AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070212194
256 pages
Gallimard (03/05/1962)
4.35/5   86 notes
Résumé :
Il s'agit d'abord de se taire ? de supprimer le public et de savoir se juger. D'équilibrer une attentive culture du corps avec une attentive conscience de vivre. D'abandonner toute prétention et de s'attacher à un double travail de libération ? à l'égard de l'argent et à l'égard de ses propres vanités et de ses lâchetés. Vivre en règle. Deux ans ne sont pas de trop dans une vie pour réfléchir sur un seul point. Il faut liquider tous les états antérieurs et mettre to... >Voir plus
Que lire après Carnets 01 - (mai 1935-février 1942)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'aime passionnément, follement depuis toujours les livres, la lecture... et la littérature. Dès que je faiblis dangereusement, j'ai mon "auteur thérapeute" privilégié, Albert Camus.
Le choc de lecture...qui a sûrement changé ma vie de lecteur et ma vie, en général a été la découverte de la "Peste",à 15 ans, en seconde; roman philosophique pour lequel , en dépit de ma timidité de l'époque, j'ai présenté un exposé dytirambique devant mes camarades !!

L'admiration pour cet autodidacte, écrivain-philosophe, humaniste, aux talents multiples, ne m'a jamais quittée !
Cet homme a été une véritable météroite...dans le paysage intellectuel, qui continue à irradier.
Camus reste une vrai "flambeau personnel": à la fois, le désespoir, le questionnement existentiel, et un amour effréné de la vie et des autres.

Des passages plus ingrats où Camus transcrit ses notes, ses idées pour ses textes futurs. Au demeurant, passages fastidieux mais , si on les lit plus attentivement, cela donne des indications précieuses sur l'évolution de l'écriture d'un texte, le mûrissement d'une oeuvre.

Toutes aussi précieuses les notes écrites au moment de la guerre.

"Novembre 1939
Avec quoi on fait la guerre :
1) avec ce que tout le monde connaît
2) avec le désespoir de ceux qui ne veulent pas la faire
3) avec l'amour-propre de ceux que rien ne force à partir et qui partent pour ne pas être
seuls
4) avec la faim de ceux qui s'engagent parce qu'ils n'ont plus de situation
5) avec beaucoup de sentiments nobles tels que:
a) la solidarité dans la souffrance
b) le mépris qui ne veut pas s'exprimer
c) l'absence de haine
Tout cela est bassement utilisé et tout cela conduit à la mort. (p. 177)

Je vais poursuivre la lecture de ces carnets qui comportent trois volumes, au total.Carnets très denses apportant des éléments bien précieux pour connaître encore mieux cet écrivain qui reste dans "mon Panthéon personnel" dans les toutes premières places !!

"Je n'ai qu'une chose à dire, à bien voir. C'est dans cette vie de pauvreté, parmi ces gens humbles ou vaniteux, que j'ai le plus sûrement touché ce qui me paraît le sens vrai de la vie. Les oeuvres d'art n'y suffiront jamais.
L'art n'est pas tout pour moi. Que du moins ce soit un moyen.
(...)
Je crois que le monde des pauvres est un des rares, sinon le seul qui soit replié sur lui-même, qui soit une île dans la société. A peu de frais, on peut y jouer les Robinson." (p. 16)
Commenter  J’apprécie          442
Publiés sous le nom de Carnets cet ouvrage reprend les premiers cahiers de Camus.
Personnellement je m'y réfère très souvent, pour mieux comprendre l'oeuvre camusienne, pour rechercher avec plus d'assiduité la corrélation entre les notes de ces carnets et un fait concernant sa vie privée ou publique, ses déplacements, ses correspondances...
Commenter  J’apprécie          410
Les Carnets de Camus, expression d'éditeur quand l'auteur lui-même parlait de ses cahiers. Des pensées couchées sur le papier, sans cohérence de l'une à l'autre, pour un avenir indéterminé : prémices de futurs ouvrages ou simple besoin de matérialisation de réflexions faites à soi-même, mais surement pas édition en l'état. le Prix Nobel de littérature 1957 aurait pu le prendre pour de l'impudeur, voire la profanation de son intimité. Mais a contrario se serait-il peut-être aussi plu à ce surcroît de sincérité lancé à la face de la "désastreuse société intellectuelle" dont il déplorait l'immoralité ?

Les Carnets de Camus, en tout cas la mine d'un trésor inexploité par son auteur puisque le destin a choisi de mettre un terme, à 47 ans, à l'oeuvre de l'humaniste épris de justice sur la route dans la région de Fontainebleau.

Des carnets qui nous permettent en tout cas de mieux connaître la pensée du philosophe "solitaire et solidaire".

Commenter  J’apprécie          240
Un ouvrage étonnant mais intéressant. Un recueil de "post it" pour utiliser un terme contemporain. En effet ces carnets ne constituent pas un récit à l'enchaînement structuré basé sur une logique unique mais une succession de pensées fugaces d'Albert CAMUS associées ou non à des références d'auteur qui, le devine-t-on, alimentent sa pensée au cours de la rédaction de certains de ses ouvrages. le mode d'expression choisi tranche même avec le style habituel de l'auteur. Tout comme le ton avec lequel CAMUS s'adresse à lui même avec toute la sincérité qu'on lui connaît. Autant de points évoqués que de repères pour lui, que nous, lecteurs, agréons ou non. Et j'en retiens un passage "Deux ans ne sont pas trop dans une vie pour réfléchir sur un point. Il faut liquider tous les états antérieurs et mettre toute sa force à ne rien désapprendre, ensuite à patiemment apprendre". Cette citation pour moi montre toute la sagesse mais aussi l'honnêteté de la pensée non figée et non dogmatique d'Albert CAMUS.
Commenter  J’apprécie          40
A lire à petites doses ,comme une conversation murmurée avec un vieil ami .Et quel ami ! Lucidité, sagesse,profondeur et surtout,surtout ,humanité . On voit la pensée s'élaborer ,le style s'affiner … Comme il l'écrit : « …Laissez-moi découper cette minute dans l'étoffe du temps ,comme d'autres laissent une fleur entre les pages »
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (140) Voir plus Ajouter une citation
  
Mars 37
Journée traversée de nuages et de soleil. Un froid pailleté de jaune. Je devrais faire un cahier du temps de chaque jour. Ce beau soleil transparent d’hier, la baie tremblante de lumière — comme une lèvre humide. Et j’ai travaillé tout le jour.
  

  
Jeudi 9 sept. 37
Pise et ses hommes couchés devant le Duomo. Le Campo Santo, ses lignes droites, des cyprès aux quatre coins. On comprend les querelles du XVe et du XVIe siècle. Chaque ville compte ici avec son visage et sa vérité profonde.
Il n’y a pas d’autre vie que celle dont mes pas rythmaient la solitude le long de l’Arno. Celle aussi qui m’agitait dans le train qui descendait sur Florence. Ces visages de femmes si graves, qu’un rire emportait soudain.
...
À Pise, longue heure à paresser sur l’herbe de la Piazza del Duomo. J’ai bu aux fontaines et l’eau était un peu tiède, mais si fluide. En descendant sur Florence, je me suis attardé sur des visages, j’ai bu des sourires. Suis-je heureux ou malheureux ? La question a peu d’importance. Je vis avec un tel emportement.
Des choses, des êtres m’attendent et sans doute je les attends aussi et les désire de toute ma force et ma tristesse. Mais ici je gagne ma vie à force de silence et de secret. Le miracle de n’avoir pas à parler de soi.
  
*
  
Florence. Au coin de chaque église, des étalages de fleurs, grasses et brillantes, perlées d’eau, naïves.
  
*
  
Mostra Giottesca. Il faut du temps pour s’apercevoir que les visages des primitifs florentins sont ceux qu’on rencontre tous les jours dans la rue. C’est que nous avons perdu l’habitude de voir l’essentiel d’un visage. Nous ne regardons plus nos contemporains, ne prenant d’eux que ce qui sert à notre orientation (dans tous les sens). Les primitifs ne déforment pas, ils « réalisent ».
  
  
[Cahier I, Mai 1935 – septembre 1937]
Commenter  J’apprécie          130
mai 1935

Je n'ai qu'une chose à dire, à bien voir. C'est dans cette vie de pauvreté, parmi ces gens humbles ou vaniteux, que j'ai le plus sûrement touché ce qui me paraît le sens vrai de la vie. Les œuvres d'art n'y suffiront jamais. L'art n'est pas tout pour moi. Que du moins ce soit un moyen.
(...)
Je crois que le monde des pauvres est un des rares, sinon le seul qui soit replié sur lui-même, qui soit une île dans la société. A peu de frais, on peut y jouer les Robinson. (p. 16)
Commenter  J’apprécie          270
Janvier-février 1942

Le français a gardé l'habitude et les traditions de la révolution. Il ne lui manque que l'estomac: il est devenu fonctionnaire, petit bourgeois et midinette. Le coup de génie est d'en avoir fait un révolutionnaire légal. Il conspire avec l'autorisation officielle. Il refait le monde sans lever le cul de son fauteuil. (p,13)
Commenter  J’apprécie          250
J'ai toujours pensé que l'amour, que n'importe quel sentiment finissait toujours par ressembler à ce qu'il était à la seconde même de sa naissance. Et ce que j'ai éprouvé devant toi c'est l'amour sans la possession, le don du coeur. La possession s'y est ajoutée et elle a une dimension mais pas sensuelle ..
C'est là que peut-être nous pourrions retrouver une sorte d'alliance, un mariage connu de nous seuls, un engagement, un pacte.
Carnets III mars 1951 -décembre 1959


.. Pas sensuelle, comme l'enfant peut-être alors ..
Il n'y eut pas de carnet IV qui pût nous gratifier encore de ses fulgurances, puisque le sort en a voulu autrement, de manière tellement bête qu'il s'est joué sur un concours de circonstances des plus malheureux qui soient. Enfant oui certainement, sa mère put ainsi le lire alors ; où allèrent se nicher ses espérances, pour le monde de demain ou le monde d'hier. Dans les débris infâmes, on retrouva le manuscrit du premier tome : Le Premier homme, de ce qui devait être son gros pavé romanesque, sentiment d'inachevé ..dur à penser.
Commenter  J’apprécie          70
Pour une psychologie généreuse.

On aide plus un être en lui donnant de lui-même une image favorable qu'en le mettant sans cesse en face de ses défauts.
Chaque être normalement s'efforce de ressembler à sa meilleure image. Peut s'étendre à la pédagogie, à l'histoire, à la philosophie, à la politique.

Nous sommes par exemple le résultat de vingt siècles d'imagerie chrétienne. Depuis 2 ooo ans, l'homme s'est vu présenter une image humiliée de
lui-même. Le résultat est là. Qui peut dire en tout cas ce que nous serions si ces vingt siècles avaient vu persbérer l'idéal antique avec sa belle figure humaine?

(Carnets II janvier 1942-mars 1951)
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Albert Camus (158) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Camus
Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 14h00 pour vous faire découvrir leurs passions du moment ! • Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici ! • • • Johnny Johnny de Frédéric Rossignol aux éditions Arléa https://www.lagriffenoire.com/johnny-johnny.html • le grand livre des coïncidences de Paul Kammerer, Raymond Clarinard aux éditions Aux Feuillantines https://www.lagriffenoire.com/le-grand-livre-des-coincidences.html • Réflexions sur la peine capitale de Arthur Koestler , Albert Camus aux éditions Folio https://www.lagriffenoire.com/reflexions-sur-la-peine-capitale.html • Gypsy, Mémoires: Les fabuleux souvenirs de la reine du strip-tease de Broadway de Rose louise Hovick et Vianney Aubert aux éditions Aux Feuillantines https://www.lagriffenoire.com/gypsy-memoires-les-fabuleux-souvenirs-de-la-reine-du-strip-tease-de-broadway.html • Prisonnière de B.-A. Paris aux éditions Hugo Thriller https://www.lagriffenoire.com/prisonniere-2.html • Chien Pourri au musée de Colas Gutman et Marc Boutavant aux éditions EDL https://www.lagriffenoire.com/chien-pourri-au-musee.html • L'affaire Madame de Emmanuelle Anizon aux éditions Studiofact https://www.lagriffenoire.com/l-affaire-madame-le-jour-ou-la-premiere-dame-est-devenue-un-homme-anatomie-d-une-fake-news.html • On m'appelle Demon Copperhead - Prix Pulitzer de Barbara Kingsolver et Martine Aubert aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/on-m-appelle-demon-copperhead.html • L'Arbre aux haricots de Barbara Kingsolver et Martine Aubert aux éditions Rivages Poche https://www.lagriffenoire.com/l-arbre-aux-haricots.html • Furie de Alex Michaelides aux éditions Calmann-Lévy https://www.lagriffenoire.com/furie-4.html • Dans son silence de Alex Michaelides aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/dans-son-silence.html • Chantons sous les larmes: Lettres à Jean-Pierre Marielle de Agathe Natanson aux éditions Seuil https://www.lagriffenoire.com/chantons-sous-les-larmes-lettres-a-jean-pierre-marielle.html • Avant de sombrer de Cyril Carrère aux éditions Folio Policier https://www.lagriffenoire.com/avant-de-sombrer-1.html • La Colère d'Izanagi de Cyril Carrère aux éditions Denoël https://www.lagriffenoire.com/la-colere-d-izanagi.html • Fantômes yokai de
+ Lire la suite
autres livres classés : carnetsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (308) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur l´Etranger par Albert Camus

L´Etranger s´ouvre sur cet incipit célèbre : "Aujourd´hui maman est morte...

Et je n´ai pas versé de larmes
Un testament sans héritage
Tant pis
Ou peut-être hier je ne sais pas

9 questions
4736 lecteurs ont répondu
Thème : L'étranger de Albert CamusCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..