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Critique de Crossroads


Heidi vient de trouver son pendant masculin, Roméo.
Lorsque ce dernier débarque chez son grand-père qu'il porte peu dans son p'tit coeur d'ado rebelle, il se doute bien que le susnommé Macaroni n'a rien d'une bonne pâte.
"Le vieux chiant" et "le petit con" vont cependant se prendre d'affection mutuelle malgré le fossé abyssal semblant, au départ, les séparer.

En voilà une chouette chronique douce-amère.
Ottavio, dit Nonno, et Roméo.
Les liens du sang sans ceux du coeur.

Faut dire que largué par le paternel chez le papy abhorré, dans une vieille baraque grisâtre de mineur, sans téloche et à la déco taillée pour faire frémir de plaisir Valoche Damidot, y a de quoi faire son boudin. Une tête de lard que n'apprécierait certainement pas le cochon familial savoureusement prénommé Mussolini...

C'est à force de patience et de timide complicité que se bâtira une relation de confiance réciproque, parfois mise à mal par le caractère ombrageux d'un Ottavio habitué à ses tête-à-tête avec une solitude solidement enracinée.
Nonno a vécu.
Avec Giulia, puis sans.
Italien déraciné voué à devenir un forçat de la mine, ce vieil homme mélancolique chérit un passé à jamais disparu, préférant de loin ses souvenirs à un présent insipide qui parfois lui échappe.

Beaucoup de silences, de non-dits dans ce récit initiatique.
J'ai aimé le thème de la transmission abordé avec une délicatesse et une intelligence peu commune.
Un récit qui aurait pu être plombant et qui s'avère finalement léger, atténué par l'insouciance d'une jeunesse ignorante qui ne demande qu'à s'affranchir d'un passé familial qu'il incarne en digne héritier.

Le trait apparaît sans fioritures, s'imbriquant parfaitement dans ces petites cases aux couleurs aussi chaudes que l'Italie mélancolique faisant cruellement défaut à ce vieil homme sur le déclin.
Et toujours ce secret en filigrane, murmuré inlassablement, tel un mantra, par Ottavio perdu, une fois encore, dans les limbes de son passé: perché, Giulia, perché...

Un très beau moment.

4,5/5
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