AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Issu d'une vielle famille de magistrats, de notables de provinces, Campistron a pratiqué le théâtre avec un certain succès pendant une trentaine d'années, mais il a aussi suivi la carrière du duc de Vendôme, a eu des hautes charges dans l'administration, avant de se retirer dans sa région bordelaise, où il fait un riche mariage et gère ses biens.

Il serait sans doute oublié aujourd'hui s'il n'avait permis à Victor Hugo de faire un bon mot, devenu célèbre :
« Sur le Racine mort, le Campistron pullule ».
En plein révolution romantique, Hugo fait flèche de tout bois pour mettre à mort le théâtre classique, toujours très joué, certains auteurs continuant dans cette veine au XIXe siècle, et ils sont bien plus appréciés que les jeunes auteurs révolutionnaires qui piaffent de prendre leur place. Mais pour la postérité, Campistron à cause de ce mot, est resté l'archétype de l'auteur médiocre, continuant à écrire selon des schémas devenus obsolètes. Il est tentant de voir de plus près si cette réputation détestable est méritée ou exagérée, voire injustifiée, et de façon plus générale, d'essayer d'explorer un peu la tragédie de la toute fin du XVIIe siècle.

Tiridate créé en 1691 à la Comédie-Française est une des pièces les plus connues de l'auteur, elle a eu un succès honorable, a été reprise plusieurs fois. Dans la préface de sa pièce, Campistron prétend s'être inspiré d'un épisode biblique, qu'il a transposé chez les Parthes. L'épisode biblique en question est celui des amours incestueuses du fils de David, Amnon avec sa demi-soeur Thamar, qu'il a fini par violer, entraînant en représailles sont propre assassinat par Abasalom. Nous le verrons dans le résumé de la pièce, nous sommes très loin de quelque chose d'aussi immoral chez Campistron. La transposition chez les Parthes, consiste quand à elle essentiellement à emprunter quelques noms, devenus à la mode grâce à d'autres oeuvres de la même époque.

Tiridate, fils du roi Arsace et son successeur désigné, aime donc d'un amour incestueux sa soeur, Erinice, mais combat cet amour. Au premier acte, Abradate, fiancé d'Erinice, se plaint à Artaban, frère de Tiridate des empêchements que ce dernier met sur la route de son mariage avec la princesse. Talestris, la fiancée de Tiridate se plaint de même à ce qu'il diffère sans cesse leur mariage annoncé, et signé par traité. Une tentative d'explication avec Tiridate la persuade qu'il veut se débarrasser d'elle. Paraît le roi Arsace, qui voudrait bien voir se terminer les deux mariages prévus. Tiridate s'oppose farouchement au mariage de sa soeur, en justifiant cette opposition par le fait qu'Abradate n'est pas roi, mais sujet.

Au deuxième acte, Arsace annonce à Tiridate que son mariage avec Erinice est décidé, et qu'il aura lieu le lendemain. Tiridate avoue à son confident que s'il se refuse à ce mariage, c'est parce qu'il aime sa soeur. Devant le désespoir de son fiancé, Erinice qui ignore les sentiments de son frère, décide de lui parler pour le persuader de la laisser épouser Abradate.

Au troisième acte, Talestris se désespère très dignement, mais Tiridate ne se décide pas à la rassurer. Il envisage de fuir, pour ne pas céder à la tentation de son amour coupable. Erinice survient, et déclare son amour pour Abradate. Tiridate se trouve mal.

Au quatrième acte Tiridate se félicite d'avoir résisté à la tentation, et pousse l'héroïsme jusqu'à consentir au mariage de sa soeur. Mais en face d'Abradate il ne peut se contenir, et le renvoie de façon très sèche. Erenice revient encore une fois plaider la cause du mariage. Tiridate ne peut résister et lui déclare sa flamme, ce qui choque profondément Erinice, Tiridate se propose de mourir à ses yeux. Artaban qui survient comprend la passion coupable de son frère.
Au dernier acte, la royale famille de Tiridate, outrée, se propose de réagir. Arsace veut qu'Abradate épouse Erinice en présence de Tiridate. Mais ce dernier a avalé du poison, et vient faire ses adieux.

Suite à cette lecture, je ne peux pas vraiment donné tort à Hugo. L'intrigue de la pièce est alambiquée ; alors qu'il s'agit d'un sujet scabreux, l'inceste, Campistron trouve moyen de dresser des portraits de personnages vertueux et nobles, la passion de Tiridate pour sa soeur semble presque extérieure au personnage, un malheur qui n'est pas vraiment lui, qu'il combat sans cesse. On y croit pas un instant. L'écriture ne rattrape pas l'intrigue, beaucoup d'images usées rencontrées ailleurs, une versifications banale, sans grâce. La tragédie classique semble bien moribonde.
Commenter  J’apprécie          153



Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}