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Margherita Pieracci Harwell (Auteur de la postface, du colophon, etc.)Monique Baccelli (Traducteur)
EAN : 9782070734504
448 pages
Gallimard (09/02/2006)
4.4/5   5 notes
Résumé :

A l'automne 1952, Margherita Pieracci - la Mita à qui sont adressées ces lettres - entre pour la première fois en contact avec Vittoria Guerrini qui adoptera plus tard, entre autres pseudonymes, celui de Cristina Campo. Mita a vingt-deux ans, Vittoria est de sept ans son aînée. Toutes deux ont été profondément marquées par la lecture de Simone Weil et c'est sous le signe de cette admiration commune que naî... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
8 mai 1972




Ma chérie,

ce mystère du silence entre nous, je ne me l’explique pas et ne me l’expliquerai jamais… Je ne compte plus les fois où j’ai commencé de vous écrire ; où je vous ai écrit mentalement de très longues lettres, complètes jusqu’aux dernières virgules. Il y a quelque chose de plus fort que nous, que nous devons accepter, je crois — s’il est vrai que ce n’est qu’en acceptant quelque chose qu’on peut le modifier. Et tout cela doit être modifié.
Il arrive parfois que la force de l’imagination parvienne à me convaincre que je vous ai vraiment écrit. Comme pour ces fêtes de Pâques. Alors que d’après votre dernière lettre il est clair que je ne vous ai pas écrit. Que vous dire maintenant, chérie ? Votre lettre me serre le cœur. Je ne vois qu’un mot : abandon. « Le sentiment de ne pas arriver à tenir les choses dans la main » — est vraiment un sentiment terrible ; mais peut-être est-il possible qu’il le soit moins si nous nous rappelons que les choses sont toujours entre d’autres mains, que les plans se font toujours ailleurs. « Moi je ne connais pas le chemin, mais toi tu le connais » est le seul raisonnement possible quand on marche dans le noir. Il y a un mois ma chatte Paki-Paki a eu quatre chatons ; et moi je voudrais apprendre d’eux le merveilleux abandon avec lequel, petits, désarmés, incapables de tout, ils se laissent prendre par moi, soulever dans de terribles déserts (la cuisine ou la terrasse), manipuler de cent façons… C’est le secret de leur force et aussi de ma tendresse — comment ne pas les traiter avec d’immenses égards. Peut-être cette aveugle, cette téméraire confiance nous est-elle demandée à nous tous.
Je vous dis cela parce que moi aussi j’en ai besoin, peut-être plus que vous en ce moment. Je vous ai parlé, il y a environ un an, d’épreuves angoissantes. Elles ne sont pas finies, loin de là. Et certaines fois — comme en ce moment — je meurs littéralement de peur, tel un petit chat brusquement soulevé sur une très haute épaule. Que faire ? Rien. Celui qui me soulève ainsi sait ce qu’il fait. Donc le laisser faire… C’est immensément difficile, mais c’est la seule chose qui ait un sens. […]
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Vidéo de Cristina Campo
« Cristina Campo, pseudonyme de Vittoria Guerrini (1923-1977), déclarait elle-même qu'elle avait peu écrit mais qu'elle eût aimé avoir encore moins écrit. Prise entre la fascination du silence et celle de l'expression […], elle ne pouvait proférer que des paroles exactes et rares. […] Ses réticences, autant que la brièveté de sa vie, expliquent et justifient l'économie de l'oeuvre : quelques poèmes dispersés dans des revues, deux petits textes en prose publiés de son vivant, puis une oeuvre posthume au titre énigmatique, Les impardonnables, qui rassemble des articles écrits entre 1962 et 1972. le tout tient dans un volume de taille moyenne, mais un volume qui peut se permettre d'être unique. À son propos la critique italienne a parlé de «fleur indéfinissable et inclassable». […] […] En lisant les étranges poèmes de Cristina Campo, très peu nombreux, si denses, tellement clos sur eux-mêmes qu'on les pénètre par autre chose que par la raison, on comprendra que leur auteur définisse la pure poésie, « grand sphinx au visage illuminé», comme hiéroglyphe et beauté, inséparables et indépendants. […] le lecteur se trouve en face de germes de réponses, proposées, jamais imposées, à la vaste question que pose le Livre unique de Cristina Campo : « Comment prendre le monde? » Jeune femme au corps fragile (malformation cardiaque), moitié-sainte moitié-poète, elle tente avec toute la force de son esprit d'introduire dans le concert assourdissant de notre monde le son de la flûte, sa propre voix […]. » (Monique Baccelli)
« Un poète qui prêterait à toute chose visible ou invisible une égale attention, pareil à l'entomologiste qui s'ingénie à formuler avec précision le bleu inexprimable d'une aile de libellule, ce poète-là serait le poète absolu. » (Cristina Campo, Les impardonnables)
0:00 - 1er poème 0:49 - 2e poème 1:49 - 3e poème 2:11 - Sindbad 3:01 - Été indien 3:52 - le Tigre Absence 4:22 - Générique
Référence bibliographique : Cristina Campo, le tigre absence, Éditions Arfuyen, 1996
Image d'illustration : http://outsidersweb.it/2018/03/14/un-reading-elena-stancanelli-ricordare-cristina-campo/cristina-campo-4/
Bande sonore originale : Dream Machine - Digression Digression by Dream Machine is licensed under a CC-By license.
Site : https://icones8.fr/music/search/digression
#CristinaCampo #LeTigreAbsence #PoésieItalienne
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