ans après son décès.

Réputé d'ordinaire pour ses clichés sur la vie quotidienne des gens, le photographe montre ici un tout autre angle de son travail.

J'ai découvert cette sélection de photos avec beaucoup d'intérêt et j'ai trouvé cela passionnant. Des textes accompagnent les photos pour replacer l'ensemble des photos présentées dans leur contexte.
Un bel objet livre, un somptueux travail montage de la part du journaliste Plàcid Garcia-Planas, du photographe David Ramos et de l'historien Arnau Gonzàlez i Vilalata à la demande la famille de Campana.

Au delà de ce livre qui fait un très bel objet photographique, historique et artistique, je me pose quand même la question de sa légitimité. Antoni Campana ne souhaitait pas publier ses photos, alors malgré le grand intérêt de ce documentaire, fallait-il aller contre sa volonté, même près d'un siècle après les événements?
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Hasard ou non, peu après la découverte des photographies de Campañà, l'Institut international d'histoire sociale d'Amsterdam (IIHS) a retrouvé une série de ses clichés. L'histoire de ce fonds d'archives d'obédience anarchiste est tout à fait symbolique de cette récupération lente et complexe de la mémoire photographique de la guerre d'Espagne. En 1939, quand Barcelone tombe aux mains des franquistes, les archives de la CNT (Confédération nationale du travail) et des différentes organisations anarchistes passent la frontière dans plus de quarante caisses de documents et de photographies. Après un périple rendu compliqué par la Seconde Guerre mondiale, elles sont confiées par la CNT aux Archives d'Amsterdam en attendant d'être renvoyées en Espagne à la fin du franquisme. Mais malgré le retour de la démocratie, l'IIHS se refuse à restituer ces précieux documents. Heureusement, des chercheurs ont pu progressivement exhumer et identifier le travail de plusieurs photographes ayant oeuvré pour les services de propagande anarchistes dont celui de la hongroise Kati Horna. Une exposition, début 2020 à Barcelone, a présenté leurs travaux -Campañà compris- sous le titre “Gráfica anarquista. Fotografía y Revolución social 1936-1939 (Graphisme anarchiste, photographie et révolution sociale 1936-1939). Il ne faut ni criminaliser ni magnifier l'anarchisme espagnol et singulièrement l'anarchisme catalan, mais le replacer dans son contexte comme une aventure politique unique de l'histoire du XXè siècle, le travail d'Antonio Campañà en fait partie.
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"Campana a confié à ses enfants qu'il n'avait pas aimé photographier la pauvreté, mais que la réalité de Barcelone en guerre l'avait conduit à représenter des situations et des personnes contraintes par la misère, à la façon de la Grande Dépression américaine ou de la crise allemande."
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