La conclusion de cette tétralogie se concentre sur la cité de Troie. le rôle d'Achille diffère quelque peu de la légende, mais la rejoint tout de même de manière fluide et plausible, sans trop s'en éloigner. On a droit à de nombreux affrontements, des peuples comme les Amazones entrant dans le jeu de la guerre et dont les enjeux deviennent très personnels. C'est le cas de la reine Penthésilée, qui orne magnifiquement la couverture de ce volume, ceci dit au passage! Rien de surprenant au niveau scénaristique puisque la résolution s'opère de la manière attendue, tant du côté humain que divin. Je déplore toutefois que le cas de Cronos ( le plus puissant des Titans tout de même) soit réglé en quelques cases, une manière un peu hâtive d'en finir. D'autant que reposait sur ses épaules, le destin de l'humanité et des dieux.
Certains personnages du mythe brillent par leur absence; je pense au 2 Ajax ( le grand et le petit), Ulysse, qui ne fait qu'une brève apparition dans un volume précédent, ou Diomède. Exit également le jeune Enée, survivant de la guerre de Troie, fondateur de Rome et à l'origine de
l'Eneide, contée par
Virgile. Ce choix de l'auteur permet de mettre l'accent sur d'autres acteurs moins connus, tels que Penthésilée justement, Cycnos ou encore Memnon, lesquels dans la bd endossent un rôle prédominant.
Nicolas jarry s'offre la liberté de différer de la légende sur quelques points, ou de les réinterpréter à sa façon, de manière qu'ils servent son histoire. C'est le cas du cheval de Troie, qui prend une ampleur plus fantastique, étant donné qu'il ouvre carrément un passage vers le Chaskô, permettant ainsi aux forces du mal de pénétrer dans la cité. le sort d'Achille également diffère, ici nul n'est question de son talon provoquant sa mort. Il est vrai que mourrir à cause d'une blessure au talon de la part d'un être immortel, est un peu ridicule, et le chois de Jarry est d'autant plus judicieux, qu'il ne fait absolument pas référence à son immortalité. Par contre Achille n'est pas le fils de Thésée, comme c'est dit 2 ou 3 fois dans le cycle, mais le fils de Pelée et de Thétis. J'ai aimé également le traitement de la déesse Hécate, présentée comme une simple guerrière, et qui rejoint une partie de son propre mythe qui la figure sous différents aspects, dont l'un bénéfique lorsqu'elle cotoie les hommes. Elle est alors une déesse de la fertilité.
Bref une tétralogie que j'ai apprécié sur sa longueur, excepté la conclusion que je trouve hâtive. J'aurais aimé, par exemple suivre les péripéties d'Achille dans le Tartare. de manière générale, ce tome aurait mérité d'être décliné en deux volumes, au regard de la diversité d'éléments à traiter.