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EAN : 9782846822022
256 pages
P.O.L. (14/06/2007)
5/5   2 notes
Résumé :
Le livre Commande Publique est lui-même une commande publique, en l’occurrence de la part de la même instance administrative qui depuis dix ans et plus attribue à plusieurs dizaines d’artistes français et étrangers la charge, pour chacun, d’assurer la présence de l’art dans chacune des stations de la ligne A puis de la ligne B du métro toulousain – certainement l’un des plus importants ensembles d’art contemporain dans l’espace public à travers le monde...
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà un livre inconnu et profondément intéressant. Il analyse et décrit de l'intérieur, avec finesse et clarté, dans une langue magnifique, la relation qui s'établit entre le pouvoir politique local et ce qu'on appelle aujourd'hui les "acteurs culturels", à savoir, en ce cas, les artistes qui furent chargés d'intervenir (comme on dit encore) dans les stations du métro toulousain, afin de porter l'art aux masses. Ceux que rebute l'art contemporain, et que le langage de ses acteurs et commentateurs agace, liront avec plaisir cet ouvrage. L'auteur tente d'analyser, en habitué, en amateur d'art contemporain, en esthète et en collectionneur, les différentes oeuvres d'art du métro de Toulouse. Il nous les donne à voir et les rend intelligibles, à la façon d'un Diderot ou d'un Baudelaire, dont les Salons répandaient au loin l'intelligence des oeuvres et les réflexions qu'elles font naître. Renaud Camus réfléchit aussi à l'ancrage sociologique, politique, idéologique de l'art contemporain, et fait plus qu'apprendre à regarder, il aide à penser.Il n'y a pas de plus claire représentation, ni de plus belle reformulation, de ce qu'il convient de taire ou de recouvrir de discours fallacieux aujourd'hui. Le désintérêt pour ce livre est à la mesure du caractère brûlant des questions qu'il pose.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’art, la ville, la rue, le métro, l’État, la région, la Région, les citoyens, les élus, les experts, les artistes, les œuvres, les “interventions”, les maîtres d’œuvre, les maîtres d’ouvrage, les usagers, les passagers, les -------- : commande publique.
D’emblée, une difficulté à nommer. Me revient qu’un des artistes candidats, dans le texte de son projet (1), écrivait merveilleusement, tout à fait sans le faire exprès, mais avec détermination et insistance : les usagés – l’orthographe n’était pas toujours le fort de ces messieurs “plasticiens” (et dames), et qui leur en voudrait ? Nombre d’entre eux, en revanche, affichaient une formidable maîtrise de la langue du jour, de la langue qu’il faut, du sabir administrativoidéologique que les autorités veulent entendre, qui ne suffit peut-être pas, à lui tout seul, à déclencher les commandes ou
les subventions mais qui y contribue très puissamment, qui est même indispensable, ou presque, à ce dessein : lien social, créer du lien, refléter la diversité, s’enrichir des différences, fabriquer du collectif, etc. La langue, donc, comme toujours : elle sait, elle voit, elle parle, elle révèle, elle cache – irradiante - celante, comme on dit du côté de Fribourg-en-Brisgau : la formule n’a pas été dépassée.
Usagers sent ses bureaux, vous a un parfum rond-de-cuir. Voyageurs est très noble et très beau, mais un peu beaucoup dire, tout de même, quoique que ç’ait été longtemps le terme institué, je crois bien, ne serait-ce qu’à la RATP. J’ai pour ma part un faible pour passagers.
Élus n’est pas de bon usage : participe passé substantivé, ce qui n’est jamais une recommandation, et celui-là n’a pas reçu le sceau de la littérature, du moins en cette acception-là. Homme politique prête le flanc à des reproches de sexisme et, plus sérieusement, d’inexactitude. Édiles nous ferait passer pour plaisant, archaïque et fleuri. Représentants du peuple est très décoratif, certes, mais en l’occurrence risquerait parfois de paraître un peu grand, lui aussi.
Même citoyens, c’est triste à reconnaître, a pris avec le temps, je veux dire avec le présent, avec trop de présence un peu trop appliquée, un on ne sait quoi de suspect, de complaisant, de racoleur, de fripé, aggravé par l’homonymie avec l’adjectif frère, encore bien plus compromis, compromettant : réflexe citoyen, attitude citoyenne, usager qui est aussi et d’abord un citoyen, artiste en tant que citoyen – il me semble avoir vu passer contribuable, en ce contexte.
Sait-on à ce propos que parmi les innombrables documents réclamés aux artistes qui postulent à la commande publique figure une attestation selon laquelle ils sont bien en règle avec le fisc et même, si je ne me trompe, n’ont pas eu maille à partir avec lui ?

(1) 1. Ce livre a pour origine l’installation d'oeuvres d’art contemporain dans chacune des stations des lignes A et B du métro de Toulouse et des communes voisines.
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En revanche, sans discours adéquats, sans termes appropriés pour s'en faire une opinion, il n'est pas sûr qu'on remarque "l'intervention" de Felice Varini à la station Jean-Jaurès ou celle de Bernard Gerboud à la station Marengo, et qu'on les reconnaisse comme un geste artistique. En de certains cas, même, non seulement il est nécessaire de posséder la maîtrise d'un discours approprié sur l'art contemporain en général, pour appréhender une pièce particulière, il faut aussi savoir tout ce qu'il y a à savoir sur l'artiste qui en est l'auteur et même, bien souvent, sur cette oeuvre elle-même. Sans langage qui la dise, pas d'oeuvre. Or il me semble qu'il n'est pas sans exemple, loin de là, que cet indispensable langage préalable ne se contente pas de dire l'oeuvre, mais qu'il la soit. Il est le fil d'or dont sont tissés les beaux habits neufs du roi.

p. 102-103
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La rapidité d'usure est sans aucun doute possible l'un des traits distinctifs, et pas l'un des plus favorables, de la modernité. Il va sans dire que la modernité artistique n'est pas ici seule concernée - elle, du moins, a la ressource de faire de nécessité vertu, s'il lui plaît, et de poser en principe, ainsi qu'elle s'y autorise quelquefois, que non seulement elle n'est pas destinée à durer mais qu'elle n'y aspire pas ... Quelles que soient les raisons économiques et pratiques ... de la fragilité de tout ce qui nous entoure et dont nous nous servons, on peut se demander si cette fragilité ne trahit pas, de la part de l'espèce, la nôtre, les doutes les plus sérieux, conscients ou inconscients, sur son avenir ...

pp. 136-140
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Vidéo de Renaud Camus
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Maison des Mines 270 rue St Jacques 75005 Paris
Tarifs : Billet classique : 10€ Billet classique + La Dépossession : 41€
Billet -26 ans : 7€ Billet -26 ans + La Dépossession : 39€
Billeterie : https://my.weezevent.com/conference-dedicace-renaud-camus-a-paris
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