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Dans la voiture conduite par son père, Roméo râle, tentant à nouveau de convaincre ce dernier de faire demi-tour. Il ne veut pas aller passer quelques jours chez ce vieux chiant qui pue, autrement dit son grand-père, Ottavio! Mais, rien à faire, il en a été convenu ainsi... Une fois arrivés chez lui, l'accueil est plutôt glacial. Roméo sait déjà qu'il ne va jamais tenir plusieurs jours. En plus, il n'y a même pas la télé...Le lendemain, réveil aux aurores pour le jeune garçon. Visiblement, son grand-père veut l'initier aux joies du jardinage et le somme également de s'occuper de Mussolini, son cochon. Alors que le vieux s'est assoupi non loin de là, un masque à oxygène sur le nez, Roméo s'active avec la binette. Quand, soudainement, il entend une voix derrière la haie. Il s'agit de Lucie, la voisine, qui lui apprend que son grand-père est atteint de silicose, la maladie des mineurs. Roméo est étonné: il ne savait même pas qu'il avait été mineur. Visiblement, il y a beaucoup de choses que Roméo ignore... Les deux hommes vont avoir quelques jours pour se connaître...

Macaroni, c'est ainsi qu'étaient surnommés les Italiens immigrés venus en Europe pour trouver du travail, notamment dans les bassins miniers. Ottavio est de ceux-là. Il a quitté son pays avec regret pour le bien-être de sa famille. Il s'est usé au travail, a fait la guerre bien malgré lui et semble nostalgique d'une vie qu'il voulait meilleure, une vie qu'il aurait choisie. Roméo ne sait rien de tout ça. Son grand-père, pour lui, n'est que le vieux chiant. Vincent Zabus nous fait ainsi partager ces quelques jours que le jeune garçon passe chez son grand-père. L'on rentre dans l'intimité de ce cercle familial, l'on assiste au rapprochement timide de ces deux hommes. Peu de dialogues mais les silences et les regards suffisent. Un brin nostalgique, cet album fait ainsi la part belle aux sentiments, à la transmission et aux secrets familiaux. le dessin de Thomas Campi, aux teintes ocres et terre de Sienne, sert à merveille ce récit intimiste. Son trait est subtil et il réussit à donner vie aux fantômes qui hantent Ottavio. Un album juste et sensible...
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Heidi vient de trouver son pendant masculin, Roméo.
Lorsque ce dernier débarque chez son grand-père qu'il porte peu dans son p'tit coeur d'ado rebelle, il se doute bien que le susnommé Macaroni n'a rien d'une bonne pâte.
"Le vieux chiant" et "le petit con" vont cependant se prendre d'affection mutuelle malgré le fossé abyssal semblant, au départ, les séparer.

En voilà une chouette chronique douce-amère.
Ottavio, dit Nonno, et Roméo.
Les liens du sang sans ceux du coeur.

Faut dire que largué par le paternel chez le papy abhorré, dans une vieille baraque grisâtre de mineur, sans téloche et à la déco taillée pour faire frémir de plaisir Valoche Damidot, y a de quoi faire son boudin. Une tête de lard que n'apprécierait certainement pas le cochon familial savoureusement prénommé Mussolini...

C'est à force de patience et de timide complicité que se bâtira une relation de confiance réciproque, parfois mise à mal par le caractère ombrageux d'un Ottavio habitué à ses tête-à-tête avec une solitude solidement enracinée.
Nonno a vécu.
Avec Giulia, puis sans.
Italien déraciné voué à devenir un forçat de la mine, ce vieil homme mélancolique chérit un passé à jamais disparu, préférant de loin ses souvenirs à un présent insipide qui parfois lui échappe.

Beaucoup de silences, de non-dits dans ce récit initiatique.
J'ai aimé le thème de la transmission abordé avec une délicatesse et une intelligence peu commune.
Un récit qui aurait pu être plombant et qui s'avère finalement léger, atténué par l'insouciance d'une jeunesse ignorante qui ne demande qu'à s'affranchir d'un passé familial qu'il incarne en digne héritier.

Le trait apparaît sans fioritures, s'imbriquant parfaitement dans ces petites cases aux couleurs aussi chaudes que l'Italie mélancolique faisant cruellement défaut à ce vieil homme sur le déclin.
Et toujours ce secret en filigrane, murmuré inlassablement, tel un mantra, par Ottavio perdu, une fois encore, dans les limbes de son passé: perché, Giulia, perché...

Un très beau moment.

4,5/5
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Pour un gamin en vacances, il y a des perspectives plus réjouissantes que d'aller s'enterrer à la campagne chez un grand-père qu'on connaît à peine. D'autant qu'il semble plutôt rugueux, le bonhomme...
Roméo va devoir se passer de télé pendant une semaine chez ce pépé pas marrant, jardiner et s'occuper de Mussolini, le cochon. Ces activités rapprochent finalement l'enfant et le vieil homme, qui se laisse aller peu à peu à des confidences sur son passé : son enfance, la guerre, la famine, l'exil en Belgique, le travail dans les mines de charbon, les espoirs déçus...

■ « Grand-père, c'est vrai que tu as fait la guerre du côté des Allemands ?
- Oui.
- Mais ils ont tué les Juifs et attaqué tout le monde !
- Mon avis, on ne me l'a pas demandé. J'étais Italien et les Italiens se sont battus avec les Allemands. Vingt ans, j'avais... Mussolini, il m'a collé le fusil dans les mains et m'a dit où tirer, basta !
- Qu'est-ce que le cochon vient faire là-dedans ?
- Mussolini était le chef des Italiens. Il s'est rallié à Hitler pendant la guerre. Depuis, tous mes porcs s'appellent Mussolini !
- Et des gens, grand-père, t'en as tué beaucoup ?
- ... [long silence, le vieil homme s'éloigne, revient]... Oui. »

Très bel album sur les relations entre les enfants et leurs grands-parents, sur la difficulté de communiquer en famille, et sur les émigrés italiens venus travailler dans les mines belges après la seconde Guerre mondiale.
Tendresse, émotion, beaux sentiments pas gnangnans ni formatés, et jolies couleurs. J'ai trouvé les visages ingrats, mais malgré tout formidablement expressifs et les grands yeux du petit Roméo superbes - reflétant bien son intelligence et sa sensibilité.

L'ouvrage s'ouvre sur une préface intéressante du chanteur Salvatore Adamo. Il évoque en deux pages ses aïeuls siciliens, sa propre jeunesse heureuse en Belgique « grâce à l'amour indéfectible de [ses] parents qui ont réussi à occulter à [ses] yeux la misère de [leur] vie d'alors. »

En postface, la genèse de l'album. On y apprend que l'histoire a d'abord donné lieu à un spectacle de marionnettes pour enfants, et que la version BD s'est doucement orientée vers un public adulte.

Jolie conclusion de Vincent Zabus : « [...] je crois qu'il ne faut jamais figer une histoire mais la laisser se patiner, la garder vivante, trouver chaque fois un peu plus ce qui est au coeur de son sujet et développer ce qui la relie aux préoccupations profondes des auteurs qui la travaillent. » Perfectionnisme et maturation qui me semblent faire défaut aux stakhanovistes de la parution BD...

• Merci Magi ! Relecture encore plus savoureuse une semaine après première découverte.
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Macaroni , choisi entre tous dans le dernier masse critique , j'avais entendu parler de ce roman graphique et je n'ai eu aucune hésitation , c'est le livre que je voulais lire , dont je voulais faire la critique .
Le hasard a voulu que ce livre dont l'histoire se passe si près de chez moi , se perde en chemin , heureusement , j'ai fini par le recevoir bien en retard mais tout de même il a fini par arriver jusque chez moi et je l'ai lu dès sa réception , pour la critique j'ai attendu un peu .
Je voudrais avant tout dire quelques mots sur la préface que j'ai fortement appréciée , c'est une préface d'un homme de coeur , de grand talent , j'ai nommé Salvatore Adamo , dans cette préface , il nous explique que l'appellation Macaroni , lui il l'a toujours trouvée pleine de tendresse , que les gamins d'origine italienne répondaient du tac au tac ' patate frites ' , ça m'a ému cette préface , ça m'a conforté dans mon désir de recevoir cette BD et pas une autre , j'ai pensé à la conversation avec une amie qui a eu son fils avec un italien , comme c'est le cas dans de nombreuses familles ici , elle trouvait que ce n'était pas bien de donner le titre de Macaroni a une BD , que c'est quelque chose qu'il fallait oublier , et elle a ses raisons que je comprends .
Mais moi je ne veux pas oublier , je veux au contraire me rappeler cette recette de mon enfance aujourd'hui un peu oubliée , une recette qui faisait frémir les italiens venus en Belgique , je veux parler des fameux macaronis à la cassonade , moi je trouve que c'était une recette magique , qui avait le mérite de réunir deux cultures .
Quand j'étais petite , on mangeait encore les spaghettis avec une fourchette et un couteau
Maintenant depuis bien longtemps nos pizzerias servent des pizzas de qualité bien supérieures aux attrape touristes des grandes villes italiennes .
Cerise sur le gâteau , cette BD est un bel objet .
Elle m'a fait un peu penser à ce très beau film sur l'immigration italienne en Belgique , Marina , qui est une histoire vraie , je vous conseille fortement ce film
Oui une belle histoire que cette apprivoisement difficile entre un jeune garçon et son grand - père perdu dans ses souvenirs , elle nous montre que souvent nous ne connaissons pas l'histoire de nos grands parents , heureux sont les enfants qui ont la chance de pouvoir faire cette si riche rencontre .
Voilà je termine ici ma critique , même je n'ai pas raconté l'histoire , j'espère vous avoir donné envie de lire ce roman graphique , qui a une place privilégiée dans mon immense bibliothèque.
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Un petit garçon qui ne connaît pas bien son grand-père va devoir passer quelques jours chez lui, en Belgique, ce qui est loin de le réjouir.
J'ai bien aimé cette bande dessinée aux dessins très colorés, qui nous parle de la difficulté à transmettre ses souvenirs à ses enfants ou à ses petits-enfants.
Ce grand père bourru et peu causant va peu à peu s'ouvrir face à ce petit fils qui ne connait rien du passé de son grand-père, un passé où l'exil a joué un rôle important puisque son grand-père est né en Italie, d'où le surnom de « macaroni ».
Cette bande dessinée est aussi pleine de tristesse, de regrets et de chagrin, à l'image de ce vieil homme qui a l'impression d'être totalement passé à côté de sa vie.
J'ai trouvé que la fin était un peu abrupte et j'aurais aimé en apprendre davantage sur la vie de ce grand-père.

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J'avoue que parmi les titres que j'avais coché lors de la dernière masse critique spéciale BD, ce "macaroni" n'était pas vraiment celui que j'espérais le plus gagner. Mais je n'ai pas fait la fine bouche longtemps, c'est toujours sympa de gagner un livre et d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un bel objet. En effet, il faut souligner la qualité du travail éditorial ; couverture rigide, papier épais, cet album est vraiment agréable à lire.

Le sujet est intéressant. En racontant l'histoire d'Ottavio, dont le parcours est représentatif de toute une époque, l'auteur évoque la souffrance du déraciné. le ton nostalgique, délicat et tendre sans être larmoyant rend cette histoire touchante sans tomber dans le pathos. Mais je dois dire que je n'ai pas été emportée. Cela reste assez anecdotique. le thème de la transmission familiale aurait dû être le symbole de la transmission de l'Histoire avec un grand H. Mais l'histoire, jolie et émouvante, de Roméo et Ottavio ne parvient pas, à mon avis, à toucher à l'universel. Reste un beau portrait d'homme en la personne d'Ottavio, vieux bougon au grand coeur usé par la vie.

Quant au dessin de Thomas Campi, il est superbe. La mise en page est aérée, quelques cases par page plus des pleines planches. Les visages sont expressifs. Les couleurs sont chaleureuses. J'ai particulièrement aimé les cases dans lesquelles les souvenirs d'Ottavio s'immiscent dans le réel, tels des fantômes. Cette idée lumineuse aurait mérité d'être d'avantage exploitée.

Je remercie Babelio et Dupuis pour cette belle lecture pleine de tendresse.

Challenge Petits plaisirs 2016 - 29
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Cet album se déroule en Belgique, mais il aurait pu tout aussi bien se passer en Lorraine, terre d'immigration italienne s'il en est.

Romeo n'est pas content car son père va le déposer chez son grand-père pour y passer quelques jours. Il l'appelle le vieux chiant, il n'y a pas de télé, le sommier est d'époque, ce ne sont pas des vacances de rêve pour un ado.
Mais ces quelques jours seront finalement pour lui l'occasion de découvrir la vie de son nonno, avec l'aide de la voisine Lucie.

En peu de mots mais avec beaucoup de sensibilité, l'auteur nous raconte une histoire touchante.
On reste cependant au niveau de l'histoire de famille, sans rentrer dans des questions politiques qui auraient été intéressantes également.
Au niveau du dessin, j'ai particulièrement aimé les couleurs dans les tons ocre et terre de sienne.
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Roméo est contraint de cohabiter avec son grand-père qu'il ne connait pas vraiment.

Autour du jardin, il découvre une histoire familiale qui parle d'immigration, de la mine mais aussi de trahison.

Le scénario est fin et bien amené, et on lit l'histoire comme si elle était la notre.

Les illustrations accompagnent avec tendresse le récit.

Une biographie réussie sur le destin des petits gens.

La rencontre entre l'enfant et son grand père permet au père et à son fils de se retrouver.

En bonus on trouve en annexe la genèse du livre.
A lire !
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Très jolie bd avec des thèmes qui me sont chers: la transmission, l'emigration, les déchirures familiales et puis bien sûr,l'Italie mama mia !!! Graphisme soigné et très coloré,subtilité dans les techniques et les idées pour "superposer" les souvenirs et le moment présent textes réalistes et touchants,tout ceci explique les 4 étoiles ,celle qui manque vient parler du goût de "trop peu" que j'ai ressenti en m'apercevant que j'étais arrivée à la dernière page.L'histoire de l'histoire est interessante et m'a donné envie de voir la pièce de théatre de marionettes qui a précédé cette bd.
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Dans les années 80 il y eut ‘Les ritals' de François Cavanna. 40 ans plus tard voici ‘Macaroni'. Les deux ont des points communs. C'est beau, tendre, émouvant, réaliste ! le thème est pourtant classique. Un garçonnet refuse de passer une semaine chez son grand-père qu'il surnomme ‘Le vieux chiant' et qui n'a même pas la télé. Mais son père n'a pas le choix. Il va y avoir confrontation entre les deux générations. Roméo va découvrir ‘Le vieux chiant' italien, mineur, ayant fait la guerre parce que Mussolini l'avait demandé. Ils vont apprendre à se connaître et au final… D'autres personnages sont là comme le cochon et la jeune voisine. du bonheur avec, dans le coeur de ce vieil homme, il sole di Italia. de la recherche dans les dessins (images du passé) aux couleurs méditerranéennes. Merci à Masse critique.
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