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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Envers et l 'endroit" , est un ensemble d 'essais écrits par Albert Camus en 1935 et 1936 .A l 'époque le philosophe était âgé de vint-deux-ans .Ce livre contient ce que l 'écrivain a écrit de meilleur .On y trouve tous les thèmes majeurs de l 'oeuvre de Camus .
Dans la préface ,Camus affirma :"Une oeuvre d 'homme n 'est rien d 'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l 'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur une première fois s 'est ouvert ".Il évoqua sa mère ,son enfance ,"le monde de pauvreté et de lumière",où il a vécu :"Pour corriger une indifférence naturelle ,je fus placé à mi-distance de la misère et du soleil .La misère m 'empêcha de croire que
tout est bien sous le soleil et dans l 'Histoire ;le soleil m 'apprit que l 'Histoire n 'est pas tout ".
Dans le cours de l 'essai , il développa les thèmes majeurs de son oeuvre future : la lucidité face à l 'absurdité du monde ,le scandale de la mort , le déchirement de la conscience ,explicitant ainsi un titre alternatif qui annonçait déjà celui ,en forme de dilemme fondamental ,de l 'Exil et le royaume (...) Je tiens au monde par tous mes gestes , aux hommes par ma pitié et ma reconnaissance .Entre cet endroit et cet envers du monde,je n 'aime pas qu 'on choisisse ".Le grand courage ,c 'est encore de tenir les yeux ouverts sur la lumière comme sur la mort ".
Présentation d ' André Dumas .





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En ouverture de ses « Carnets », Albert Camus écrit : « l'oeuvre est un aveu, il me faut témoigner. » (Carnets I, mai 1935, La Pléiade, 795).

Dans la préface de l'édition de L'Envers et l'endroit publiée en 1958, Camus fait état de la forme maladroite de son essai, puis dit encore ceci :
« La question de sa valeur littéraire étant réglée, je puis avouer, en effet, que la valeur de témoignage de ce petit livre est, pour moi, considérable. Je dis bien pour moi, car c'est devant moi qu'il témoigne, c'est de moi qu'il exige une fidélité dont je suis seul à connaître la profondeur et les difficultés. Je voudrais essayer de dire pourquoi. »

Je renvoie les lecteurs de l'essai aux très intéressantes critiques déjà publiées sur Babelio, celle de Kielosa en particulier, qui expose assez largement le contenu des cinq chapitres, car j'aimerais pour ma part dire quelques mots à propos de ce « pourquoi ».

La première des raisons pour laquelle cet essai, écrit par un jeune homme de vingt-deux ans, a valeur de témoignage pour Camus, réside dans son caractère d'authentique sincérité. Au philosophe Brice Parain, son aîné, qui prétendait que ce petit livre contenait ce que Camus avait écrit de meilleur, ce denier répond ceci : « Non, il se trompe parce qu'à vingt-deux ans, sauf génie, on sait à peine écrire. Mais je comprends ce que Parain [...] veut dire. Il veut dire, et il a raison, qu'il y a plus de véritable amour dans ces pages maladroites que dans toutes celles qui ont suivi. »

L'autre raison majeure est que pour Camus la source de toute son oeuvre est dans L'Envers et l'Endroit. Cette source, il faut la chercher dans l'enfance même de l'auteur. Malgré la pauvreté, une mère silencieuse, un père disparu dans les premiers mois de sa vie, c'est le sentiment de chaleur et de richesse qui domine. Ce fut un « monde de pauvreté et de lumière », écrit-il, dont le souvenir le préserve encore des dangers qui menacent tout artiste : « le ressentiment et la satisfaction ».
Prémuni des satisfactions vaniteuses liées au métier d'écrivain, il se souvient que les moments de contentement furent toujours pour lui ceux où l'intelligence et l'imagination s'unissaient dans la conception d'une oeuvre, la suite n'étant qu'une « longue peine ».

C'est dans cette vie de pauvreté qu'il a le plus sûrement acquis le véritable sens de la vie, et c'est à partir de celle-ci que Camus, dès cet essai, témoigne de son temps et de la condition humaine. Quant à la lumière, il n'est pas indifférent de prendre le mot au sens figuré, mais il s'agit surtout de la bonne, belle et heureuse lumière de ce pays d'enfance que fut l'Algérie : « en Afrique, la mer et le soleil ne coûtent rien ».
«...je fus placé à mi-distance de la misère et du soleil » écrit-il « La misère m'empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans l'histoire ; le soleil m'apprit que l'histoire n'est pas tout. »

Sur la vie elle-même, il n'hésite pas à écrire qu'il n'en sait pas plus que ce qui est dit dans L'Envers et l'Endroit, et se rend compte à quel point son intuition première qui lui faisait dire « Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre », était vraie.

Enfin, posant son regard bienveillant sur cette première oeuvre maladroite (c'est Camus qui le dit, ce n'est pas moi, car je puis dire que j'y ai trouvé des pages admirables), et se projetant dans son oeuvre à venir, dont il continue de penser au moment de la rédaction de cette préface qu'elle n'est pas commencée, son rêve, écrit-il, est que cette dernière ressemble à L'envers et l'endroit, que celle-ci mette au centre « l'admirable silence d'une mère et l'effort d'un homme pour retrouver une justice ou un amour qui équilibre ce silence. »

Je laisse à présent les lecteurs découvrir cette oeuvre fondatrice. J'avais souvenir d'une lointaine première lecture. Cette deuxième lecture m'a permis de constater à nouveau combien cette oeuvre est riche en elle-même et fondamentale pour notre connaissance de l'oeuvre de Camus, et ô combien elle est une extraordinaire leçon d'humilité.
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Le 23 juin (2018), à Lourmarin, Les Rencontres Méditerranéennes Albert Camus nous invitent à une conférence donnée par Franck Planeille « La mort dans l'âme » ( il a, entre autre, établi, présenté et annoté l'édition de la correspondance Camus-Char, proposé une étude de l'Etranger chez Bordas…) Pour moi, cette re (re…)lecture de cet essai regroupant cinq textes , publié en 1937 chez Charlot, le fondateur des Vraies Richesses, s'imposait pour me sustenter avec plus de force de ce que révèlera Franck. Composition de jeunesse qui, même si elle est présentée, par certains, comme d'inégale valeur au regard de l'intégralité de son oeuvre, rédigée avec une certaine impulsivité, porte le sceau de sa personnalité, reflète avec force et ferveur sa pensée, sa sensibilité, ses prises de position, son lyrisme, la lucidité, ses thèmes de prédilection … « Je sais que ma source est dans l'Envers et l'Endroit » précisait Camus en 1958...
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L'essence de l'oeuvre d'un des plus grands penseurs du XXe siècle se retrouve condensée ici dans ces récits courts, entre fiction et réflexions personnelles, dont le caractère autobiographique sous-jacent paraît néanmoins hésiter à émerger et à s'assumer franchement en tant que tel.
Tout premiers «essais maladroits», dirait Camus, d'un jeune homme qui, à 22 ans, ne sait pas grand-chose sur la vie et le dit «avec gaucherie».

L'auteur, tout en reconnaissant l'importance fondamentale de ces textes, écrits entre 1935 et 1936, pour le développement de sa pensée et de son oeuvre philosophique postérieure, les avait tout de même toujours considérés comme étant inaboutis, affichant peu de «valeur littéraire».
Présentés tel quel dans la préface à la réimpression tardive de L'ENVERS ET L'ENDROIT, enfin consentie par Camus en 1958, on pourrait légitimement en ouvrant le recueil, s'attendre à se retrouver face à une oeuvre dont l'intérêt serait avant tout biographique et ontogénique.

Il ne s'agit pourtant pas, en tout cas de mon point de vue, d'un ouvrage mineur par rapport aux textes littéraires consacrés de l'écrivain. L'ENVERS ET L'ENDROIT me semble loin de correspondre à la sévérité du jugement
exprimé par l'auteur. Et puis, Camus ne rajoute-t-il pas plus loin:
«Dans le secret de mon coeur, je ne me sens d'humilité que devant les vies les plus pauvres ou les grandes aventures de l'esprit. Entre les deux se trouve aujourd'hui une société qui fait rire».

L'envers de son sentiment d'indifférence éprouvé face à l'admiration de la critique pour son oeuvre de la maturité, son «mauvais orgueil» peu sympathique devant les concessions requises pour «séduire l'adversaire» (on pensera ici surtout à sa célèbre rivalité avec Sartre), son «ingratitude» souvent pointée vis-à-vis des compliments et des prix reçus (« ce n'est pas cela..»), se seraient enfin trouvées pleinement expliquées et justifiées, nous confiera-t-il alors, «en relisant L'ENVERS ET L'ENDROIT après tant d'années ».
«C'est cela..!», s'était-il entendu exclamé, «une vieille femme, une mère silencieuse, la pauvreté, la lumière sur les oliviers d'Italie, l'amour solitaire et peuplé, tout ce qui témoigne, à mes propres yeux, de la vérité» (...) «deux ou trois images simples sur lesquelles le coeur une première fois s'est ouvert».

Quelle surprise, cependant, pour nous autres, ses lecteurs, la découverte ensuite de la beauté naturelle et sans fard de ces courts textes!
Récits certes d'une grande "simplicité" formelle mais en même temps d'une densité absolument renversante, surtout si l'on songe un instant à l'âge de l'auteur au moment de leur rédaction!

Présentant par moment, pourquoi pas, ce caractère «brut» particulier aux oeuvres de jeunesse, la qualité exquise de la plume de Camus, loin d'être maladroite, révèle déjà l'acuité, la sobriété, le lyrisme dépouillé de tout artifice, qui feraient la renommée ultérieure du style de l'écrivain. Touchante de sincérité et d'humanisme, dépourvue d'effets superflus de langage, parcourue de superbes tournures plus succinctes et elliptiques que nulle part ailleurs chez l'auteur, la prose du jeune Camus regorge de subtilités, de sens et de vérités à méditer sur la condition humaine.

Quelles prodigieuses intuitions ne recèlent ses raisonnements souvent en apparence paradoxaux et inusités !

Quelle profondeur de pensée dans ces propos à l'air pourtant si spontanés, en ces phrases agencées avec toute la fraîcheur syntaxique de son âge!

Tels, par exemple, les propos de cet homme revenu dans son pays revoir sa mère, dans une maison de son vieux quartier d'enfance, et qui se souvient :

« Lentes, paisibles et graves, ces heures reviennent, aussi fortes, aussi émouvantes – parce que c'est le soir, que l'heure est triste et qu'il y a une sorte de désir vague dans le ciel sans lumière. Chaque geste retrouvé me révèle à moi-même. On m'a dit un jour : «C'est difficile de vivre». Une autre fois, quelqu'un a murmuré : «La pire erreur, c'est encore de faire souffrir». Quand tout est fini, la soif de vivre est éteinte. Est-ce là ce qu'on appelle le bonheur ? En longeant ces souvenirs, nous revêtons tout du même vêtement discret et la mort nous apparaît comme une toile de fond aux tons vieillis. Nous revenons sur nous-mêmes. Nous sentons notre détresse et nous en aimons mieux. Oui, c'est peut-être cela le bonheur, le sentiment apitoyé de notre malheur.»

Entre « simplicité» dépouillée et « grande aventure de l'esprit » précisément, pour reprendre les mots dont se servait Camus pour parler des seules choses qui, d'après lui, seraient dignes d'admiration chez un écrivain : voilà qui pourrait à mon avis bien résumer et situer ces magnifiques textes de jeunesse de l'auteur.

L'éclat de sa pensée originale y est omniprésent, on assiste pour ainsi dire à sa naissance, et l'on ne peut que s'attendrir face à la nudité naturelle et à l'innocence de ses premières abstractions.

Faites à la fois d'ombre et désespérance, une lumière éclatante, méditerranéenne en rejaillit néanmoins à tout moment, insistante, suffisante en soi à justifier le bonheur d'être vivant: le revers de la médaille, dit-on.

L'endroit du désespoir de vivre, retourné ici en amour de vivre. L'intervalle entre le non et le oui, entre le dégout et l'espérance, entre l'ironie et le don de soi, momentanément effacés, suspendus pour nous au-dessus de cet océan d'angoisse face à l'inhumain qui menace de nous engloutir dès qu'on ouvre les yeux.

Le retour possible à la simplicité, à cette «grâce sans prix» qui n'est jamais aussi manifeste que dans la pauvreté où, inexplicablement, elle se révèle si volontiers, ce qui semble littéralement fasciner le jeune Camus.

La lumière de la pensée se détachant du nuage noir qui persiste à voiler notre regard, révélant soudain à nos yeux l'envers des choses, parce que cette émotion-là nous délivre et nous rend présent «notre royaume en ce monde » (Camus s'amuse ici à détourner les célèbres paroles de Jésus : «Mon royaume n'est pas de ce monde»).

Les cinq récits courts qui composent L'ENVERS ET L'ENDROIT ont pour titre : «L'ironie» , «Entre oui et non», «La mort dans l'âme», «Amour de vivre» et «L'envers et l'endroit».
Titres emblématiques s'il en est, de la pensée philosophique qui sera développée ultérieurement par Camus, centrée sur le désespoir et l'absurde de l'existence, sur la révolte aussi et le don de soi nécessaires pour y faire face.
Cinq «essais» mettant en scène des histoires banales, de tous les jours, vécues par des gens de peu, histoires d'exil intérieur et de retour au bercail, du temps qui passe et de l'âge vieillissant, de la froidure du nord et de la chaleur méditerranéenne…

Une vielle femme qu'on avait laissée à la fenêtre regardant de jeunes gens indifférents partir au cinéma, avant d'éteindre la lumière et rester dans le noir comme à chaque fois qu'elle se retrouve seule; un vieil homme qui lui, ne supporte pas la solitude des vieux et rechigne à rentrer chez lui à l'heure du dîner; les souvenirs liés à une enfance pauvre quand on descendait les chaises devant la maison pour gouter le soir, ce plaisir qu'on n'a jamais retrouvé par ailleurs; un retour d'exil, et à l'amour, seule possibilité de rédemption qui s'offre à l'homme; une mère silencieuse que l'on revoit après une absence prolongée; les repères que l'on perd parfois en voyage à l'étranger, la peur mais aussi l'ivresse de vouloir mettre «le monde entre nos mains»…

Combien d'heures vive-t-on vraiment au cours de toute une existence? Combien de victimes nécessaires à un instant bref de bonheur égocentrique? «La vocation de l'homme est d'être égoïste, c'est-à-dire désespéré».
Le jeune Camus semble avoir déjà tout compris. L'amour de la vie ne peut être dissocié de ce désespoir secret.

L'ironie et l'absurdité qu'un regard lucide pourrait nous faire voir au fond des choses, conclut-il, du haut de ses vingt ans, ne devrait pas pour autant nous priver de la liberté de pouvoir choisir de «vivre comme si…» :
«Les hommes et leur absurdité ? Mais voici le sourire du ciel. La lumière gonfle et c'est bientôt l'été ? Mais voici les yeux et la voix de ceux qu'il faut aimer. Je tiens au monde par tous mes gestes, aux hommes par toute ma pitié et ma reconnaissance.»

Choix qu'il résumerait si bien, quelques années plus tard, dans un formule devenue depuis emblématique de sa pensée et de son oeuvre: «aimer les hommes avant les idées».


...
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Lu dans l'édition de la Pléiade, publiée sous la direction de Jacqueline Lévi-Valensi, en 2006.

Dans ce recueil, publié en 1937, Camus inaugure une manière qui lui sera beaucoup reprochée: il philosophe par des récits, de courtes nouvelles, des impressions de voyage. Voilà qui n'est pas très sérieux!
Et pourtant.
Camus capte comme personne une certaine attitude face au monde, à la vie, à la mort. Un sens de l'éphémère, qui donne tout son prix aux instants vécus. Une lucidité sans cesse cultivée. Un refus du faux-semblant pour lui-même, et le traquant si bien chez les autres. Une attention à la misère, à la solitude et à l'infirmité, pour lesquelles il n'y a pas de consolation à attendre. Il n'y a qu'à vivre ce qu'il y a à vivre.
Mais il n'est pas compris. Dans la lettre à Jean de Maisonseul, il constate qu'on ne voit dans ses écrits qu'amertume et pessimisme. Mais leur contrepartie c'est "le goût que je trouve à la vie" ou "l'ambition de vivre" de ce jeune homme génial. Sa façon d'être et de penser ont eu un écho considérable, et aujourd'hui encore je reste très sensible à cette lucidité sans concession doublée d'une grande générosité.


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Cinq nouvelles de jeunesse, et pourtant, déjà tellement belles et intenses. Une sorte de miroir de Noces.
Camus lui-même, dans la préface, le dit avec beaucoup de recul: "si j'ai beaucoup marché depuis l'Envers et l'Endroit, je n'ai pas beaucoup avancé". Une oeuvre fondatrice à ne pas manquer pour aborder les thèmes camusiens: l'absurde, l'ironie, le rapatriement, le désespoir et la révolte. C'est intime, courageux, et profondément touchant.
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J'aime Camus parce qu'il nous met à nus face à nous meme ,il y parle magnifiquement de la mort de l'exil du mal du pays de l 'amour et surtout de l'absurde.Les quatre histoires sont belle autobiographique souvent(Les souvenirs de l'Algérie de sa grand-mère de sa mère aussi).C est beau tout simplement, émouvant aussi et ça fait réfléchir.
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C'est au cours d'une soirée mémorable autour du livre Camus, L'espoir du monde, qui vient de paraître, et de son auteur Mona Azzam que cette dernière évoqua L'envers et l'endroit. Ce livre de Camus alors inconnu à mes yeux, ne le resta pas plus longtemps et je m'y plongeai dès le lendemain. Ecrit en 1935, ce premier livre de Camus fut publié en petit nombre un an plus tard et vite épuisé demeura dès lors introuvable. Il aurait échappé à notre connaissance si Camus n'avait pas fini par accepter sa réimpression vingt ans plus tard. Il s'en explique avec une grande humilité dans une magnifique préface qui à elle seule fait comprendre tout ce que Camus est en vérité.

Étonnant également l'écrit du jeune Camus de 22 ans qui parle de la vieillesse et de la mort avec un recul que seules les années et l'expérience pourraient apporter avec justesse. Après les remarquables portraits de vieillards, viennent des pages émouvantes sur sa mère et l'Algérie. Souvenirs d'enfance. Puis une pérégrination : Prague, l'Italie, l'Espagne, les Baléares. le livre se termine par un étrange portrait de femme ”prise d'un véritable amour pour son tombeau”.

Des récits qui oscillent entre angoisse et bonheur, pauvreté et lumière, noirceur et beauté, solitude et fraternité, mort et vie, désespoir et espoir. Ce jeune Camus de vingt deux ans révèle une sensibilité d'artiste hors pair, où tous les sens sont en éveil. Il fait preuve d'une extraordinaire acuité du regard sur le monde qui l'entoure, sans complaisance mais avec amour. Un monde fait de beaucoup d'injustices mais où le soleil et les étoiles brillent malgré tout. Il y a là dans ce livre une simplicité, une sincérité, une poésie et une humanité touchantes. Toutes les prémices de l'oeuvre de Camus s'y trouvent.
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Ce recueil nous offre en lecture les premières nouvelles éditées de Camus. Ces nouvelles sont magnifiques et maladroites, Camus le disait lui-même. C'est surtout très fort ; en particulier la dernière nouvelle sur le voyage, la recherche du bonheur. Beaucoup d'émotion à lire ce livre, à relire certainement, comme tout Camus. Je suis impressionnée car le merveilleux écrivain, malgré ses maladresses, est déjà là dans ces pages.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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Émouvants ces essais d'Albert Camus écrits à 22 ans. L'écriture est très fluide on le suit sans difficulté et on est pris de tristesse quant on imagine les écrits qu'il aurait pu encore nous laisser…

injustice de la vie… il ne croyait pas si bien dire…
un homme qui doutait, qui voulait être au plus près de la vérité… il parle davantage de la vie d'un artiste que d'un écrivain, effectivement il avait l'étoffe d'un artiste… livre que je relirai… c'est une certitude.

Ces essais sont le terreau de ses futurs écrits… On ressent l'énergie de sa jeunesse et cette passion de vivre qui l'animait… Camus 20 ans après juge que ces essais ont des maladresses… peut-être mais l'essentiel de ses futures oeuvres ne nous ont pas déçus.
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