AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les impardonnables (22)

A quoi se réduit désormais l'examen de la condition de l'homme, si ce n'est à l'énumération, stoïque ou terrifiée, de ses pertes? Du silence à l'oxygène, du temps à l'équilibre mental, de l'eau à la pudeur, de la culture au règne des cieux. (...)
Mais la perte suprême, germe et circonférence de toutes les autres, est celle dont on ne prononce pas le nom. Il en va toujours ainsi. D'ailleurs, comment serait-il possible que des créatures, une fois mutilées de l'organe même du mystère - de l'oreille de l'âme, dirait Pasternak -, réalisent avoir perdu leur "propre destin"?
Commenter  J’apprécie          291
Enfance, mystère des limites illimitées. Des frontières incertaines, magnifiées par la courte stature (à l'instar des paroles magiques, lentement épelées dans le livre de contes). C'était le tertre, velouté par un rai de soleil et inaccessible aux pas minuscules, au-delà duquel devait s'étendre le pré sans pareil, la clairière de Brocéliande. C'était la grille toujours close, le boqueteau dont on ne franchissait pas l'orée, le mail interminable. C'était, pendant la promenade au crépuscule, la ruine d'un château vertigineux et statique dont les virages de la route modifiaient sans fin le profil. C'était la grotte, précisément, le présage de la mousse, le cours d'eau caché. C'était "la fin du parc"*

* Ecrit en français dans le texte.
Commenter  J’apprécie          264
Demander à un homme de ne jamais se distraire, de soustraire sans relâche sa capacité d’attention à l’équivoque de l’imagination, à la paresse de l’habitude et à l’hypnose des mœurs, c’est lui demander de réaliser sa forme majeure.
Commenter  J’apprécie          160
C'est le mystère du caractère - dû aux humeurs, aux étoiles, à l'héritage atavique d'un autre conte - qui conserve ses traits jusqu'à la fin et n'accède à la métamorphose qu'à travers la répétition des mêmes erreurs et la souffrance endurée devant des défaites identiques.
Commenter  J’apprécie          130
Les impardonnables

L'on voit parfois, dans un train ou une salle d'attente, un visage humain.Qu'y a-t-il en lui de différent? Là encore, il nous faudra parler par défaut, dire ce que ses traits ne trahissent point.Les yeux n'expriment ni méfiance ni requête. Ils ne sont ni distraits ni fureteurs.S'ils ne cèdent à aucun moment à l'absence, jamais ils ne se montrent tout à fait présents. De tels visages, que l'on découvre sans peine dans les tableaux des maîtres anciens, semblent de nos jours scellés par une invincible mélancolie. Pourtant, dans le train ou la salle d'attente, ils comblent l'âme de joie, d'un sentiment de vie plus intense, précisément. Aucun mot ne sera prononcé, mais le pur éclair du sourire est une fugue vers un lieu serein, vulnérable au point d'être inaccessible.

( p.116)
Commenter  J’apprécie          80
J’ai posé le pied en ce point de la vie au-delà duquel on ne peut plus aller en gardant l’intention de revenir
Commenter  J’apprécie          81
Un médecin

Pasternak avait reconnu en Tchekhov celui qui " inscrit l'homme dans un paysage de la même façon qu'un arbre ou un nuage" et qui saisit " la vie dans son sens le plus large, comme un unique et vaste tableau habité, avec ses symétries et ses dissymétries, ses proportions et ses disproportions ", sachant qu'elle est " le principe caché, le mystère de toute chose"

( p.242)
Commenter  J’apprécie          70
Si parfois j’écris c’est parce que certaines choses ne veulent pas se séparer de moi et que je ne veux pas non plus me séparer d’elles. Les écrire est l’acte par lequel, à travers la plume et la main, et comme par osmose, elles pénètrent en moi pour toujours.
Dans la joie, nous nous mouvons au cœur d’un élément qui se situe tout entier hors du temps et du réel, mais dont la présence est on ne peut plus réelle.
Incandescents, nous traversons les murs.
Commenter  J’apprécie          70
Les cerfs enfermés dans un parc, offerts hagards et pleins de grâce aux regards distraits, ne se demandant pas pourquoi avons-nous perdu la grande forêt et notre liberté, mais : pourquoi ne nous chasse-t-on plus ?
Une jeune main parfois les caresse : "Le roi Arthur est mort, expliquent aux cerfs les enfants et avec lui les chasses et les tournois, les duels prodigieux et les saintes réjouissances. Jamais plus un cerf ne sera poursuivi par les douze Cavaliers, jamais plus on ne ceindra son encolure d'une couronne d'or. Jamais plus il n'arrêtera une meute en faisant se lever entre ses bois la croix du Sauveur, ni son corps ne sera nourriture à la cène du Saint Graal. Désormais, plus rien ne menace votre harde - et voilà, c'est de nos mains que vous recevrez votre pâture."
Les cerfs inclinent la tête. De leurs cornes massives, ils heurtent à coups légers les grilles de l'enclos. Mais la nuit une douce fièvre les prend, ils brament, ils s'appellent. Ils entendent, ou croient entendre, le cor d'Arthur. "Il n'est pas mort, se disent-ils, il reviendra. Et de nouveau notre vie sera suspendue à la pointe d'une flèche."
Commenter  J’apprécie          60
L'énigme est toujours neuve et toujours nouvellement proposée ; elle n'est jamais résolue sinon à l'heure décisive, dans le geste pur : définitivement affranchi de toute expérience indigente et nourri jour après jour de vision et de silence.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (147) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Grandes oeuvres littéraires italiennes

    Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

    Si c'est un homme
    Le mépris
    Le désert des Tartares
    Six personnages en quête d'auteur
    La peau
    Le prince
    Gomorra
    La divine comédie
    Décaméron
    Le Nom de la rose

    10 questions
    824 lecteurs ont répondu
    Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}